Quand Stérin vient troubler nos fêtes locales

La torpeur (à défaut de sérénité) estivale basque a été troublée par la mise en lumière d’une tentative d’infiltration de 4 fêtes locales pour une association liée au milliardaire (et exilé fiscal) d’extrême-droite, Pierre-Edouard Stérin, déjà propriétaire du Biarritz Olympique. Cette association « Les Plus Belles Fêtes de France » (LPBFF) décerne un « label » et différentes aides contre cotisation, pour promouvoir la « France des légendes et des terroirs ». Elle est, bien sûr, apolitique, loin de toute idéologie.

Depuis quelques mois, Stérin apparaît régulièrement dans la presse nationale en raison de son projet affiché de consacrer ses milliards pour développer l’influence de ses idées libertariennes, catholiques et ultra-conservatrices. Il a été entendu à ce sujet par une commission sénatoriale à ce sujet. Il fait l’objet d’enquête judiciaires sur le financement de candidats RN lors d’élections récentes, en utilisant des prête-noms.

Son détournement de traditionnelles « Fête des voisins » en des « Nuits du bien commun » a également fait l’objet de polémiques et de rejets. Avec notamment un dossier (public) dans Politis début juin : https://www.politis.fr/articles/2025/06/saintete-business-et-extreme-droite-la-galaxie-cachee-de-pierre-edouard-sterin/

Mais l’existence du label LPBFF était restée discrète jusqu’à son apparition le 10 juillet au fil d’une série estivale (pour abonné.es) du journal L’Humanité : dans son n°42, on apprenait que Stérin, via son holding Otium était entré au capital de la société Studio 496, maison-mère de l’association LPBFF (mêmes dirigeants)

Le 25 juillet, un reportage de Politis (mais réservé aux abonné.es) « Pas de fachos dans nos fêtes de village », concernant le rassemblement annuel du MRJC mi-juillet, fait état de l’entrisme de Stérin dans les fêtes locales avec cette labellisation. A l’opposé, le MRJC appelle à défendre le rôle des fêtes de villages dans le lien social et la lutte contre l’extrême-droite.

Enfin le 28 juillet, dans un blog sur Mediapart, un mediateur culturel breton prend la défense du « Festival des filets bleus » à Concarneau, qui a 120 ans d’existence, et se tient en solidarité avec les marins. Il décrit les tentatives de l’association LPBFF de profiter des difficultés financières du festival pour y imprimer sa marque, comme dans un autre festival breton, « les Celtiques de Guérande ». Il dénonce la droite locale, totalement imbriquée avec les courants catholiques conservateurs.

https://blogs.mediapart.fr/yonatan/blog/280725/la-menace-sterin-plane-sur-le-plus-vieux-festival-breton

Au Pays basque

Une enquête fouillée (article payant) dans Mediabask, publiée en fin de journée le 1er août est à l’origine de ces rebonds basques. Mais elle-même, quelle est son origine ? Une veille sur Politis, ou l’Humanité, ou Mediapart ?

Ou encore, un billet qui a circulé le 30 juillet sur la boucle whatsapp du Comité basque de soutien NFP, qui reprenait le blog de Mediapart, et le complétant en révélant les 4 fêtes labellisées LPBFF au Pays basque, avec une capture d’écran du site de LPBFF.. Un post reproduit sur d’autres boucles. Qui a sans doute atteint le maire d’Hendaye via des militants NFP d’Hendaye, ledit maire ayant par la suite expliqué qu’il avait délabellisé sa fête dès le 30 juillet.

Peu importe. Dès le 1er juillet, ville d’Hendaye se désengageait du label, estimant avoir été trompée.

Le 2 août, France Bleu publiait sa propre enquête, fouillée elle aussi.

https://www.francebleu.fr/infos/politique/fetes-basques-labelisees-plus-belles-fetes-de-france-par-une-association-proche-de-l-extreme-droite-hendaye-se-retire-8616753

Le 3 août, Hasparren se retirait à son tour du label. Le 4 août enfin, s’appuyant sur les enquêtes précédentes, Sud-Ouest en faisait sa Une et publiait son propre article.

Les réactions des 4 villes

Ces articles ont permis d’en savoir plus sur les manières de procéder de LPBFF, les motivations des villes pour demander le label, et leur réaction après la publicité (négative) faite début août.

Pour Hendaye (Hiri Besta) : il y avait l’opportunité de récupérer certaines subventions. On ne savait pas pour Stérin. « On s’est un peu fait avoir ». La ville avait vu passer une annonce sur un site officiel, avec des possibilités de subvention : « Les services finances et animation de la Ville ont repéré un appel à projets sur le site Aides et Territoires des services de l’État. Lorsque nos services ont pris contact avec l’association, nous pensions naturellement, puisque nous avions découvert l’appel via un site officiel de l’État, qu’il s’agissait d’un projet sérieux et d’un organisme fiable » (Sud Ouest, 5 août). 

Pour Hasparren (Lehengo Hazparne) : C’est la 2e ville basque à avoir été contactée par LPBFF. A la clé, la promesse du futur guide Michelin des fêtes, 3 200 euros dont 1 200 pour un reportage photo. Mais pas de dispense pour payer l’adhésion. Une fois accordée, cette labellisation avait l’objet d’un article dans Sud Ouest le 25 juillet. Une semaine après, la ville se désengage avant d’avoir touché la subvention promise.

