Le conseil municipal du 11 décembre – le dernier de la mandature – fut consensuel selon les journaux. Il fut surtout un pré-lancement de la campagne électorale du maire sortant et futur candidat à sa succession. Il y eu nombre de glorifications de la politique suivie, pleine de succès et d’adhésion populaire : la réouverture du musée Bonnat-Helleu, la sécurité, la médiathèque, la bonne santé financière, etc. Ce qui n’alla pas sans accrochages avec quelques élu.e.s critiques. Mais également, au fil des délibérations, on a vu apparaître de potentielles futures annonces électorales. Et notamment un agrandissement du cinéma L’Atalante.
l’entrée de la rue des Graouillats depuis le quai
Une délibération portait sur l’achat par l’Etablissement Public Foncier Local (EPFL), pour le compte de la Ville, d’un immeuble situé 3 rue des Graouillats, dans le quartier Saint Esprit. « Graouillats » vient sans doute du Gascon, pour grenouilles. C’était orthographié « Graouillet » au moyen-âge, et l’existence de cette rue est attestée depuis le XVIIe siècle. C’est un quartier anciennement marécageux, et toujours sujet à inondation. La photo ci-après a été prise au petit matin du 11 févier 2024, à l’angle de la rue des Graouillats et du Quai Amiral Sala où se situe l’Atalante.
Le conseil municipal du 11 décembre est ici :
La discussion se situe entre 2h25 et 2h29. Alain Lacassagne présente la délibération sur l’achat de l’immeuble 3 rue des Graouillats et pointe la proximité avec l’Atalante pour justifier l’opération.
3 rue des Graouillats : immeuble vendu… à l’EPFL
Le maire insiste en faisant l’apologie de l’Atalante actuelle, qui manquerait, selon lui, d’une ou deux salles compte tenu de son succès. Il souligne les bas tarifs de l’Atalante, tout en manifestant son ignorance de ces tarifs, hésitant entre 4€, 4,5€ ou 5€ pour les abonnements. Et de faire honte à l’opposition qui avait osé critiquer le dépassement du coût des travaux pour le nouvel immeuble quai Amiral Sala : le coût final étant quasiment le double des 2 à 2,5 millions prévus. Comme si la dérive des coûts était la source du succès, plutôt que la qualité de la programmation, ou l’attractivité la terrasse sur les bords de l’Adour.
En conclusion, Yves Ugalde est revenu sur la comparaison entre le GCR, avec 188 567 spectateurs dans ses 7 salles à Glain, et l’Atalante avec 171 000 spectateurs dans seulement 3 salles.
Yves Augalde adjoint à la culture et à la corrida, lors du conseil municipal du 11 décembre
La convention qui définit le portage financier par l’EPFL pour la Ville explicite les objectifs :
« – conforter l’offre en équipement culturel en lien direct avec la proximité du cinéma d’art et d’essai afin de développer l’attractivité du quartier Saint Esprit ;
– produire des logements sociaux dans le cadre de la politique volontariste de la Ville ».
De l’ancienne à la nouvelle Atalante
L’ancienne Atalante était composée de deux salles : la salle historique, rue Denis Etcheverry, et une salle quai de l’Amiral Sala, de l’autre côté du Pont Saint Esprit. Devant le nombre croisant de spectateurs, la Ville, en accord avec l’association « Cinéma et culture » qui gérait ces salles, a décidé la construction d’un nouveau cinéma. La Ville a acquis l’immeuble à côté de la salle quai Sala. Le regroupement des deux immeubles permet l’existence de 3 salles à cet emplacement. La Ville est propriétaire, et l’association est locataire. Les nouvelles salles furent inaugurées fin août 2019
L’Atalante en deux immeubles quai Sala
.Depuis, c’est une belle réussite, un franc succès. Et l’Atalante craque de nouveau devant la fréquentation, tant des salles que du bistrot.
Pour se donner un peu d’air, pour l’administration de l’ensemble et la gestion du bistrot, l’association a acquis, en son nom propre, il y a deux ans, le rez-de chaussée du 1 rue des Graouillats, cet immeuble étant géré sous le registre d’une copropriété. Mais ce local est impropre à répondre au besoin d’une autre salle. L’acquisition par la Ville du 3 rue des Graouillats permettra-t-il d’y répondre ? La faisabilité technique ne semble pas évidente. Mais peut-être, n’est-ce qu’une promesse en vue des élections, dont il ne restera que du vent, comme tant d’autres ?
Entre temps, le bâtiment de la salle historique se dégrade, de manière accélérée depuis qu’elle a été totalement murée en septembre dernier.
l’état lépreux de l’ancienne Atalante le 18.12.25
Le bâtiment avait été occupé quelques jours pendant l’été, donnant espoir d’une réouverture provisoire. Si cette occupation a permis de remettre dans le débat public la question de l’ancienne Atalante, ce fut un coup pour rien, et le silence est retombé. Début octobre, j’avais publié un billet faisant le point de la situation :
Vous avez aimé le Guillaume Kasbarian ? Vous dégusterez du Vincent Jeanbrun, le nouveau ministre. Il est partisan d’une remise en cause radicale du modèle français de logement social. Il surfe sur l’accentuation de la crise du logement pour tenterde faire accepter la remise en cause du modèle HLM. Il s’appuie sur la politique européenne en la matière, et sur des tendances répandues chez beaucoup d’élus : vive le logement abordable, priorité aux classes moyennes sur les classes populaires.
Ce billet fait suite à celui du 21 octobre sur les propositions d’Herrian Bizi
La crise du logement concerne la plupart des pays européens, ce qui a conduit la Commission Européenne à s’emparer du sujet. Elle prépare un rapport sur le « logement abordable ». Ce n’est pas une compétence directe de la CE, et les traditions politiques en matière de logement diffèrent très fortement d’un pays à l’autre. Les rapports de force politiques sont très en faveur de la droite au niveau européen. Pour elle, il s’agit de simplifier les dispositifs pour augmenter l’offre : pas d’encadrement ni de plafonnement des loyers, moins de logements publics. C’est un choix en faveur des marchés, qui s’adresse aux revenus intermédiaires. Les élu.es des Verts européens et de « The Left » se mobilisent contre les orientations proposées.
Les premières discussions pour ce rapport sont inquiétantes, même si la volonté d’agir est plutôt positive, selon la Fondation pour le logement (FPL). Il s’agirait de créer une nouvelle catégorie, présentée comme sociale, le logement abordable, intermédiaire entre le social public et le privé. Ce serait très régressif par rapport au logement social à la française, comme par rapport aux coopératives en Suisse ou en Autriche.
Selon le rapport de la FPL sur le mal-logement en Europe, les besoins en logement se concentrent sur les bas loyers. « Il ne s’agit pas en soi de critiquer le soutien aux classes moyennes, mais de souligner que cette réorientation s’opère au détriment des ménages à faibles revenus et des publics vulnérables, pourtant les plus exposés aux situations d’exclusion du logement », précise le rapport.
Cela fait bien longtemps que la municipalité bayonnaise a introduit les mots « logement abordable » dans sa politique du logement, de manière vague au début. Il est omniprésent dans les discussions sur le PLH en 2020, lorsque la ville de Bayonne réussit à faire revoir à la baisse les objectifs fixés à l’origine par ce PLH pour ce qui la concerne. Voir ce billet :
La problématique du logement abordable est à la base des chartes de « mixité sociale ».
Elle est aussi à l’oeuvre dans l’introduction des LLI (logement locatif intermédiaire) dans le programme des bailleurs sociaux. Les LLI ne sont accessibles qu’aux classes moyennes supérieures et aux plus aisées. Voir :
Le 5 avril 2023, Etchegaray faisait voter par le conseil municipal une dite « charte de mixité sociale » entre la ville, les promoteurs immobiliers et les bailleurs sociaux, fixant la proportion des divers types de logements dans les grosses opérations immobilières. Voir toujours le billet : https://lepimentbayonnais.fr/2023/05/28/baionan-bizi-se-loger-a-bayonne-3/
Ce pacte fixait à 45% au moins (dont 30% locatifs et 15% BRS) le pourcentage de logements sociaux, et donc 55% de libres, dont au moins 15% de prix maîtrisés, pour les grands projets.
Pour les opérations plus petites, c’est différencié selon les secteurs.
Ces chiffres avaient vocation à se retrouver dans le futur PLUi, mais ont pu évoluer depuis deux ans. Le PLU en vigeur est encore plus souple. Le projet de nouveau PLUi (en attente d’enquête publique) reprend les chiffres de la charte.
Le conseil communautaire du 23 mars 2024 a adopté une « charte partenariale public/privé en faveur du développement du logement social et de l’accession libre abordable », Le glissement vers le terme « abordable » est lourd de sens. J’ai publié un 2e billet sur le pacte communautaire :
Ce pacte communautaire prévoit que dans les opérations qui ont moins de 60% de logements sociaux, les logements libres devront être, pour moitié des « logements abordables ». Les échelles de prix sont précisées, et, surtout la « cible » sociale est les ménages qui sont au niveau du plafond LLI (Logement Locatif Intermédiaire) plus 30% : autant dire les classes moyennes aisées, pas les plus proches des classes populaires. Avec, comme toujours une clause antispéculative limitée à 10 ans, et donc un obstacle très temporaire à la spéculation.
Ces pactes « gravent dans le marbre » la priorité politique pour le logement des classes moyennes. Etchegaray met l’accent sur les contraintes qu’ils feraient peser sur les promoteurs. Les bailleurs sociaux ayant pris le compétence « aménagement », ils peuvent jouer le rôle de maître d’ouvrage, et donc avoir la main par rapport aux promoteurs quand à la conception de l’opération, au-delà des typologies de logements.
Malgré ces contraintes, c’est bien d’une aide au secteur privé dont il s’agit, comme le souligne un article du journal Sud Ouest le 16 octobre avec son titre : « les bailleurs sociaux à la rescousse du privé ». Selon le journal, jusqu’à récemment, ce sont les opérateurs privés qui construisaient, et revendaient en VEFA (Vente en l’Etat Futur d’Achèvement) des appartements aux bailleurs sociaux pour en faire des HLM. Et même, ces appartements étaient vendus « à un prix inférieur au coût de production » et « le manque à gagner était répercuté sur le prix des logements libres » : les promoteurs comme bienfaiteurs des HLM, il faut oser.