Pour Bidache : les organisateurs en entendent parler dans les médias. Tant qu’il n’y a pas de ligne idéologique imposée, l’arrière cour du label ne pose pas de problème. Les organisateurs se disent rassurés par la caution du Sénat et de Stéphane Bern (!). Pour eux, l’histoire ne se falsifie pas, Bidache n’est pas Puy du Fou. De signaler aussi le soutien de la députée socialiste, Colette Capdevielle.

Pour Espelette : le label est à l’origine du démarchage de la fête du piment. On leur a promis une adhésion gratuite, la réduction des droits à verser à la SACEM, une subvention de 2 000 euros, incluant un reportage photo et video pour 1200 euros, et la mention dans un futur guide Michelin des fêtes. In fine, le maire d’Espelette reconnaît un certain malaise : « ça ne me plaît pas du tout ».

Selon France Bleu, « la fête du piment fait alors partie des 12 premiers labellisés, avec la fête de Jeanne d’Arc d’Orléans ou encore le carnaval de Grandville dans la Manche. Le label est décerné début juin dans un salon du Sénat à Paris, lors une cérémonie à laquelle assiste Romain Casemajor. ».

Le lancement officiel du label le 2 juin au Sénat

Tous les détails sont dans ce communiqué officiel :

https://www.lesplusbellesfetesdefrance.fr/actualites/les-plus-belles-fetes-de-france-celebrees-au-senat

L’initiative est organisée par Laurence Garnier, sénatrice LR de Loire-Atlantique, qui coche toutes cases de la catho réac (anti-IVG, anti mariage pour tous, etc), pour laquelle le front républicain était une entreprise de confiscation démocratique. Ce lancement a bénéficié d’un reportage enthousiaste du site d’extrême-droite Boulevard Voltaire.

Si l’on en croit la majorité des 12 premières labellisation, les distributeurs du label semblent apprécier les reconstitutions historiques et les traditions gastronomiques. Plus largement, les 4 fêtes du Pays Basque retenues sont dans ce cas, comme les 60 labellisées dans cette première vague.

En période de vaches maigres les candidatures ont été nombreuses.

Selon le site officiel du label, https://www.lesplusbellesfetesdefrance.fr/ tout est lisse, désintéressé, neutre politiquement, pour sauvegarder notre patrimoine immatériel…

Officiellement le label a été lancé en 2024 pour « soutenir les fêtes locales, valoriser l’investissement des bénévoles et les savoir-faire locaux ». L’adhésion annuelle est de 150 eurs contre fournitures de services (formations, communication, signalétique, billeterie, visibilité,…) plus une éventuelle subvention jusqu’à 6 000 euros

L’association a 100 adhérents. Sur les 60 labels, dont 7 en Bretagne et donc 4 au PB. Dans l’agenda aussi, il y a le « toro de fuego » à Biarritz, mais non labellisé.

Les labels sont accordés par un comité d’experts (journalistes, élus, etc) réputé plein de cathos conservateurs, mais très opaque sur sa composition nominale.

Pour en savoir plus, et notamment sur la galaxie Stérin, il faut revenir sur les articles de Mediapart, Politis et l’Humanité.

Selon Thibault Farrenq, le fondateur du label, c’est « la première franchise des fêtes traditionnellese France ». Celui-ci a été suppléant lors des dernières législatives d’un candidat ciottiste/RN en Vendée. Politiquement neutre ?

Parmi la centaine de compagnie de la galaxie, on trouve Studio 496, maison-mère de l’association, fondé également par Farrenq. Otium est entré au printemps au capital de Studio 496. La compagnie se présente comme prestataire « évènementiel » pour le label. Mais une recherche de Radio France sur linkedln a mis en évidence que les collaborateurs du label sont aussi membres de Studio 496pour beaucoup.

Le label, à ses débuts, avait la même adresse que « Le Bien commun », pilier du mécénat d’inspiration conservatrice de Stérin.

Parmi les partenaires du label, on trouve aussi Neo.tv qui est la maison mère de Lou Media, financé par Stérin

Vigilance

Il faut vouloir débusquer des éventuels projets politiques derrière des actions de mécenat, particulièrement attirantes (les aides financières et la communication) quand les ressources financières habituelles s’amenuisent.

Stérin et ses amis choisissent des thèmes consensuels (l’éducation, la culture, la convivialité avec la Nuit du bien commun et les Fêtes de village), voire même populaires. Plus la façade se dit apolitique, plus la vigilance s’impose.

Mais il est des reconstitutions historiques, ou des célébrations, dont la neutralité politique n’est qu’un mince rideau. Comme l’écrit l’Humanité, « Des centaines d’événements labellisés, des dizaines d’autres sous franchise, des banquets franchouillards au pinard-saucisson… Avec ses billes dans Studio 496 et le Canon français, le financier du plan Périclès visant à faire gagner les droites extrêmes entend souffler la naphtaline sur les passions et émotions collectives. Mais quand le milliardaire articule ses investissements avec les objectifs idéologiques, politiques et électoraux décrits dans son plan Périclès, ce petit talent individuel tourne au grand danger public ».