Mais maintenant, comme le fait remarquer Lausséni Sangaré, directeur de HSA, les promoteurs ont besoin, vis-à-vis des banques, de justifier de la commercialisation potentielle des appartements construits. Et la garantie d’achats par les bailleurs sociaux de 55% d’entre eux (le pacte) est plus que bienvenue.
Même s’il faut pour cela que le promoteur laisse la maîtrise d’ouvrage au bailleur, et se contente de droits à construire ou de VEFA. On est d’ailleurs en droit d’espérer davantage de transparence financière sur les transactions immobilières entre promoteurs et bailleurs, au moins autant que pour celles qui existent (en principe) au niveau d’une ville.
page du supplément immobilier de Sud Ouest le 16 octobre
Le nouveau ministre
Vincent Jeanbrun, membre exclu de LR, est porteur d’idées radicales pour le logement et la politique de la ville.Il avait présenté en juin un rapport « Réparer les quartiers. Rétablir la République », où il affirmait :« Il est urgent et nécessaire de protéger les honnêtes gens qui n’aspirent qu’à vivre en paix et en sécurité contre toute la violence qu’ils subissent au quotidien ». Il y propose la fin du logement social à vie au profit d’un bail à durée déterminée.
Il propose en outre de permettre « aux bailleurs sociaux d’expulser les locataires qui causent des troubles à l’ordre public dans l’ensemble du quartier sans avoir à saisir la justice ».
Et de suggérer, parmi les conditions pour bénéficier d’un logement social et s’y maintenir, un casier judiciaire exempt de condamnation pendant dix ans pour des faits de violences et de trafic de drogue.
Il enfourche le combat de l’extrême-droite contre « l’assistanat » en proposant de donner la priorité à ceux qui sont en situation de travail dans l’attribution d’un logement social. Il plaide pour inverser la loi SRU en limitant à 30% le nombre de logements sociaux dans chaque commune. Il encourage la vente massive des HLM à leurs locataires. Tous propriétaires, c’est la France rêvée de Jeanbrun. Comme des promoteurs.
Ventes de HLM au Pays basque
Ce n’est pas la première fois qu’un ministre pousse à la vente de HLM. Les bailleurs étaient plus que réticents au début : l’Etat baisse ses concours financiers sous prétexte que ces ventes abondent leurs fonds propres. Avec ou sans états d’âme, ils sont contraints d’appliquer la politique gouvernementale.
Ils se sont donc mis à ces ventes, mais « avec modération ». On voit régulièrement des annonces dans la presse « HLM à vendre ». Dans le supplément immobilier de Sud Ouest du 16 octobre, le bailleur Office 64 indique qu’il vend entre 5 et 10 HLM chaque année, vente réservée à ses locataires qui ont au moins 2 ans d’ancienneté. La vente se fait en BRS « pour que le bien reste dans le contingent des quotas SRU de logements sociaux ». Dont acte : il s’agit d’un transfert d’un logement locatif public à un logement semi-privé, sans d’ailleurs que l’argument de la sauvegarde du foncier public ne soit évoqué,pour le justifier. Cela diminue le parc locatif : on peut se demander si ces ventes sont toujours compensées par un nombre équivalent de constructions supplémentaires.
De son côté « pour soutenir ses fonds propres », HSA se fixe l’objectif de 20 ventes par an, en BRS, mais sans les réserver à ses locataires.
Les engagements demandés par Herrian Bizi en vue des élections municipalesde 2026 demandent donc une réorientation très importante de la politique municipale du logement à Bayonne. En particulier le 1er engagement « investir plus de moyens financiers que le mandat précédent ». Même si l’écart n’a jamais été aussi grand entre les besoins d’un côté, l’état des finances locales, le désengagement de l’Etat et le coût de la construction de l’autre. Quel.le.s candidat.es sauront répondre positivement à cet appel ?
Le succès des journées Auzolan le 11 octobre, et en particulier de la table ronde sur le logement social, reflète l’ampleur prise par la crise du logement dans les préoccupations de la population. Elles placent le droit au logement au cœur des enjeux des prochaines élections municipales. La plate forme Herrian Bizi a présenté aux futur.es candidat.es 17 engagements à prendre, en toute priorité, pour le logement social. Quelques jours plus tard, en nommant Vincent Jeanbrun comme ministre du logement, Lecornu déclarait la guerre au logement social.
photo Alda
Exemplaire ?
En avant-propos, il faut pointer du doigt ce qui restera comme l’exemple le plus dévastateur de la politique du logement à Bayonne depuis 2020, la fin de la cité populaire de la Citadelle. Mais la communication d’Etchegaray sur le logement est particulièrement efficace, et fait apparaître son action comme exemplaire.
Au point par exemple que la représentante du DAL lors d’Auzolan (1ère table ronde de l’après-midi) a affirmé que la démolition de logements sociaux dans le cadre de la rénovation urbaine, cela ne se faisait pas à Bayonne, contrairement à bon nombre d’autres villes. Et bien, c’est raté. A la Citadelle, il y a destruction totale des 242 logements locatifs, et tous ne sont pas reconstruits. Voir mon billet : https://lepimentbayonnais.fr/2025/02/28/bayonne-citadelle-la-mort-dune-cite-populaire/
La Citadelle : et l’humain ?
Le projet Citadelle est venu en débat lors du Conseil municipal ce 16 octobre au sujet de la vente par la ville du terrain de l’école primaire à HSA, cette école ayant vocation à être regroupée, dans le cadre de cette opération immobilière, avec l’école maternelle, à l’endroit actuel de cette dernière. Les oppositions ont critiqué le prix de vente élevé, accusant la ville de rançonner HSA pour améliorer ses finances. C’est sans doute vrai. Mais c’est le petit bout de la lorgnette, sans distanciation d’avec le discours officiel sur l’exemplarité et la pertinence de cette opération de rénovation-reconstruction
Mettre en avant le mauvais état des logements, pour justifier leur démolition, comme le fait Etchegaray, est le discours standard dans toutes les opérations de ce genre. Il n’y a eu aucune justification de l’impossibilité de la rénovation, ni étude publique des coûts comparés entre rénovation et démolition / reconstruction ; aucune explication de la différence de traitement entre les immeubles semblables du Polo et de la Citadelle ; aucune explication de pourquoi, dans le 1er projet, la moitié des immeubles de la Citadelle était rénovée, et seule une moitié détruite, ce qui est peu cohérent avec le discours sur l’impérieuse nécessité de tout démolir lors du 2e projet.. Il reste maintenant 211 logements locatifs familiaux (au lieu de 241 dans l’ancienne cité). Ajouter des logements étudiants et des BRS permet de dépasser les 2/3 de logements dits sociaux. Le reste (184) sont des logements privés : loger les classes moyennes et supérieures à proximité du Trambus 2, transport rapide, cela limiterait leur usage de la voiture. C’est l’écologie d’Etchegaray.
Les grosses opérations de démolition / reconstruction de tours et de barres HLM ont fini par être abandonnées par l’ANRU, à de rares exceptions. Elles faisaient l’objet de beaucoup de luttes des habitant.es pour s’y opposer. Démolir des logements, ce n’est pas seulement détruire du bâti, c’est détruire ce qui fait l’histoire d’une vie, c’est mépriser les classes populaires, c’est faire primer l’immobilier sur l’humain.
Et tous les efforts d’HSA pour reloger, dans de bonnes conditions d’écoute, les locataires n’effacent pas qu’il s’agit de relogement forcé.
Se méfier du vocabulaire utilisé
Parler de « logement social » n’a pas le même sens dans toutes les bouches. Dans la loi SRU à l’origine, il s’agissait presque exclusivement des HLM. Vinrent Sarkozy puis Macron. Et dans la loi, l’accession sociale à la propriété, PSLA puis BRS, est devenue aussi du logement social. Les élusont suivi, les bailleurs aussi. Les associations ont du suivre, même si elles différencient le locatif. La distinction entre la location et l’accession aurait gagner à être plus explicite d’ailleurs dans les propositions d’Herrian Bizi
Quand on parle de demandeurs de logement social, de files d’attente, c’est seulement du locatif dont il s’agit. Pas de BRS.
Lors d’Auzolan, les intervenant.es du premier débat de l’après-midi ont à peine évoqué les BRS, leurs interventions concernaient clairement le locatif.
Il paraît que parler de « HLM » serait dévalorisant. Parlons donc de logement public pour distinguer le locatif de l’accession sociale (semi-publique) et du logement abordable (privé).
Un autre mythe est celui du caractère exemplaire de la ville de Bayonne, la seule au Pays basque à respecter le quota de 25% de logement social figurant dans la loi SRU. La construction des cités HLM date des années 1960-1990. Après, la proportion de HLM a régulièrement décru. Lors de la promulgation de la loi SRU en 2000, Bayonne était largement au-dessus des quotas. Ensuite, ce fut le service minimum en HLM pour se maintenir à 25%. Une légère remontée a pu être observée sous Etchegaray par l’inclusion de l’accession sociale : une politique en faveur des classes moyennes, pas des classes populaires.
Dans le billet ci-après, je donne quelques éléments historiques sur le développement des cités populaires à Bayonne.
Aider les plus modestes plutôt que les classes moyennes
Auzolan
photo Mediabask
La table ronde la plus intéressante fut celle en début d’après-lidi. On y refusa du monde. Elle était présidée par Jean Luc Berho, président de Soliha et fondateur des entretiens d’Inxauseta. Sont intervenu.es : Emma Cosse, présidente de l’USH, Union sociale pour l’Habitat ; Gaëlle Vincens, plate-forme Herrian Bizi ; Marie Huiban, du DAL Paris ; Christophe Robert, de la Fondation pour le Logement des défavorisés (FPL) ; Peio Dufau, EH Bai, député.
Le point fort fut la présentation des 17 mesures sur lesquelles il est demandé aux futur.es candidat.es aux élections municipales de s’engager. Il a été aussi beaucoup discuté de l’encadrement des loyers, dont la phase expérimentale se termine bientôt, et pour lequel une nouvelle loi est nécessaire.
Christophe Robert a particulièrement insisté sur la nécessité à assurer une continuité en matière de logement entre les services à apporter aux personnes en grandes difficultés (à travers les CCAS notamment : accueil de jour, bagagerie, adresses, etc.), l’hébergement (de la compétence de l’Etat, mais une ville peut s’en emparer, quitte à demander un remboursement à l’Etat, comme le CAPB le fait pour Pausa), le recours à l’intermédiation d’association, comme sas avant les PLAI, etc. Le 13e engagement proposé par Herrian Bizi (voir ci-dessous) porte en partie sur ce sujet.
On pourrait y ajouter de l’habitat pour voyageurs, des HLM avec possibilité d’installer une caravane à l’année (une alternative partielle aux aires de grand passage). Egalement les Tiny Houses, l’habitat léger, etc.
Les villes font souvent une sorte de service minimum en matière de logement social. La FPL demande une autre logique que le simple respect de la loi SRU et du quota officiel de PLAI.
Photo Alda
Christophe Robert a enfin rappelé l’importance de l’accès aux droits en matière de logement et la nécessité de faire appliquer la loi qui réserve 25% des attributions aux ménages les plus modestes.
Les HLM au Pays basque
Dans un entretien le 16 octobre avec Sud Ouest, la présidente de l’Union Sociale de l’Habitat pour la Nouvelle Aquitaine avance le chiffre de 90% des candidats pour un HLM ayant un revenu inférieur au revenu médian de la région. C’est un effet du ciseau entre le renchérissement du logement d’un côté et la précarisation de l’emploi, la cherté de la vie, etc.
Selon l’enquête de l’USH, la moitié des demandeurs sont des personnes seules, retraité.es, étudiant.es, adultes sans enfants. Un quart sont des familles monoparentales. Pour combien de ces demandeurs les BRS constitueraient une option possible ou souhaitée ?
Au Pays basque, le délai pour obtenir un HLM est de 25 mois, davantage qu’à Bordeaux (19 mois), et que la moyenne régionale (15 mois). Il y a eu 15 384 demandes d’attribution et 3 636 demandes de mutation, avec en face 1 182 attributions seulement.
La situation de la CAPB est donc catastrophique pour les HLM, conséquence des priorités de ses responsables politiques, Etchegaray en tête.
L’appel que lance la présidente de l’USH régionale est le même que celui lancé le 11 octobre par les participant.es à la table ronde d’Auzolan : l’impérieuse nécessité d’une mobilisation collective et durable pour le logement HLM.
Alors que le logement est une préoccupation majeure pour les habitant·es du territoire, la plateforme unitaire « Se loger au Pays – Herrian Bizi » propose en amont des élections municipales et communautaires du printemps 2026 une série d’engagements ambitieux et courageux, nécessaires à mettre en oeuvre pour enrayer la crise du logement. Les réponses des listes candidates seront rendues publiques afin de permettre au public d’évaluer leur niveau d’engagement.
Les 17 mesures sont répartis en 6 blocs, qui chacun concerne Bayonne à des degrés différents.
Photo Alda
1- Développer le logement social
1-1 « Investir plus de moyens financiers dans le logement social ». Les « revenus modestes » sont explicitement désignés pour en bénéficier, catégorie qui ne trouve pas de logement locatif accessible dans le privé. Investir davantage de moyens financiers que le mandat précédent. Un vrai défi compte tenu des finances locales, Bayonne compris
1-2 « Mettre du foncier gratuit à disposition des bailleurs sociaux » : il s’agirait de faire l’inverse de ce que fait la municipalité actuelle, à savoir taxer un maximum HSA comme dans l’opération Citadelle.
1-3 « Créer dans les PLUi des secteurs de mixité sociale » avec des règles plus contraignantes pour favoriser la construction de logements sociaux, sur des secteurs plus vastes. Les chiffres proposés sont de 70% de logements sociaux, dont 45% de locatifs, et ce dès le seuil de 3 ou 4 logements.
La « charte de mixité sociale, en vigueur à Bayonne en est très loin (voir la partie « charte » dans le 2e article à suivre). Cet objectif de 70% est parfois jugé peu crédible par des acteurs de la construction, compte tenu des modèles économiques actuels du secteur. La discussion promet d’être chaude pour ces municipales.
2- Réguler les résidences secondaires
2- 4 Introduire dans les PLUi des zones interdisant les résidences secondaires selon la loi Echaniz. Le pourcentage de résidences secondaires pour appliquer cette disposition de la loi n’est officiellement pas atteint à Bayonne.
2-5 Majorer la TH à 60% sur les résidences secondaires : déjà fait à Bayonne.
2-6 Lutter contre les fausses déclarations de résidence principale. C’est un problème récurrent dans tout le Pays basque. Mais cela reste compliqué (croisement de données de plusieurs sources) et demande des moyens financiers, du personnel municipal et de la volonté politique.
3- Enrayer la transformation des logements en meublés permanents
3-7 Abaisser à 90 jours par le nombre maximal de jours autorisés pour la location touristique, au lieu de 120 actuellement. C’est déjà fait à Bayonne.
3-8 Informer les habitants sur les restrictions réglementaires pour les locations touristiques dans les copropriétés. Au-delà, le transformation de logements loués vides, avec un bail de 3 ans, en logements meublés avec des baux moins protecteur (et encadrés) de 1 an est un phénomène dangereux qui se développe.Et qui encourage les faux baux « mobilité » (9 mois maxi, réservés à des catégories précises) pour permettre la location touristique pendant l’été. Alda a très bien décrit le phénomène. Le problème est le même que pour les fausses résidences principales pour lutter contre ce phénomène.
3-9 Etendre les règles de compensation à d’autres communes. Elles existent déjà à Bayonne
4- Protéger le foncier agricole
4-10 Protéger les terres agricoles pour accroitre l’autonomie alimentaire du territoire. Ce paragraphe comporte aussi l’engagemnt à respecter les objectifs du SCoT concernant le ZAN (Zéro Artificialisation Net).
Cela concerne doublement Bayonne : il y a encore des terres agricoles, et Etchegaray souhaite en artificialiser certaines dans le projet de PLUi. Il y a aussi des zones naturelles ou forestières où existent des projets d’urbanisation. Dans le PADD (qui comporte les orientations du PLUi), les 5 communes de l’agglomération bayonnaise ne souhaitent pas respecter la réduction différenciée (c’est-à-dire réduction plus forte sur la côte basque, plus faible à l’intérieur du Pays basque) de l’artificialisation préconisée par le SCoT pour rééquilibrer le développement.
4-11 et 4-12 Bayonne n’est pas concerné
5- Utiliser les logements vacants
5-13 Recenser les logements privés vacants, pour les rénover et les remettre en location à l’année, en privilégiant une offre sociale, via les bailleurs sociaux et l’intermédiation locative. A Bayonne, ville centre, donc plus riche et plus attractive pour les personnes en grandes difficultés, c’est une forme de logement essentielle à développer avant l’entrée en location sociale classique.
Mais avant l’intermédiation, il y a la question de l’hébergement, qui manque dans les engagements. La réquisition de logements vacants en ce sens pourrait aider : ce point a été soulevé dans les débats à Auzolan.
5-14 Lancer systématiquement des procédures pour récupérer les biens sans maître
5-15 Exonérer pendant 5 ans de taxe foncière les propriétaires qui rénovent leur logement et le mettent en location conventionnée.
6- Pour le droit de vivre et se loger au Pays
6-16 Mise en place d’un observatoire du foncier
6-17 Mise en place d’un permis de louer avec autorisation préalable. L’objectif est de lutter contre les logements insalubres et les passoires thermiques, mais le moyen ne fait pas l’unanimité parmi les acteurs du droit au logement. Il y a la crainte que cela serve à certains élus pour écarter un certain type de population. Sa faisabilité juridique semble aussi incertaine.
Il y a des villes, comme Paris et Lyon où existent des « polices de l’habitat » qui agissent dans plusieurs domaines : insalubrité, plafonnement, compensation, fausses résidences principales, etc).
Une autre alternative serait de créer une sorte de « carte grise » pour tous les logements, comprenant des informations de base, et permettant le suivi de la fonction du logement (principal ou non, meublé ou vide, etc).
A suivre :Droit au logement à Bayonne (2) : L’abordable à l’abordage du logement public
Les associations ont rarement fait l’objet d’une attaque aussi brutale, tant sur le plan des libertés associatives que sur celui de son financement. Le Pays basque n’y échappe pas. Le mouvement associatif avait appelé le 11 octobre à une journée nationale d’actions. Le 16 octobre, ce sont les salariés des associations qui sont appelés à faire grève. A Bayonne, le syndicat Asso Solidaires donne RV à 17h30 au café des Pyrénées. L’Observatoire des libertés associatives a puplié un rapport sur les atteintes aux libertés et présenté plusieurs propositions pour y faire face. Passage en revue de la résistance.
Le Mouvement associatif a été créé en 1992 pour défendre la liberté d’association et, au-delà, la vie associative. Pour la première fois de son existence, il a appelé à une journée nationale d’actions « ça ne tient plus » pour alerter sur la situation catastrophique de nombre d’associations. Un véritable plan social associatif avec destruction de plusieurs milliers d’emplois
Pour 2026, le plan Bayrou prévoyait d’augmenter la saignée en retirant plusieurs milliards aux budgets des associations. Un plan que le nouveau premier ministre soutenait. Les bénévoles dirigeants associatifs ont indiqué qu’un tiers des structures prévoyaient des licenciements, ce qui impliquerait des dizaines de milliers de licenciements.
La baisse générale des subventions risque d’entrainer le délitement du tissu associatif, que tout le monde sait pourtant essentiel pour la démocratie. Les associations du secteur de la solidarité et de la culture sont particulièrement atteintes. Bénéficier de plusieurs sources de financement était jusqu’à présent un appui incontestable ; mais l’effet pervers l’est autant quand chaune es sources réduit son aide simultanément, même de peu pour chacune.
Le CAC
A côté du Mouvement associatif, le Collectif des Associations Citoyennes (CAC) regroupe l’aile la plus engagée des associations depuis une quinzaine d’années, et était partie prenante des initiatives du 11 octobre
Le Collectif des Associations Citoyennes s’inscrit naturellement dans cette action. Il appelle les associations dans leur diversité à participer à la mobilisation, partout en France :
Pour que leurs voix soient entendues et faire du 11 octobre une grande journée unitaire du monde associatif ;
Pour peser autant que possible dans les arbitrages budgétaires du budget de l’État 2026 comme de ceux des Collectivités Territoriales ;
Pour redonner un sens « politique » au travail associatif, ne plus accepter d’être de simples « prestataires » de la commande publique ;
Pour une société démocratique, écologique et sociale dans laquelle les associations ont un rôle majeur à jouer.