Les méthodes suivies sont aussi révélatrices de l’existence d’une face cachée : dissimulation derrière de l’institutionnel (le Sénat, le site gouvernemental Aides et Territoires, la Gazette des Communes, etc). Comment être plus légitimé ? Appuis sur le guide Michelin aussi. Le récit du lancement du label au Sénat est exemplaire de ce point de vue

Tout est bon pour se créer des réseaux d’amis et attirer dans les filets de Stérin, avec l’influence idéologique qui va avec, que ce soit de manière camouflée ou plus directe.

La vigilance démocratique et indispensable, elle l’a encore montrée dans cette affaire.

Patrick Petitjean, 5 août 2025

Extraits du dossier de Politis en juin 2025

L’entourage du maire de Lyon, lui, décrit la stratégie du milliardaire : « Un vernis bienveillant qui cache une tentative de structurer un réseau conservateur. » « La philanthropie est le cheval de Troie parfait. Et, en France, son lien avec l’extrême droite est très peu documenté », regrette, de son côté, l’entrepreneure sociale, Alice Barbe. La Nuit du bien commun souhaite « engager la société, de façon ouverte, apolitique et aconfessionnelle, au service du Bien Commun », un camouflage.

« Nous avons compris qu’il y avait cette intention de truster le monde associatif en profitant de la précarité économique de ce secteur », dénonce Yoann Garreau, directeur de la Ligue de l’enseignement de l’Indre-et-Loire. Lors de l’édition de l’année dernière, une dizaine d’associations réunies au sein de cette fédération ont été approchées par la structure stérinienne. C’est à ce moment-là que la Ligue de l’Enseignement du département a sonné l’alerte.

Pour Yoann Garreau, l’objectif des Nuits du bien commun est « de créer au sein des associations lauréates un effet de dépendance avec des personnalités issues de l’écosystème Stérin ». Un point de vue fondée sur de la « spéculation », rétorque Thomas Tixier. « Périclès et la Nuit du bien commun n’ont aucun lien », affirme-t-il.

« Le monde associatif selon Stérin, ce sont des philanthropes qui décident de qui mérite d’avoir des donations », regrette Céline. Le tout, selon des critères très flous. Retenus sur dossier, les candidats doivent ensuite passer « un grand oral » devant un jury composé du comité de soutien de chaque ville partenaire, lequel est constitué d’entrepreneurs, d’élus locaux, etc. Jetant le trouble dans plusieurs villes sur le parcours politique de ces membres.

Une nouvelle stratégie d’entrisme pour celui qui veut faire gagner au moins 1 000 mairies à la droite et à l’extrême droite aux municipales l’an prochain et un nouveau volet de sa charité, à l’image des Nuits du bien commun. Ici, il s’agit de voler au secours des fêtes populaires qui disparaissent progressivement et manquent de soutien financier, grâce à un label qui promet 10 000 euros à la clé d’un processus de sélection.

Gentrification et peuplement à Bayonne

Bayonne n’est pas avare en envolées lyriques « nous sommes la seule ville basque à respecter la loi SRU ». Mais cela cache de moins en moins les priorités réelles pour les classes moyennes, au détriment du logement social locatif familial. Le bailleur social de la CAPB, HSA, se lance dans un nouveau (à Bayonne) « produit » : le logement locatif intermédiaire (LLI), à destination des classes moyennes aisées. Au regard de cette volonté de gentrification, le respect de la loi SRU apparaît comme un rideau de fumée.

Note : le dessin en Une, comme celui d’une barre d’immeubles plus loin dans le billet, sont repris d’un entretien avec Jean-Baptiste Eyraud, fondateur et toujours animateur du DAL, paru dans le journal Le Chiffon.

Il y avait peu de traces de l’existence des LLI dans les opérations immobilières de HSA à Bayonne. Mais des décisions récentes, le 17 juillet, du président de la CAPB, sont venues attirer l’attention : il s’agit d’accorder des garanties d’emprunt à HSA pour deux opérations immobilières, l’acquisition en VEFA de 16 LLI dans l’opération Zura (quartier Arrousets) et de 10 LLI dans l’opération Akoya, rue Maubec (photo ci-après, prise en décembre 2024).

Les LLI chez HSA

Dans les deux cas, Bouygues est le promoteur qui vend ses appartements en VEFA. Une aide à la commercialisation ? Pour Zura, 31 chemin du Trouillet, le PC prévoyait 18 appartements et 5 maisons ; 16 logements reviendront à HSA avec le statut LLI. Pour Akoya, 121 rue Maubec , 42 appartements sont programmés, livrables fin 2025, dont tous ne sont pas encore vendus. HSA en achètera 10 pour faire des LLI. Encore une fois, merci qui ?

Les premiers LLI étaient apparus à Bayonne dans le cadre d’une modification du programme de l’opération Prissé. Les 24 LLI actuellement présents dans le programme d’HSA n’existaient pas à l’origine. Ce programme comportait 70 logement familiaux, 88 BRS et 192 logements revendus à Alday, dont 53 étaient à prix « maîtrisés » (commercialisés par Alday avec le slogan « vous ne rêvez pas », vous pouvez devenir propriétaire avec un prix écrasé). Les 24 LLI ont été pris sur le contingent d’Alday., ce qui a réduit à 44 son nombre de « maîtrisés ».