A Bayonne
L’annulation de la Zuperfête fin septembre a mis en lumière les difficultés des associations à Bayonne. Cela reflète un état général, principalement dans les secteurs du social, de la solidarité et de la culture. Mais les problèmes sont particulièrement graves à la ZUP, où l’artotekafe n’est pas sûr de survivre à la fin de l’années. D’autres associations intervenant auprès des jeunes de ce quartier sont déstabilisées, ou même le lieu d’une répression politique. La résistance s’organise
La liste citoyenne, regroupant la majorité des forces de gauche pour les municipales de 2026 à Bayonne, a exprimé son soutien aux associations de la ZUP.
À Bayonne, le syndicat Asso Solidaires donne rendez-vous le 16 octobre, à 17h30, au Café des Pyrénées. “Il y a quand même un gros tissu associatif au Pays Basque Nord et c’est vrai que, pour le moment, il n’y a pas vraiment de force présente sur le département. L’idée serait de commencer à se retrouver pour échanger sur la situation dans nos associations afin d’initier, peut-être, quelque chose venu des salariés”, explique sa représentante au Pays Basque Nord, Ihintza Erbina, selon Mediabask.
Deux compléments pour un débat municipal
Voici deux compléments pour nourrir le débat sur la vie associative, qui ne manquera pas de s’engager à l’occasion des prochaines élections municipales à Bayonne :
Le rapport de l’observatoire des libertés associatives et un appel des élus écologistes
L’Observatoire des Libertés Associatives est un projet initié par l’Institut Alinsky et qui rassemble autour de lui plusieurs associations et fédérations d’associations parmi lesquelles la Ligue des Droits de l’Homme, France Nature Environnement, la Coordination Pas Sans Nous, le Collectif des Associations Citoyennes, etc. Après un premier rapport sur les répressions contre les associations paru en octobre 2020, l’équipe de chercheur.euses sous la houlette de Julien Talpin, approfondit ce travail pour nourrir les plaidoyers de défenses des libertés associatives.
Les cas de restriction de libertés des associations portant des interpellations citoyennes par les autorités publiques locales et nationales sont nombreux et trop peu reconnus comme un problème. Cela a incité plusieurs associations concernées à constituer à partir de mars 2019 un Observatoire des libertés associatives. Cet outil doit donner une visibilité large à un phénomène souvent occulté, presque ignoré par les médias, banalisé par le politique et parfois intériorisé par les associations elles-mêmes.
Le rapport « Une citoyenneté réprimée » présente 100 cas de restrictions associatives et 12 pistes pour protéger les libertés.
Il est téléchargeable à partir du site ci-dessus.
12 propositions
Sur le même site, on trouve aussi 12 propositions pour protéger les libertés associatives et construire un environnement favorable à la démocratie d’interpellation. Chacune des têtes de chapitre suivantes peuvent déployées à partir du site.
1- Mettre en place une procédure de reconnaissance pour mieux protéger les associations
2 – Renforcer la visibilité des prérogatives de Défenseur des droits pour les personnes morales
3 – Instituer des “garants des débats citoyens” chargés d’assurer la qualité du débat et de protéger contre les attaques personnelles abusives
4 – Une justification renforcée et une procédure de protection en cas de soupçon de coupe-sanction de subvention
5 – Clarifier et faciliter l’accès à l’aide juridictionnelle pour les personnes morales à but non lucratif afin de financer les recours en justice
6 – Protéger les associations contre les procédures juridiques visant à les empêcher de contribuer à des questions d’intérêt public
7 – Mieux surveiller et contrôler les pratiques policières
8 – Faciliter les dons aux associations citoyennes en reconnaissant les activités de contribution au débat public et de défense des droits comme étant d’intérêt général
9 – Instaurer un fonds pour le droit d’interpellation citoyenne géré par une autorité administrative indépendante
10 – Favoriser les financements pluriannuels
11 – Créer des commissions mixtes d’attribution des subventions dans toutes les collectivités territoriales finançant des acteurs associatifs
12 – Élargir et approfondir l’analyse ouverte dans ce rapport par la création d’une mission d’information parlementaire
Pour des villes garantes et protectrices des libertés associatives
À l’occasion de la mobilisation nationale « Ça ne tient plus » en défense des associations ce samedi 11 octobre, un large ensemble de maires, candidat·es et élu·es locaux écologistes, notamment Stéphane Baly, Grégory Doucet, Jeanne Barseghian et Léonore Moncond’huy appelle à défendre les associations en leur donnant les moyens d’agir. « La démocratie ne se résume pas qu’aux urnes, mais aussi à la vivacité des liens associatifs existant dans la société ».
La démocratie ne se résume pas qu’aux urnes, mais aussi à la vivacité des liens associatifs existant dans la société.
Les associations sont les forces vitales de notre démocratie locale. Dans chaque quartier et chaque secteur, elles tissent des liens et créent des solidarités. Filet de sécurité pour les plus fragiles, espace d’émancipation, de création, de loisirs, de débat : les associations sont à la fois refuge et tremplin. Elles tissent des liens, raccommodent ce que la vie déchire et brodent de nouvelles solidarités.
S’attaquer aux associations ce n’est pas seulement s’attaquer à notre démocratie : c’est rompre des liens humains essentiels. Car derrière chaque subvention coupée, chaque local fermé, chaque procédure administrative complexifiée, ce sont des liens humains qui se défont, des solidarités qui disparaissent et notre vivre-ensemble qui est menacé.
Ces associations sont aujourd’hui fragilisées par un contexte budgétaire, administratif et national hostile à leurs actions : coupe de subventions, présomption de culpabilité instaurée via le contrat d’engagement républicain, injonctions à une prétendue neutralité, logique de marchandisation plutôt que de non-lucrativité, fragilisation des modes de financement… Différents rapports, issus notamment de l’Observatoire des libertés associatives, du collectif des associations citoyennes ou encore du monde associatif, le montrent : ces dernières années, le lien qui unit les associations aux autorités publiques a changé. Auparavant partenaires de l’action publique, les associations sont devenues des prestataires. De force de propositions, elles deviennent délégataires. De contre-pouvoir, elles s’autocensurent.
À Lille, par exemple, la part des appels à projet dans le financement des associations environnementales est passée de 8% en 2019 à 61% en 2023. Ces appels à projet dominants sont révélateurs de cette volonté de cadrer l’action des associations (à fortiori environnementales), de tuer l’initiative associative au profit d’un projet municipal descendant.
À Poitiers, le Préfet a tenté d’imposer une procédure de restitution de subvention suite à la programmation d’une formation à la désobéissance civile par Alternatiba dans le cadre d’un village associatif.
Dans le Rhône, le département a retiré à trois associations des subventions après l’alerte des élu·es des risques environnementaux d’un port de plaisance.
À Tourcoing, des membres de l’association La Brigade du respect, ont dû payer une amende et réaliser des travaux d’intérêt général suite à quelques pochoirs. L’objet de l’association est pourtant d’agir contre le harcèlement de rue dans l’espace public.
Dans plusieurs territoires, les plannings familiaux sont attaqués, et cela s’inscrit dans une logique plus large de réduction des droits des femmes et des minorités, ayant des conséquences directes sur la santé de personnes et leurs droits.
Les prochaines élections municipales seront donc cruciales pour le monde associatif.La vitalité du monde associatif n’est pas seulement un indicateur démocratique, elle constitue le socle même d’un projet municipal qui prend soin de ses habitantes et habitants.
Les associations incarnent une démocratie continue, indispensable à la démocratie représentative. Être élu·e, c’est écouter, rencontrer, partager et construire des solutions avec celles et ceux qui connaissent le terrain. Les associations, en première ligne pour comprendre la société et la complexité des problématiques locales, sont des partenaires essentiels des politiques publiques.
Pour retisser la confiance entre les pouvoirs publics et les associations, les villes écologistes s’engagent à prioriser les conventions pluriannuelles d’objectifs plutôt que les appels à projets, comme le recommande le CESE. Nous nous engageons également à créer un dispositif de médiation en cas de conflit avec une institution afin que le Préfet ne soit plus seul arbitre : car l’écologie, par essence, chérit les contre-pouvoirs.
Défendre les associations, c’est aussi leur donner les moyens d’agir. C’est pourquoi il est primordial de permettre aux associations non seulement de monter des projets, mais aussi de fonctionner : garantir leur autonomie, soutenir la formation et l’outillage de leurs membres, défendre le droit de réunion, ouvrir des lieux, faciliter l’accès aux salles municipales.
Garantir la liberté associative, c’est garantir la liberté d’expression et d’action collective. Les villes écologistes doivent être des refuges pour ces libertés et incarner une vision d’émancipation, de coopération et de justice sociale. Soutenir les associations, c’est soutenir notre démocratie et prendre soin du vivre-ensemble.
La défense des terres agricoles de Marienia à Cambo reste d’une actualité brulante. Samedi 6, une bonne centaine de personnes sont venues récolter les pommes de terre semées au printemps dernier. Mardi 9, 3 personnes comparaissaient devant le tribunal de Bayonne à la suite d’une bousculade lors d’un conseil municipal à Cambo. Le rassemblement du 6 a fait apparaître au grand jour la trahison d’Etchegaray.
Comme à chaque fois qu’un rassemblement a lieu sur ces terres, le 6 octobre, l’ambiance était celle d’une fête populaire, avec de nombreux enfants, même temps que militante, pour faire vivre cette terre nourricière de 3,5 hectares que Bouygues, le maire de Cambo et leurs alliés veulent urbaniser.
Plus de 2 tonnes de pommes de terre ont été récoltées ce 6 septembre. Elles avaient été plantées le 17 mai, en même temps que des piments doux et des courges. Mais, pendant l’été, les plntations de piments et de courges avaint été vandalisées, sans doute par des amis de Bouygues.
Le 17 mai, le serment des Makila avait été partagé par des centaines de participants.