HSA a ouvert un site pécifiquement consacré aux LLI : https://locationintermediaire.habitatsudatlantic.fr/residences

En plus des trois opérations déjà mentionnées, on en trouve une 4e : Zelena, 3 chemin d’Hargous (à côté de la MVC Saint Etienne). Selon le PC, le promoteur est AFC promotion, avec 3 maisons et 7 appartements. Son site confirme que l’ensemble, 10 LLI, est vendu en bloc à HSA. Merci HSA.

Enfin, dans son rapport d’activités pour 2024, HSA indique, sans plus de détail, que des LLI seront aussi programmés dans l’opération Citadelle.

Le dispositif national des LLI

Les LLI existaient depuis 2014, mais semblent n’avoir été que peu utilisés, sauf à Paris. Les gouvernements de 2024 ont relancé ce dispositif, et veulent en faire une pièce maîtresse pour loger les classes moyennes (y compris) aisées face à la crise du logement. Certains ministres ont même plaidé pour inclure les LLI au titre du logement social pris en compte dans la loi SRU. Pour l’instant, ce n’est pas le cas, mais vigilance…

Voir : https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/logement-locatif-intermediaire-institutionnel

Ce dispositif comporte plusieurs avantages fiscaux, notamment quand les LLI sont dans des « quartiers politique de la ville », ce qui est le cas d’Akoya rue Maubec.

Le dispositif est accessible à toute « personne morale » depuis la loi de finances 2024, en plus des « institutionnels ». Par exemple une SCI (2 personnes) est éligible. Ce dispositif est conseillé pour investir après la fin du « Pinel ».

Faire accéder à la propriété.

Les LLI sont un dispositif de plus qui cible les classes moyennes. Bien sûr, la crise de l’immobilier les touche aussi, et il est souhaitable que les politiques publiques du logement s’y attachent, à Bayonne comme ailleurs. Mais ce qui pose de plus en plus problème, c’est le déséquilibre qui s’accroit entre la place occupée par ce segment de la population et celle réservée aux milieux populaires.

La ville de Bayonne avait déjà, lors de la discussion du dernier PLH en 2019/2020 mis l’accent sur les logements « abordables » ou « à prix maîtrisé », amendant le projet de PLU pour faire diminuer la proportion de logements locatifs sociaux prévue sur la ville.

Les BRS

C’est un dispositif où le bâti et le foncier sont dissociés. Un futur propriétaire achète seulement le bâti, à un prix qui est de – 30% à – 40% au regard du marché libre. Mais il signe un Bail Réel Solidaire (BRS) avec un Office Foncier Solidaire (OFS), propriétaire du foncier, avec une redevance mensuelle en fonction du nombre de m2.

Le dispositif est récent et reste très controversé, même si l’unanimité existe pour louer son aspect anti-spéculatif.

Il y a des problèmes plus techniques, qui commencent à apparaître : reventes, successions,…

Il y a la question de la maîtrise du coût réel, au delà du prix d’achat : le montant de la redevance foncière et de sa durée (quand l’OFS est rentré dans ses frais).

Il y a la question de l’opacité de la sélection des candidats à l’achat, une fois constaté qu’ils sont éligibles (sous le plafond de ressources). L’attribution des logements locatifs se fait selon des critères très précis. Mais pour les BRS, c’est du commerce, donc à la discrétion des vendeurs.

Enfin, qui réellement bénéficie du dispositif ? Vu son caractère récent, on ne possède pas encore d’étude d’ampleur sur le niveau de ressources des heureux bénéficiaires, s’ils étaient locataires dans le parc public ou dans le parc privé, s’ils étaient primo-accédants ou avaient un appartement à vendre (au prix du marché actuel…).

Sont-ils vraiment accessibles aux ménages à bas revenu, et ceux-ci les utilisent-ils effectivement ? Les discours officiels l’affirment haut et fort. Mais, en même temps, le gouvernement a fortement relevé les plafonds, pour les rendre, inversement, accessibles à des revenus plus élevés.

Foncier Solidaire France, qui regroupe la plupart des OFS à l’échelon national, a constitué il y a moins de deux ans un observatoire national qui recueille les données sur les BRS, quelques dizaines il y a 2 ans et quelques milliers aujourd’hui. On en saura plus dans les prochains mois. Lors de leurs journées nationales 2025 ce mois-ci à Strasbourg, il a été confirmé qu’il y avait une grande dispersion des ressources des bénéficiaires, avec une médiane « moyenne ».

De son côté, Alda, dans l’édito de son dernier journal, affirme que les mécanismes innovants anti-spéculatifs, BRS et SCIAPP, « permettent aux ménages très modestes d’accéder à la propriété ». Espérons que ce n’est pas seulement un acte de foi dans ce dispositif.

La politique de peuplement à Bayonne

L’exemple de la rue Maubec

En parcourant le haut de la rue Maubec et les alentours du carrefour Matras pour y relever les PC affichés il y a près de trois ans, il sautait aux yeux que le logement social était quasi-absent. Tout était en accession libre, rarement avec la possibilité de PTZ. On pouvait dire cependant que deux cités populaires, Bédat et Citadelle, étaient à proximité. Pour Citadelle, c’est d’ailleurs fini, voir plus loin dans ce billet.