Les associations qui portent ces mobilisations : Lurzaindia, le syndicat ELB, le Cade, Ostia et Nahi Dugun Herria
Le double jeu d’Etchegaray
Pendant longtemps, le président de la CAPB a laissé entendre qu’il était ouvert à remettre sur le tapis le projet d’urbanisation de Marienia, qu’il allait organiser un débat au conseil communautaire.
Dans le même temps, la CAPB se rangeait systématiquement aux côtés du maire de Cambo et de Bouygues dans les procédures contre le PLU et le permis de construire, avec l’argument que la CAPB ne pouvait s’opposer à une commune qui en fait partie. Tous les recours ont été perdus jusqu’à maintenant par les défenseurs des terres agricoles, et une procédure n’est pas totalement achevée.
Le masque d’Etchegaray est tombé quand, pendant l’été, les organisations agricoles ont appris par la Safer qu’une nouvelle « déclaration d’intention d’aliéner » (redéfinition des termes de la vente) avait été déposée, ouvrant une possibilité de préemption par la CAPB, avec un délai de 2 mois pour y recourir. Cette nouvelle DIA a été reçue le 16 juillet par la Safer… mais la CAPB l’avait entre les mains le 13 janvier. Et avait refusé de préempter. De là un sentiment total de trahison de la part d’Etchegaray, de son double discours.
La CAPB avait portant pris un engagement : préserver l’espace agricole comme un bien commun ». On en est loin. Quant au débat promis, selon Sud Ouest du 8 septembre, il n’aurait pas lieu au conseil de la CAP, mais lors d’une conférence des maires. Et Marienia serait noyé au milieu d’une discussion générale sur le foncier agricole.
Le nouveau compromis de vente comprenait une baisse du prix de vente, d’un peu plus de 3 millions à 2,62 millions d’euros, ce qui rendait obligatoire cette nouvelle DIA. Comme d’usage, ce nouveau compromis de vente comporte des clauses suspensives : levée de tous les recours, lieux libérés de toute occupation. Or, un recours n’est pas totalement levé. Les lieux sont-ils libres de toute occupation ? Pas clair ! Les plantations peuvent-elles être considérées comme une occupation ? Et selon quel régime juridique sont-elles encore utilisées par un éleveur ?
Le début des travaux reste encore heureusement problématique, et dépend du rapport de forces politiques, de la mobilisation citoyenne. Du blé d’hiver va être semé cet automne
Le procès du 9 septembre.
Lors d’une manifestation pendant un conseil municipal, le maire de Cambon était tombé lors d’une bousculade, et s’était cogné la tête par terre. Il avait reconnu qu’aucun coup n’avait été porté, mais avait porté plainte, en pleine d’une campagne politique et médiatique sur les « violences contre les élu.es ».
Il y avait une centaine de manifestants lors de cette séance, il y a eu deux heures de vacarme avant l’arrêt du conseil municipal. D’une manière qui a semblé un peu arbitraire, 3 manifestants avaient été déférés devant le tribunal de Bayonne pour entrave au déroulement du conseil municipal et « violence », accusés d’être à l’origine de la bousculade.
Une petite centaine de personnes se sont rassemblées ce 9 septembre devant le tribunal de Bayonne.
Le procureur a requis 5000 euros d’amendes, dont 4000 avec sursis. Jugement le 16 octobre
Les locaux historiques du cinéma Atalante étaient fermés depuis le 21 mars 2019. Ils ont été de nouveau ouverts au public ce mercredi 3 septembre par un groupe de jeunes militant.es du groupe « Conseil socialiste d’Iparalde » pour y développer un projet culturel, social et politique. Un tel lieu manquait beaucoup au quartier Saint Esprit, dont les habitants étaient frustrés d’avoir vu leurs demandes repoussées par la mairie.
Entre 100 et 150 personnes se sont entassées dans le hall d’accueil de l’ancien cinéma en fin d’après-midi, ce mercredi, pour soutenir l’occupation. Parmi elles, des acteurs anciens et actuels de la vie du quartier, dont plusieurs avaient participé aux tentatives de faire revivre ce lieu depuis 2019.
Sortie de la réunion du mercredi 3 septembre
Les locaux ont été achetés par la ville en 2015 et 2016. Il y avait une salle de 150 places, et un hall, avec comptoir, lieu de convivialité plus que complémentaire du cinéma. L’Atalante, c’était aussi deux autres salles, sans âme, quai de l’Amiral Sala. C’était insuffisant au regard de la demande croissante des spectateurs. L’association, qui gère le cinéma, et la mairie, ont donc décidé de la construction d’une nouvelle salle et de la rénovation des deux existantes, quai Sala. Le nouvel Atalante, avec ses trois salles, a été inauguré le 28 août 2019, et c’est une très belle réussite.
Mais contrairement aux attentes des habitants et aux promesses pré-électorales de la mairie en 2019, les locaux de l’ancien Atalante sont restés vides. Ils ne le sont plus.
Souvenirs, le tour de passe passe de 2019, Catach et Etxea
Les demandes de tiers-lieux n’ont jamais manqué à Bayonne, particulièrement dans le quartier Saint-Esprit, de la part d’artistes, d’artisans et associations. Vers la même époque (2019), un projet au 22 quai Bergeret avait été repoussé par la ville, au profit d’une opération immobilière. Il ya 2 ans, un immeuble vide avait été réquisitionné quai de Lesseps / rue Sainte Ursule par un groupe de jeunes (Maurizia), en vue d’un projet social et culturel. La mairie avait fait évacuer l’immeuble par la police au bout de quelques semaines.
Quand le moment du déménagement de l’Atalante s’était rapproché, une association, Catach, s’était portée candidate à la reprise de l’ancien cinéma. Son projet avait près de 2 ans, et elle était à la recherche de locaux. Catach est le nom d’un festival artistique que l’association animait à Saint-Martin de Seignanx. Son projet de tiers-lieu, TLAK (pour Tiers ieu Artistique et Culturel) avait été lancé en septembre 2017, et déposé en mairie en juin 2018. Il avait été construit avec associations et artistes du quarier, et fait l’objetd’une enquête auprès des habitants. C’est donc naturellement qu’en 2019 Catach a candidaté pour les locaux de l’Atalante.
Mais entre-temps, un projet concurrent s’était monté, Etxea. Selon Sud-Ouest, voici les personnes motrices d’Etxea « Citons Jean-Daniel Elichiry, actuel directeur général d’Atherbea. Celui d’Euskal moneta (eusko), Dante Edme-Sanjurjo. Jean-Noël « Txetx » Etcheverry estconnu pour ses multiples engagements, dont l’association Bizi !. Bixente Eyherabide est l’organisateur du salon Lurrama. Frank Suarez est un pilier de l’Institut culturel basque. Jean-Pierre Saint-Picq préside l’association Cinéma & Cultures, socle de l’Atalante. Laëtitia Léglise est régisseuse de plusieurs festivals importants. Eloixa Ospital officie au sein de Biarritz culture et contribue notamment à l’organisation du festival Temps d’aimer. Peio d’Uhalt gère les élections Elkar en France. Stéphanie Carré a cofondé le festival La Ruée au jazz et chante dans plusieurs groupes. Rémi Rivière, journaliste investi dans lemonde culturel, préside l’association Etxea ».
Rien que du beau monde, très institutionnel, partenaires installés de la mairie. On peut comprendre que ce projet concurrent ait été vécu comme construit à partir de la mairie. Le match était plié d’avance.
Au-delà du profil des porteurs, les deux projets étaient largement convergents, répondant en partie aux attentes des habitants.
Après audition des deux projets pendant l’été, le maire a choisi sans surprise Etxea en septembre 2019. Nombre d’habitants ont regretté qu’un projet parachuté (Etxea l’était davantage que Catach) ait été préféré à une démarche d’ouverture aux habitant.e.s de ce quartier, de leur faire confiance et de construire avec elles/eux de beaux lendemains. Une telle démarche aurait été un peu plus créative, originale et courageuse, mais ce n’st pas le genre de la mairie de Bayonne.
Début septembre 2919, Etchegaray choisit donc le projet Etxea. Mediabask se fait, fin 2019, l’écho des polémiques entraînées par ce choix Le 21 janvier 2020, un nouvel article de Mediabask laisse entrevoir une ouverture d’Etxea, en partie à cause du coût des travaux qui se monteraient à 2 millions d’euros, en partie sans doute aussi pour calmer le jeu. On peut y lire : « Le projet de reprise du cinéma L’Atalante entre dans sa deuxième phase. L’association Etxea, présidée par Rémi Rivière, veut maintenant l’ »étoffer » et « lancer la collaboration avec d’autres structures associatives« . L’année à venir sera consacrée à identifier précisément quelles activités seront accueillies dans ce futur tiers-lieu. En attendant le vote favorable du conseil municipal ».
Et vint le covid… Et personne n’entendit plus parler d’Etxea, publiquement au moins.
Mais le caractère désespéramment vide de l’ancien Atalante est resté ces dernières années une blessure permanente pour les habitants du quartier. C’st un lieu emblématique, très visible près de l’école Jules Ferry, du square du Marquisat et de la rue Sainte Catherine.
La photo en Une de cet article montre une des décorations qui y avaient été faites.
Le 27 janvier de cette année, deux artistes ont fait de nouvelles décorations, ravivant l’espoir d’une réouverture.
Artistes à l’oeuvreSignaturesC’est décoré, à défaut de revivre encore
Les habitant.es de Bayonne ont trouvé ces jours-ci dans leur boîte-aux-lettres l’Echo de la Cité n°2 565 un courrier, daté du 21 août, leur annonçant l’ouverture publique du musée Bonnat-Helleu le 27 novembre. Avec un cadeau électoral : la gratuité du musée pendant un mois pour les habitant.es. Super. Le cadeau a même été validé par le conseil municipal.
Offrir des places gratuites pour un musée comme cadeau électoral, la culture y gagne, et c’est tant mieux, mais l’éthique publique ?
Rectifions, ce n’est pas le maire et candidat qui distribue ces places gratuites. La signature, dont la photo figure en Une de ce billet, n’est pas celle qui figure au bas de l’Echo n° 2 565. C’est celle du n°2 563. Comme on peut le lire sur la photo intégrale du n°2 565 ci-dessous, cet Echo est signé « le maire et le conseil municipal », sans autographe du maire.