L’écologie est le prétexte avancé pour construire à proximité des transports « structurants ». C’est indéniable. Mais c’est une écologie pour qui ? On le voit dans la plupart des villes : la spéculation immobilière fait rage aux environs de ces lignes. Bayonne n’y échappe pas, et on ne peut pas dire que la ville cherche à contrôler le phénomène, hormi la limitation des résidences secondaires (pendant 15 ans), au contraire : sa politique de peuplement vise à attirer les classes moyennes. Voir, par exemple, ce billet antérieur :

La nouvelle citadelle

Lors du dernier conseil municipal le 17 juillet, le maire a vanté la forte proportion de logements sociaux dans le nouveau quartier citadelle à construire. Même chose pour HSA dans son rapport d’activité, qui n’hésite pas à mentionner les PLI parmi les futurs logements sociaux. En plus des logements étudiants, saisonniers, EHPAD et autres spécifiques.

Dans un précédent billet (la mort d’une cité populaire), j’avais pointé les mensonges concernant la démolition des 241 logements familiaux de cette cité, une démolition totale comme n’en fait plus l’ANRU (pourtant créée pour cela). La nouvelle citadelle est de la spéculation immobilière à l’état brut.

Les chiffres de ce billet étaient ceux donnés lors d’une réunion publique en décembre 2024. De nouveaux chiffres, plus précis, sont avancés pour la programmation de logements, toujours susceptibles d’être révisés quand les PC seront déposés : 81 PLAI (locatifs très sociaux), 107 PLUS (locatifs standards), 23 PLS familiaux (locatifs de qualité supérieure), soit un total de 211 logements locatifs familiaux; 110 PLS étudiants ; 70 BRS (accession sociale) ; 184 en accession libre. Soit un total de 575 logements, dont 68% de sociaux « officiels », toutes catégories confondues. Pour les familles par contre, la réalité est toute autre : entre l’ancienne et la nouvelle cité, on passe de 241 à 211 logements. En baisse donc : c’est bien un choix de peuplement.

27% de logements sociaux à Bayonne : un récit mystificateur et méprisant.

Il n’est pas un débat sur le logement et sur le PLUi où le maire et son adjoint ne mettent en avant les 27% de logements sociaux sur la ville, au contraire des autres villes qui ne respectent pas, et de loin, les 25% de la loi SRU. Ce récit est méprisant et doublement mystificateur.

Méprisant, car il pointe négativement le logement social comme une charge à partager avec les villes voisines, et non comme une réponse positive aux besoins sociaux. A elles de prendre leur part dans le logement des « cas sociaux »…

Mystificateur, car les logements sociaux ont été construits en grand nombre dans les années 1960 et 1970, et la municipalité actuelle vit de cette rente léguée par Grenet père. Sa politique vise à construire le minimum de logements sociaux qui permette de ne pas descendre en dessous de la barre des 25%. Selon les années, on oscille entre 26% et 28%. Et on y arrive… grâce aux BRS.

Mystificateur encore, car la définition de « logement social » a évolué au cours du temps. A l’origine, il s’agissait uniquement de logements locatifs, avec marginalement quelques PSLA. Mais, grâce à Macron en 2017, l’accession sociale de type BRS est prise en compte dans le contingent des 25% SRU. Et, dans beaucoup de villes, dont Bayonne, c’est l’explosion du nombre de BRS construits, avec la bonne conscience du « sociale » de l’accession sociale à la propriété.

Les 27% de Bayonne résultent de cette inclusion de l’accession sociale. Mais où en est le pourcentage des PLAI + PLUS et son évolution ????

Cette ruée vers les BRS se combine avec l’explosion aussi des logements sociaux spécifiques, dont l’utilité n’est pas contestable : résidences seniors et étudiantes. Cela a d’ores et déjà déséquilibré le bilan du PLH : les objectifs pour 2023 ont été remplis à 56 % pour les PLUI + PLUS, à 318 % pour les PLS (surtout des spécifiques) et 127 % pour les BRS.

Et ce, alors que les demandes de logements atteignent 14 499 au 31/12/23 sur toute la CAPB, en hausse, avec des attributions, en baisse qui représententt 12,6 % des demandes. Et ce sont des demandes de locations, et non d’accession à la propriété.

Le droit au logement, un enjeu déterminant pour les prochaines élections municipales

Le pouvoir macroniste a entrepris une politique systématique de destruction du logement locatif social et ne cherche pas à dissimuler ses choix en faveur des plus privilégiés. Cela met en difficultés des politiques publiques locales plus équilibrées en matière de logement, et encore plus les bailleurs sociaux. Il ne faudrait pas que les contraintes financières poussent les municipalités à se mettre dans le sillage des orientations nationales davantage que dans la réponse aux besoins réels des habitants.

Patrick Petitjean, 26 juillet 2025

Un SCoT flou et décevant

Une enquête publique concernant le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) Pays Basque & Seignanx est en cours, depuis le 23 juin jusqu’au 23 juillet. c’est un document de planification stratégique à long terme, qui fixe la stratégie d’aménagement et de développement qui s’imposera aux différents PLUi. Il est prescriptif, donc essentiel. Pourtant, malgré de belles intentions, il est décevant, très timoré, pas à la hauteur des enjeux du territoire.