Une délibération fixant les tarifs de l’entrée du musée a été adoptée lors du conseil municipal du 17 juillet dernier. Une disposition comportant ce mois « exceptionnel » de gratuité avait été introduite. La délibération a été adoptée avec les seules voix de la majorité. Les groupes d’opposition n’ont pas été dupes de la manœuvre électorale. Ils se sont simplement abstenus de prendre part à ce vote, ils ne pouvaient faire autrement. Bien joué. Mais ce vote suffit à valider et à « neutraliser » ce cadeau.
Bien sûr, tout le monde ne peut que se réjouir de ce mois de gratuité, un encouragement à venir visiter ce musée après 14 ans de fermeture. Il est dommage que cela ait donné lieu à une manoeuvre politicienne de plus de la part du maire.
Il aurait été plus éthique que l’annonce de cette gratuité soit faite pour un prospectus ad hoc. La ville sait faire des supports de communication spécifiques pour des évènements importants, même pour les corridas, et non par un « Echo de la Cité » qui est rarement neutre. Un prospectus ad hoc qui aurait pu être fait en commun avec les oppositions. Mais la démocratie municipale n’est pas une pratique usuelle à Bayonne.
Prudence oblige quand même : cet Echo est diffusé avant le 1er septembre, date à partir de laquelle les dépenses électorales potentielles sont contrôlées. Dès fois que le vote du conseil, et la signature qui en découle, n’auraient pas suffi comme camouflage. On ne sait jamais.
En août, Alday s’est payé une avalanche de publicités dans Sud Ouest pour ses opérations immobilières, juste après s’être vu attribué le marché d’Aguilera par la ville de Biarritz dans une décision très controversée. Alday est bien connu depuis longtemps au Pays basque comme l’exemple d’un requin de l’immobilier. A-t-il « chopé le melon » ? S’agit-il de surfer sur le « prestige » de l’avoir emporté pour relancer une commercialisation difficile de ses nombreuses opérations ? Comme à Bayonne il y a quelques années, aujourd’hui, c’est main basse sur Anglet.
Alday
Il y a quelques années Robert Alday était répertorié comme la 3e fortune d’Aquitaine, selon le club des millionnaires, et à la tête de 63 entreprises
Panneau avenue Louis de Foix
Alday-immobilier se cache derrières des filiales : ProAldim, Héritage, ou des SCCV pour le Prissé. Mais, sur son site, Alday affiche bien ces opérations sous son nom.
L’offre commerciale s’est même étendue à l’accession sociale, les fameux BRS, où le foncier reste public et est dissocié du bâti. Les futurs propriétaires signent leur bail avec un office foncier public, HSA pour une opération plus ancienne à Saint-Jean de Luz, ou l’Office 64 pour l’opération Cap A Vita en cours à Anglet. Il faut dire que le maire d’Anglet, Claude Olive, est président de l’Office 64.
Pub en bas de la 1ère page de Sud Ouest
L’offre s’étend aussi à des bureau, comme à Bayonne.. Alday bénéficie aussi d’une vitrine prestigieuse dans ses opérations : la reconstruction de la maison diocésaine, qui fait d’ailleurs partie d’un deal plus large : voir le projet Darrigrand.
Des opérations bénéficient aussi du soutien de l’Aviron Bayonnais, partenaire revendiqué. Comme en témoigne cette commercialisation anticipée pour VIP le 30.9.22 au stade Dauger pour Xoko Ferdea. Avec 30 000 euros de réduction offerte. 3 ans après, la commercialisation ne semble pas achevée.
Coupure d’écran de la page facebook de l’AB le 29.9.22
Alday s’appuie sur la « charte de mixité sociale », adoptée par Bayonne, puis étendue cette année à l’ensemble de la CAPB. La soit disant mixité de cette charte vise à contenir la proportion de logements sociaux dans les grosses opérations immobilières. Il faudrait plutôt parler de pacte avec les promoteurs pour faciliter les logements « libres » (moyennant une faible contrainte antispéculative). Le Prissé est la vitrine de ce pacte.
Par exemple, la dernière pub, le samedi 23 août concerne le « domaine du Prissé » avec la mention « livraison immédiate ». La commercialisation de ce « domaine » n’est donc pas bouclée, plus de 2 ans après son lancement.
Parler de « domaine du Prissé » dans les publicités a tout de la communication mensongère, d’autant plus qu’il est ajouté que cela se trouve au sein d’un espace boisé classé (ou parfois, plus modestement, en lisière). Il est composé de trois bâtiments, « autour d’une place centrale » : 62 logements pour Maïtia. 48 pour Elaia (à prix « maîtrisé », 3900 euros le m2), 82 pour Enea (prix maîtrisé idem). De quoi faire rêver selon plusieurs pubs d’Alday (en mars et juin 2023 par exemple). La commercialisation avait été lancée bâtiment par bâtiment selon les publicités, ou globale dernièrement. La livraison est prévue pour le 4e trimestre 2025.
Le Prissé vu depuis Alday : un rêve
Dans les pubs, il est aussi gommé que ce « domaine » se trouve dans un ensemble de 350 logements, HSA ayant le reste. Une opération globale plus que dense, mais le « rêve » présente un autre monde. En juin 2024, Alday fait sa pub sur le démarrage des travaux.
le chantier du Prissé, côté Alday, en août 2024
Il faut chercher un communiqué de presse (plus discret qu’une pub dans Sud Ouest) pour qu’Alday fasse connaître la globalité du projet, dans la ligne des informations municipales et autres articles de presse. Les 350 logements se répartissent ainsi : pour HSA, 70 LLS, 88 BRS, 24 LLI ; pour Alday, 44 prix « maîtrisé » (390 000 euros/m2), 124 prix « capé » (450 000 euros).
Dans ce communiqué du 19 novembre 2024, Alday met en avant ses relations harmonieuses avec Etchegaray et HSA pour ce « projet phare ». Et exemplaire du pacte entre la ville et les promoteurs, à répliquer autant que possible selon ses propagandistes
Sous les règnes de Grenet II et d’Etchegaray, on retrouve Alday en permanence. Dans de très vieilles opérations, comme la relocalisation des cliniques : Saint Etienne (381) et Lafargue ; pour le Carré Saint Esprit.
Plus récemment, il y a eu plusieurs immeubles autour de Belharra.
Alday a colonisé le quartier Belharra
Et, il y a deux ans, les allées Paulmy.
Sur le site d’Alday, on trouve aussi : Haritzaga, chemin de la Marouette. 4 immeubles de bureaux et commerces. Livraison 3e trimestre 2026 ; la Villa des Arènes avec 13 logements ; et Xoco Ferdea, avec 17 logements, qui avait fait l’objet de la vente VIP à l’Aviron Bayonnais.
55 rue Moynac, entre le stade de l’AB et l’hôpital, à proximité du passage du T2
Les Allées Marines, Xoco Ferdea et la Villa des Arènes font partie des haltes prévues, lors du BAB Luxe Tour antispéculatif (voir lien plus bas). Du 15 juillet 2023. Le nombre de logements programmés de ces opérations permet de rester en dessous du seuil où les logements sociaux deviennent obligatoires selon le PLU en vigueur.
On peut ajouter un PC refusé, refus qui fait l’objet d’un recours du promoteur, en attente de décision du Tribunal Administratif : 22 avenue Diesse, pour 9 logements.
Darrigrand
Mais, après le Prissé, la plus grosse opération engagée par Alday est l’ancienne maison diocésaine, au 10 avenue Darrigrand. Toujours en partenariat avec HSA, mais inversé par rapport au Prisé : c’est Alday qui pilote l’opération, et qui vend (en VEFA sans doute) une partie des bâtiments à HSA. Un premier PC avait été refusé à Alday, qui prévoyait du logement « libre » et des bureaux.S’en est suivi des négociations tri-partites, municipalité, Evêché, Alday : les bureaux ont été remplacés par du logement social, et Alday a été chargé de construire la nouvelle Maison diocésaine.
Sur le site de l’ancienne Maison diocésaine, un foncier valorisé par l’Evêché… Quand l’Eglise spécule.
Dans le nouveau PC, accordé en juin 2024, que j’ai pu consulter, Alday construit 10 immeubles, dont 3 seront vendus à HSA. Il y a 124 logements pour Alday. Pour HSA, il y a une résidence étudiante de 71 PLS, un immeuble avec 19 BRS et le troisième avec 16 PLAI. La résidence étudiante rentre dans le décompte des logements sociaux, ce qui permet à Alday de respecter le pacte dit de « mixité sociale avec seulement 14 locations sociales sur 230 logements. C’est la mixité sociale à la sauce Etchegaray !
Le projet Darrigrand est encore en attente de commercialisation, et n’apparaît pas sur le site d’Alday.
Biarritz
Sur Biarritz, avec Beau Rivage, 4 appartements « de prestige » avaient été livrés en juin 2023.
Mais le projet phare d’Alday pour toute la CAPB, c’est évidemment Aguilera. Dans des conditions plus que contreversées (notamment l’intervention d’Alday lors du conseil municipal), la ville de Biarritz lui a attribué le marché du projet Aguilera. Sur son site, Alday annonce106 LLS (location sociale), 47 BRS (accession sociale), 97 libres (accession), dont au moins 40 pour la location à l’année.
Aguilera était le point de départ du Bab Luxe Tour d’Ostia le 15 juillet 2023
Lysiann Brao, élue écolo à Biarritz, avait rappelé pourquoi ce foncier était un bien public, un commun, et devait le rester. La totalité des logements devrait être du social (location et accession) et échapper ainsi au marché.
Main basse sur Anglet
Sur Anglet, Alday fait feu de tout bois. Il est partout, du luxe aux BRS. Une grande partie des pubs parues ces dernières semaines dans Sud Ouest concerne Anglet, en particulier Cap A Vita. Plusieurs opérations ontfait l’objet d’une page commune de pub le 16 août. Plus précisément :
Cap A Vita. 82 logements, livraison 4e trimestre 2027. 5 bâtiments, « cadre de vie idyllique ».
Amatiga, 96 meublés pour seniors
Clos des Cinq Cantons : 29 appartements en 2 bâtiments, livraison mai 2024. « Une pépite confortable »
Domaine des Cinq Cantons. 88 logements. Livraison 2e trimestre 2025. « Un programme neuf haut de gamme ». Livraison immédiate indiquée dans la pub du 16 août
Ecrin du Moura, 7 appartements et 2 villas « quintessence du vivre bien » « sérénité résidentielle ». Travaux imminents le 16 août
Les Portes d’Aguilera. 41 logements dont 12 sociaux (sous-traités à l’Office 64). Livrés à l’automne 2022
Villa Maharin, 14 maisons, Villa Baribelli rebaptisée dans la pub du 16 août
Alday-immobilier, c’était une série estivale de Sud Ouest. Qui est malheureusement interminable.
Patrick Petitjean, 25 août 2025
Sources : le site Alday-immobilier, le journal Sud Ouest et des promenades photographiques dans Bayonne
Les Spiritains viennent de trouver dans leur boîte aux lettres le n°2563 de « l’Echo de la Cité », la lettre de désinformation de la mairie de Bayonne. En date du 8 août, ce numéro concerne un projet tombé dans l’oubli depuis un an : le futur quartier sur la Rive Droite de l’Adour (RDA). Son contenu est très creux, mais sa publication était urgente : le 1er septembre, la lettre serait entrée dans les comptes de campagne pour les élections municipales, Un tel chiffre, 2563, nous renseigne aussi sur la communication d’Etchegaray.
La seule annonce nouvelle dans la lettre pour les habitants est la future occupation temporaire de 3 bâtiments du quai de Lesseps avant les prochaines municipales. Peut-être la lettre est-elle le début de la mise en œuvre des marchés publics pour la propagande (communication) sur ce projet RDA, dont j’avais fait état dans un billet il y a deux mois : https://lepimentbayonnais.fr/2025/06/28/960-000-euros-pour-la-communication-rda-et-encan/
L’information municipale bayonnaise comme production d’ignorance et d’opacité
Il y a peu, le 3 février 2025, la lettre n°2445 était glissée dans toutes les boîtes concernant la brigade de nuit de la police municipale. Le 20 février, le n°2455, destiné aux riverains de l’avenue Alsace Lorraine, annonçait des travaux de nuit. Le 3 juin, le n°2532 annonçait aux Spiritains une réunion publique dans le quartier.
Du 3 février au 8 août, soit 6 mois, si la numérotation est fiable, il y a eu 118 lettres de désinfo distribuées à différentes échelles, d’une rue à la ville entière. Soit, en moyenne, plus de 4 lettres par semaine dans un quelconque coin de la ville. Une débauche de papier, de travail des employés municipaux et d’euros.
La multiplication de telles lettres – en majorité ponctuelles – en direction des habitants relève d’une stratégie de communication assumée : une fragmentation totale de l’info municipale concrète, pour empêcher le « faire ville » comme Thatcher déniait le « faire société » à son époque. Ce n’est pas le magazine bimensuel, avec son enjolivement des actions municipales, qui peut former des citoyen-nes informé-es à même de prendre part aux débats municipaux.
Cette fragmentation fait disparaître le « en-commun », le « collectif » et, au final, produit de l’ignorance sur les politiques suivies par Etchegaray. Elle rend la ville opaque.
Par ailleurs, la loi rend obligatoire l’expression des groupes d’opposition dans la communication publique d’une municipalité. Cela se fait dans le magazine municipal, même de manière restreinte. Je n’ai pas remarqué les pages réservées aux oppositions sur le site internet de la ville, ce qui est sans doute illégal. De même, certains des 2563 numéros de l’Echo de la Cité sont certainement susceptibles de relever d’une obligation au pluralisme.
Cette fragmentation est aussi une manière de countourner l’obligation légale du puralisme politique,
Le grand projet RDA
La lettre insiste fortement sur le temps long nécessaire à un projet de cette envergure. L’ambition demande du temps, « patience et méthode ». Mais cela peine à justifier l’arrêt total du projet depuis plus d’un an. 2 ou 3 réunions publiques, des séances avec des écoles, entre le printemps 2023 et juin 2024, des centaines de posts sur un facebook dédié. Puis, plus rien. Aucun post depuis plus d’an an.
Güllet et Güller devaient rendre leur rapport (un plan-guide) il y a un an (et c’était déjà décalé) : mais silence, comblé par un hommage à ces spécialistes de « l’aménagement en bord de fleuve ».
La patience et le temps long ne viendraient-ils pas plutôt du retard pris dans les négotiations foncières avec l’Etat et la SNCF ? La CAPB ne sait toujours pas de quel foncier elle disposera réellement pour son projet.
La lettre vante un projet d’envergure en « liaison étroite avec les habitants », et dit vouloir « faire émerger collectivement un projet exemplaire enraciné dans les traditions de Saint Esprit ». « De nombreuses réunion (sic pour la faute d’orthographe) ont eu lieu »… Des phrases creuses, de la brosse à reluire pour les habitants et une inflation mensongère du nombre de réunions.
A vrai dire, sans que cela ne transparaisse publiquement, avec une lenteur dictée par les incertitudes, la CAPB avait lancé des études pour un urbanisme transitoire depuis plusieurs années, avec Plateau Urbain, auxquelles il a été difficile d’avoir accès. Ce sont ces études qui ont conduit au projet d’occupation temporaire des 3 immeubles du quai de Lesseps. Voir mon billet, où se trouve une présentation des études de Plateau Urbain. https://lepimentbayonnais.fr/2025/04/20/bayonne-quai-de-lesseps-vers-la-re-ouverture-frileuse-de-3-immeubles-debut-2026/
Trois marchés de maîtrise d’oeuvre avaient été conclus avec Soliha, le 25.10.24, un pour chacun des bâtiments (le 11b et le 14 quai de Lesseps, le 9b/16 quai de Lesseps / rue Sainte Ursule), pour un total de 85 639 euros TTC. Le 4e bâtiment proposé pour une occupation temporaire par Plateau Urbain, la biscuiterie au 17 quai de Lesseps, n’avait pas été retenu. La lettre précise que les appels d’offres pour les marchés de travaux vont être passés à l’automne, et que tout sera livré au printemps 2026 (avant les élections ?).
Pour présenter cette occupation temporaire, la lettre nous raconte une belle histoire, mais mensongère : Pour que « l’attente ne soit pas synonyme d’inertie », la ville et la CAPB ont souhaité faire « une occupation transitoire dans 4 immeubles nouvellement acquis ». Le hic, c’est que ces immeubles ont été acquis voici près de 15 ans par l’EPFL (Etablissement Public Foncier Local) pour le compte de la Ville ou de la CAPB. Comme la CAPB n’en faisait rien, l’EPFL a obligé la CAPB à les racheter il y a un an… récemment donc (!).
La lettre précise que « cette démarche préfigure les dynamiques futures du quartier – notamment dans les domaines du logement étudiant, de la culture, des solidarités – tout en assurant la vitalité du secteur et une prévention active contre le vandalisme et les dégradations ». On est dans la mauvaise foi la plus complète.
Cela fait plus de 10 ans que la Ville laisse les immeubles se dégrader, et n’a pas empêché que les locaux mis à la disposition du « Point d’accueil jour » deviennent insalubres. En guise de prévention du vandalisme » sans doute, la Ville a fait expulser l’association Maurizia qui avait mis en œuvre une occupation temporaire, analogue à ce qui est proposé aujourd’hui.
La lettre présente pour ces 3 bâtiments (dont un double immeuble) les 36 chambres d’étudiants, la ressourcerie, les bureaux administratifs qui étaient déjà dans les marchés de Soliha (voir le billet cité plus haut). Un flou subsistait sur la destination d’un local : la lettre précise qu’il s’agira d’« un atelier d’artistes dédié aux arts visuels ».
Le tout s’accompagne d’un baratin dithyrambique sur le succès de l’Atalante, les entrées record du Didam et les animations du Gaztetxe « qui nous incitent à développer un projet ambitieux pour cette rive ».
Cerise sur le gateau, la lettre promet, pour la suite, à moyen terme, des locaux pour l’association Etorkinekin et des espaces de danse partagés (dans la biscuiterie ?). Gageons que cela se retrouvera dans le programme municipal d’Etchegaray en mars 2026.
La torpeur (à défaut de sérénité) estivale basque a été troublée par la mise en lumière d’une tentative d’infiltration de 4 fêtes locales pour une association liée au milliardaire (et exilé fiscal) d’extrême-droite, Pierre-Edouard Stérin, déjà propriétaire du Biarritz Olympique. Cette association « Les Plus Belles Fêtes de France » (LPBFF) décerne un « label » et différentes aides contre cotisation, pour promouvoir la « France des légendes et des terroirs ». Elle est, bien sûr, apolitique, loin de toute idéologie.
Depuis quelques mois, Stérin apparaît régulièrement dans la presse nationale en raison de son projet affiché de consacrer ses milliards pour développer l’influence de ses idées libertariennes, catholiques et ultra-conservatrices. Il a été entendu à ce sujet par une commission sénatoriale à ce sujet. Il fait l’objet d’enquête judiciaires sur le financement de candidats RN lors d’élections récentes, en utilisant des prête-noms.
Mais l’existence du label LPBFF était restée discrète jusqu’à son apparition le 10 juillet au fil d’une série estivale (pour abonné.es) du journal L’Humanité : dans son n°42, on apprenait que Stérin, via son holding Otium était entré au capital de la société Studio 496, maison-mère de l’association LPBFF (mêmes dirigeants)
Le 25 juillet, un reportage de Politis (mais réservé aux abonné.es) « Pas de fachos dans nos fêtes de village », concernant le rassemblement annuel du MRJC mi-juillet, fait état de l’entrisme de Stérin dans les fêtes locales avec cette labellisation. A l’opposé, le MRJC appelle à défendre le rôle des fêtes de villages dans le lien social et la lutte contre l’extrême-droite.
Enfin le 28 juillet, dans un blog sur Mediapart, un mediateur culturel breton prend la défense du « Festival des filets bleus » à Concarneau, qui a 120 ans d’existence, et se tient en solidarité avec les marins. Il décrit les tentatives de l’association LPBFF de profiter des difficultés financières du festival pour y imprimer sa marque, comme dans un autre festival breton, « les Celtiques de Guérande ». Il dénonce la droite locale, totalement imbriquée avec les courants catholiques conservateurs.