Le SCoT est piloté par un Syndicat, composé d’élu.e.s qui représentent les deux agglomérations. Les documents produits sont supposés répondre aux défis des transitions (énergétique, démographique, etc), du changement climatique et de la raréfaction des ressources.

Le Syndicat reflète obligatoirement les intérêts divergents, voire opposés, de différents secteurs du Pays basque, notamment entre le littoral et l’intérieur, sur la vision du territoire à 20-25 ans. Sans doute est-ce là l’origine du flou de certaines prescriptions, comme relevé tant par des « personnalités publiques » que par la Sepanso-64.

Le SCoT, c’est ardu, cela comporte de nombreux documents, certains fort longs et très techniques. Au total, plus d’un millier de pages.

Les deux documents de base sont le Plan d’Action Stratégique (PAS) et le Document d’Orientation et d’Objectifs (DOO), dont l’introduction reste lisible.

Deux séries de réunions publiques ont été organisées au printemps et à l’automne 2024 pour présenter les grandes orientations et consulter les habitants. La photo ci-après est extraite du diaporama présenté à l’automne. Le bilan de ces « concertations » figure dans le dossier d’enquête.

Entre l’arrêt du projet de SCoT (qui a suivi les concertations) au début 2025 et l’enquête publique, les « personnalités publiques » ont été consultées, à leur tour, et ont rendu des avis qui figurent dans le dossier d’enquête. Ils sont parfois intéressants, émanant d’entité administratifs avec un certain degré d’indépendance vis-à-vis des élus (et de leurs intérêts électoraux). notamment du MRAe (Mission Régionale de l’Autorité environnementale)

Tous les éléments du dossier se trouvent sur le site du SCoT : www.scot-pbs.fr

On y trouve aussi l’accès au registre dématérialisé qui permet d’y laisser des contributions, et d’y lire les remarques déjà faites.

Figure déjà dans le dossier, la contribution de la Sepanso 64, la branche départementale de France Nature Environnement, la principale fédération française en matière d’environnement et la plus « institutionnalisée ».

En préalable à l’enquête publique, cette association avait envoyé au Préfet une lettre pour souligner la faiblesse réelle des ambitions, malgré l’affichage officiel, en matière de réquilibrage du territoire entre le littoral et l’intérieur du Pays basque. La Sepanso insiste notamment sur le caractère trop flou des préconisations pour les PLUi, dont l’élaboration est déjà très avancée, et dont le contenu risque donc de refléter ces insuffisances.

Cette lettre est une bonne introduction pour lire les éléments officiels du dossier.

Lettre de la Sepanso au Préfet

Monsieur le Préfet,

Je me permets de vous saisir au nom de notre association, au sujet du SCoT Pays basque-Seignanx arrêté le 20 janvier 2025 et qui est en attente des avis des personnes publiques associées.

De nombreux points énumérés ci dessous ignorent les lois ou négligent des enjeux essentiels pour l’avenir du territoire: cela exposerait ce document à divers recours, ce qui n’est pas souhaitable.

ENAF: la distribution des espaces dits NAF (Naturels Agricoles et Forestiers) doit respecter le SRADDET et le préambule du SCoT : mutualiser les espaces fonciers, solidarité territoriale, apaiser le littoral au profit du développement de l’intérieur du Pays basque, alors qu’il focalise sur la question foncière et touristique de court terme.

Le compte global (627 hectares) est conforme à la Loi Climat et Résilience et à nos calculs. En revanche l’attribution prévue aux 5 PLUi n’est pas cohérente avec les préceptes indiqués. Le Labourd qui est la plus petite province pourrait consommer jusqu’à 477 ha soit 76% du total.

Pourquoi attribuer tant de foncier aux douze communes soumises à la Loi Littoral, lesquelles ne peuvent pas construire en dehors des zones urbanisées ?

Où trouver des ENAF, hors trait de côte ou en dehors de rares protections ? Faut-il détruire les derniers poumons boisés de Biarritz, du Boucau, d’Anglet ou de Bayonne ? En contrepartie les 108 communes de l’intérieur n’auront droit qu’à 151 ha pour l’ensemble, et si certaines revendiquent la moitié de leur consommation, elle n’auront rien. Que penser des zones d’activités ou des projets photovoltaïques de plusieurs hectares nécessaires au développement de l’intérieur? N’oublions pas que l’article 194 indique que les communes qui ont très peu consommé peuvent bénéficier de la garantie communale d’un hectare. Cette garantie ne semble pas prise en compte dans la répartition.

Urbanisation : ce SCoT n’a pas défini non plus les limites d’urbanisation, bourgs, hameaux, villages, absence de précision sur leur densification, les zones de mitages, comme il aurait dû le faire ! Quid du développement du Port de Bayonne et de la zone de fret de Mouguerre?

Assainissement : de plus la Loi Climat s’oppose à la construction de nouvelles stations d’épuration, or l’assainissement, sursaturé, pollue les rivières, les plages et l’océan, menaçant partout la santé publique avec de nombreux cas, notamment chez les enfants, après une baignade. (…)

Transport : le littoral est saturé aussi en circulation, rien n’est dit sur la dé-carbonation des transports ou des transports alternatifs.