Une enquête fouillée (article payant) dans Mediabask, publiée en fin de journée le 1er août est à l’origine de ces rebonds basques. Mais elle-même, quelle est son origine ? Une veille sur Politis, ou l’Humanité, ou Mediapart ?
Ou encore, un billet qui a circulé le 30 juillet sur la boucle whatsapp du Comité basque de soutien NFP, qui reprenait le blog de Mediapart, et le complétant en révélant les 4 fêtes labellisées LPBFF au Pays basque, avec une capture d’écran du site de LPBFF.. Un post reproduit sur d’autres boucles. Qui a sans doute atteint le maire d’Hendaye via des militants NFP d’Hendaye, ledit maire ayant par la suite expliqué qu’il avait délabellisé sa fête dès le 30 juillet.
Peu importe. Dès le 1er juillet, ville d’Hendaye se désengageait du label, estimant avoir été trompée.
Le 2 août, France Bleu publiait sa propre enquête, fouillée elle aussi.
Le 3 août, Hasparren se retirait à son tour du label. Le 4 août enfin, s’appuyant sur les enquêtes précédentes, Sud-Ouest en faisait sa Une et publiait son propre article.
Les réactions des 4 villes
Ces articles ont permis d’en savoir plus sur les manières de procéder de LPBFF, les motivations des villes pour demander le label, et leur réaction après la publicité (négative) faite début août.
Pour Hendaye (Hiri Besta) : il y avait l’opportunité de récupérer certaines subventions. On ne savait pas pour Stérin. « On s’est un peu fait avoir ». La ville avait vu passer une annonce sur un site officiel, avec des possibilités de subvention : « Les services finances et animation de la Ville ont repéré un appel à projets sur le site Aides et Territoires des services de l’État. Lorsque nos services ont pris contact avec l’association, nous pensions naturellement, puisque nous avions découvert l’appel via un site officiel de l’État, qu’il s’agissait d’un projet sérieux et d’un organisme fiable » (Sud Ouest, 5 août).
Pour Hasparren (Lehengo Hazparne) : C’est la 2e ville basque à avoir été contactée par LPBFF. A la clé, la promesse du futur guide Michelin des fêtes, 3 200 euros dont 1 200 pour un reportage photo. Mais pas de dispense pour payer l’adhésion. Une fois accordée, cette labellisation avait l’objet d’un article dans Sud Ouest le 25 juillet. Une semaine après, la ville se désengage avant d’avoir touché la subvention promise.
Pour Bidache : les organisateurs en entendent parler dans les médias. Tant qu’il n’y a pas de ligne idéologique imposée, l’arrière cour du label ne pose pas de problème. Les organisateurs se disent rassurés par la caution du Sénat et de Stéphane Bern (!). Pour eux, l’histoire ne se falsifie pas, Bidache n’est pas Puy du Fou. De signaler aussi le soutien de la députée socialiste, Colette Capdevielle.
Pour Espelette : le label est à l’origine du démarchage de la fête du piment. On leur a promis une adhésion gratuite, la réduction des droits à verser à la SACEM, une subvention de 2 000 euros, incluant un reportage photo et video pour 1200 euros, et la mention dans un futur guide Michelin des fêtes. In fine, le maire d’Espelette reconnaît un certain malaise : « ça ne me plaît pas du tout ».
Selon France Bleu, « la fête du piment fait alors partie des 12 premiers labellisés, avec la fête de Jeanne d’Arc d’Orléans ou encore le carnaval de Grandville dans la Manche. Le label est décerné début juin dans un salon du Sénat à Paris, lors une cérémonie à laquelle assiste Romain Casemajor. ».
Le lancement officiel du label le 2 juin au Sénat
Tous les détails sont dans ce communiqué officiel :
L’initiative est organisée par Laurence Garnier, sénatrice LR de Loire-Atlantique, qui coche toutes cases de la catho réac (anti-IVG, anti mariage pour tous, etc), pour laquelle le front républicain était une entreprise de confiscation démocratique. Ce lancement a bénéficié d’un reportage enthousiaste du site d’extrême-droite Boulevard Voltaire.
Si l’on en croit la majorité des 12 premières labellisation, les distributeurs du label semblent apprécier les reconstitutions historiques et les traditions gastronomiques. Plus largement, les 4 fêtes du Pays Basque retenues sont dans ce cas, comme les 60 labellisées dans cette première vague.
En période de vaches maigres les candidatures ont été nombreuses.
Selon le site officiel du label, https://www.lesplusbellesfetesdefrance.fr/ tout est lisse, désintéressé, neutre politiquement, pour sauvegarder notre patrimoine immatériel…
Officiellement le label a été lancé en 2024 pour « soutenir les fêtes locales, valoriser l’investissement des bénévoles et les savoir-faire locaux ». L’adhésion annuelle est de 150 eurs contre fournitures de services (formations, communication, signalétique, billeterie, visibilité,…) plus une éventuelle subvention jusqu’à 6 000 euros
L’association a 100 adhérents. Sur les 60 labels, dont 7 en Bretagne et donc 4 au PB. Dans l’agenda aussi, il y a le « toro de fuego » à Biarritz, mais non labellisé.
Les labels sont accordés par un comité d’experts (journalistes, élus, etc) réputé plein de cathos conservateurs, mais très opaque sur sa composition nominale.
Pour en savoir plus, et notamment sur la galaxie Stérin, il faut revenir sur les articles de Mediapart, Politis et l’Humanité.
Selon Thibault Farrenq, le fondateur du label, c’est « la première franchise des fêtes traditionnellese France ». Celui-ci a été suppléant lors des dernières législatives d’un candidat ciottiste/RN en Vendée. Politiquement neutre ?
Parmi la centaine de compagnie de la galaxie, on trouve Studio 496, maison-mère de l’association, fondé également par Farrenq. Otium est entré au printemps au capital de Studio 496. La compagnie se présente comme prestataire « évènementiel » pour le label. Mais une recherche de Radio France sur linkedln a mis en évidence que les collaborateurs du label sont aussi membres de Studio 496pour beaucoup.
Le label, à ses débuts, avait la même adresse que « Le Bien commun », pilier du mécénat d’inspiration conservatrice de Stérin.
Parmi les partenaires du label, on trouve aussi Neo.tv qui est la maison mère de Lou Media, financé par Stérin
Vigilance
Il faut vouloir débusquer des éventuels projets politiques derrière des actions de mécenat, particulièrement attirantes (les aides financières et la communication) quand les ressources financières habituelles s’amenuisent.
Stérin et ses amis choisissent des thèmes consensuels (l’éducation, la culture, la convivialité avec la Nuit du bien commun et les Fêtes de village), voire même populaires. Plus la façade se dit apolitique, plus la vigilance s’impose.
Mais il est des reconstitutions historiques, ou des célébrations, dont la neutralité politique n’est qu’un mince rideau. Comme l’écrit l’Humanité, « Des centaines d’événements labellisés, des dizaines d’autres sous franchise, des banquets franchouillards au pinard-saucisson… Avec ses billes dans Studio 496 et le Canon français, le financier du plan Périclès visant à faire gagner les droites extrêmes entend souffler la naphtaline sur les passions et émotions collectives. Mais quand le milliardaire articule ses investissements avec les objectifs idéologiques, politiques et électoraux décrits dans son plan Périclès, ce petit talent individuel tourne au grand danger public ».
Les méthodes suivies sont aussi révélatrices de l’existence d’une face cachée : dissimulation derrière de l’institutionnel (le Sénat, le site gouvernemental Aides et Territoires, la Gazette des Communes, etc). Comment être plus légitimé ? Appuis sur le guide Michelin aussi. Le récit du lancement du label au Sénat est exemplaire de ce point de vue
Tout est bon pour se créer des réseaux d’amis et attirer dans les filets de Stérin, avec l’influence idéologique qui va avec, que ce soit de manière camouflée ou plus directe.
La vigilance démocratique et indispensable, elle l’a encore montrée dans cette affaire.
Patrick Petitjean, 5 août 2025
Extraits du dossier de Politis en juin 2025
L’entourage du maire de Lyon, lui, décrit la stratégie du milliardaire : « Un vernis bienveillant qui cache une tentative de structurer un réseau conservateur. » « La philanthropie est le cheval de Troie parfait. Et, en France, son lien avec l’extrême droite est très peu documenté », regrette, de son côté, l’entrepreneure sociale, Alice Barbe. La Nuit du bien commun souhaite « engager la société, de façon ouverte, apolitique et aconfessionnelle, au service du Bien Commun », un camouflage.
« Nous avons compris qu’il y avait cette intention de truster le monde associatif en profitant de la précarité économique de ce secteur », dénonce Yoann Garreau, directeur de la Ligue de l’enseignement de l’Indre-et-Loire. Lors de l’édition de l’année dernière, une dizaine d’associations réunies au sein de cette fédération ont été approchées par la structure stérinienne. C’est à ce moment-là que la Ligue de l’Enseignement du département a sonné l’alerte.
Pour Yoann Garreau, l’objectif des Nuits du bien commun est « de créer au sein des associations lauréates un effet de dépendance avec des personnalités issues de l’écosystème Stérin ». Un point de vue fondée sur de la « spéculation », rétorque Thomas Tixier. « Périclès et la Nuit du bien commun n’ont aucun lien », affirme-t-il.
« Le monde associatif selon Stérin, ce sont des philanthropes qui décident de qui mérite d’avoir des donations », regrette Céline. Le tout, selon des critères très flous. Retenus sur dossier, les candidats doivent ensuite passer « un grand oral » devant un jury composé du comité de soutien de chaque ville partenaire, lequel est constitué d’entrepreneurs, d’élus locaux, etc. Jetant le trouble dans plusieurs villes sur le parcours politique de ces membres.
Une nouvelle stratégie d’entrisme pour celui qui veut faire gagner au moins 1 000 mairies à la droite et à l’extrême droite aux municipales l’an prochain et un nouveau volet de sa charité, à l’image des Nuits du bien commun. Ici, il s’agit de voler au secours des fêtes populaires qui disparaissent progressivement et manquent de soutien financier, grâce à un label qui promet 10 000 euros à la clé d’un processus de sélection.