Logement : il y a 227 000 logements pour tout le territoire concerné et le but annoncé de 30 000 logements de plus sur le littoral est aberrant en l’absence de justifications*. Faut-il encore construire des résidences secondaires locatives alors que nos jeunes couples locaux ou les travailleurs saisonniers ne trouvent pas où se loger ?

*Le document est lacunaire sur la reconquête du parc vacant et sur la densification, absence d’évaluation et de précision sur les hébergements touristiques, sur les résidences principales, les résidences secondaires et les logements saisonniers, en fonction des trois zones de territoires.

Equité du territoire : la Soule est en décroissance de population, son besoin en zones d’activités est crucial, ce SCoT la condamne. Ainsi, alors que pour des communes qui ont beaucoup consommé (51ha Anglet ou 78 ha Saint-Pée-sur-Nivelle), perdre un ou deux hectares n’est pas significatif. (c’est à dire passer de 54 % à 56 % de baisse/exemple), en revanche l’inverse est primordial pour les communes peu consommatrices. C’est un problème majeur que poseront les élus de l’intérieur et de nombreuses associations locales non apaisées.

Il a été proposé en réunion, par la société civile, mais en vain, une baisse de 75% pour le littoral et le rétro littoral et de moduler le reste, en fonction des projets, aux autres PLUi de l’intérieur. On en est très loin.

Si le volume des surfaces d’espaces naturels agricoles et forestiers à consommer est conforme à la loi, sa répartition n’est pas, pour nous, adaptée à un avenir apaisé (comme le veut le DOO). Ce SCoT se décharge de ses obligations sur les futurs PLUi déjà prêts dans les starting-blocks, sur de nombreux autres points :

– Manque d’anticipation face aux changements environnementaux et climatiques auxquels le territoire doit faire face : effondrement de la biodiversité terrestre et marine littorale

– Utilisation d’un vocabulaire vague, allusif et non contraignant, empêchant les élus de formuler toute obligation ou toute contrainte

– Manque de précision sur les implications de certaines normes supérieures telle que la Loi Littoral, la loi Montagne, la DERU, le SRADDET, la loi sur l’Eau, la loi Climat /Résilience et la loi ZAN.

Les seuls intérêts des promoteurs immobiliers et forces sociales dominantes ne peuvent pas faire loi. L’Etat est garant d’un équilibre à trouver avec la nature dont la biodiversité essentielle et le climat. Le compte n’y est pas pour un document engageant à échéance de 20 ans.

Nous considérons que trop d’éléments de ce projet de SCoT sont insuffisants pour préparer l’avenir de la CAPB. (…)

Il y a donc urgence à intervenir, dès aujourd’hui pour rectifier ce projet de SCoT du Pays Basque et du Seignanx.

La protection de l’environnement (continuités écologiques, poumons boisés, qualité de l’eau…), l’équilibre du territoire en équité et solidarité, la préservation du littoral et de la biodiversité qui est indispensable à l’ensemble du Vivant-humain et non humain-, exigent selon nous une amélioration considérable de ce projet de SCoT. (…)

Une incitation à aller voir, et à contribuer.

Cela doit nous inciter à regarder de plus près le dossier soumis à enquête, et à y apporter éventuellement une contribution.

A suivre, avant la fin de l’enquête, d’autres éléments d’analyse et un passage en revue de quelques contributions.

Patrick Petitjean 14 juillet 2025

960 000 euros pour la com’ de la CAPB sur les secteurs RD Adour (Bayonne) et Encan (Ciboure)

Quai de Lesseps 28.10.2023

Depuis un an, on ne parlait plus du grand projet « Rive Droite de l’Adour », sur les 17ha qui vont quai de Lesseps du Didam au pont Grenet. Mais si le plan-guide est resté secret, l’argent de la communication pour ce projet est déjà sur la table. La CAPB a signé, début 2025, un ensemble de marchés d’un montant total de 960 000 euros, pour « concertation et communications pour les opérations d’aménagements de la CAPB ». Deux projets seulement sont identifiés et font l’objet de « fiches projet » : la Rive Droite de l’Adour (RDA) à Bayonne, et l’Encan à Ciboure.

Le conseil communautaire est informé à chaque séance de la liste des marchés passés. Ce sont des documents administratifs communicables, j’en ai demandé et obtenu copie.

Plus précisément, il s’agit de marchés « à bon de commande », conclus pour 4 ans. Un « Accord cadre » précise l’objet des marchés et le montant total prévu pour chaque lot. Mais un avenant ultérieur peut toujours en relever les montants. Les délais d’exécution sont définis dans les bons de commandes.

Il y a 3 lots, chacun divisé en 2 marchés, pour le cas où le titulaire du 1er marché ne soit pas à même de répondre à la demande de prestation, qui passerait alors à celui classé second.

Les trois lots portent sur :

  • conseil et mise en œuvre de la communication d’un projet d’aménagement.
  • conseil et mise en œuvre de dispositifs de participation citoyenne.
  • réalisation de vidéos.

Les 4 premiers lots sont de 200 000 euros, et les deux pour les vidéos de 80 000 euros chacun.

Il est explicitement écrit dans le chapitre sur le développement durable de l’accord cadre : « il n’est prévu aucune obligation environnementale dans lee cadre de l’accord-cadre ». Des obligations sociales éventuelles ne sont même pas mentionnées.

Un « Cahier des Clauses Administratives Particulières » fixe les conditions d’exécution des prestations. Trois « Cahiers des Clauses Techniques Particulières » détaillent l’objet de chacun des trois lots.

Devant l’Atalante, 18 octobre 2023

A travers le CCTP sur la participation citoyenne.

Plusieurs formats de « participation citoyenne » sont évoqués : réunion publique, ateliers, enquête, forum du projet, visite de site, rédaction d’un vademecum. Du très classique.

CCTP p.4

Les deux premiers donnent bien la philosophie de cette « participation » : une bonne appropriation, l’acceptabilité, la notoriété. En 4 vient quand même l’expression des attentes. Plus loin, le renforcement du sentiment d’appartenance. Mais où donc est la participation ?

CCTP p.5
CCTP p.6

Rien sur la prise en compte de la parole es habitants, ce n’est pas ce qui importe

La ligne générale ne se cache pas : informer, valoriser et faciliter l’adhésion au projet. Comme souvent, la participation n’est qu’un prête nom. Les agences de conseil en ce domaine mélange abondamment communication et participation, peu ont une véritable expertise séparée en participation. c’est le cas de l’agence retenue, en première ligne, Neorama.

Néorama, justement, qui était déjà en charge de la « concertation » sur le PLUi de l’ACBA, qui a été présentée comme exemplaire par le maire-président lors des débats au conseil municipal et au conseil communautaire.

Qu’en a-t-il été réellement ? Une première réunion au siège de la CAPB, j’y étais, avec 5 ou 6 panneaux thématiques, sur lesquels les présents devaient mettre des post-its avec des remarques. 20 à 30 personnes, pas plus, qui ont ensuite entendu une présentation d’Etchegaray dans le hall d’entrée (du moins pour le petit nombre qui était resté). On peut supposer un centaine de pos-its. Ensuite, il y a eu des stands d’infos dans une dizaine de lieux. Puis une séance finanle au siège de la CAPB, où a été présenté le diaporama auquel les élu.es ont eu droit par la suite. Cela s’appelerait « concertation réussie »…

Donc, on aura affaire de nouveau à Neorama. Loin donc d’une co-construction, ou simplement d’un débat public sérieusement organisé.Mais, est-ce une ouverture, Néorama affiche, pour ce marché, un partenariat avec une autre agence, Deux Degrés, qui, d’après son site, à des références plus pointues en matière de participation. A suivre donc même donc.

Il reste que, et Peio Etcheleku (PNB) l’avait fait remarquer lors du conseil communautaire où ces marchés sont sortis de l’ombre, est-il vraiment indispensable, en particulier pour ce prix, d’avoir recours à des agences conseils, plutôt que de faire monter en compétence les services de la CAPB sur ce créneau ?

Patrick Petitjean, 28 juin 2025

Du quai de Lesseps (Bayonne) au quai d’Austerlitz (Paris)

Quai de Lesseps au bord de l’Adour à Bayonne, et quai d’Austerlitz au bord de la Seine à Paris : rien à voir à première vue, mais les deux situations sont reliées par l’urbanisme transitoire. Ici, quai de Lesseps, le récent scandale de la manière dont le PAJ est traité et le gâchis des immeubles à l’abandon depuis des années, au mieux destinés à des logements provisoires pour étudiants, loin de l’esprit d’un urbanisme transitoire solidaire. Là, quai d’Austerlitz, Les Amarres, un tiers-lieu solidaire et festif qui va fermer ses portes début juillet

Les Amarres, un tiers-lieu solidaire et festif quai d’Austerlitz

Ce tiers-lieu va larguer les amarres le 5 juillet, après 4 ans d’existence. C’était un « Point d’Accueil Jour », une cantine populaire, le siège d’une douzaine d’associations solidaires. Ce fut un lieu de soir »es culturelles et festives, un lieu de rencontres militantes. Il avait notamment hébergé une rencontre nationale du réseau « maisons accueillantes » à laquelle une délégation d’Etorkinekin avait participé.

Dans son bilan, en forme d’une auto présentation, les Amarres écrivent :

« De 2021 à 2025, les Amarres ont pris vie dans les anciens bureaux du port autonome de Paris, sur les quais de Seine, et sont progressivement devenus un lieu incontournable des luttes pour les justices sociales. Porté par les associations Aurore et Yes We Camp, ce tiers-lieu solidaire et culturel s’est donné pour mission de créer un espace d’hospitalité, de convivialité et de rencontre entre des publics très variés.
Chaque jour, ce lieu unique a accueilli plus de 300 personnes en parcours migratoire (hommes, femmes, enfants), des travailleur·euse·s d’une trentaine d’associations engagées dans l’accompagnement des personnes exilées, et des milliers de visiteur·euses venu·e·s participer à une programmation culturelle engagée et inclusive.
Ce projet a suscité un véritable engouement. De nombreuses associations, collectivités, écoles, entreprises de l’ESS et porteurs de projets sont venu·e·s visiter ce lieu et s’en inspirer. Son équilibre singulier, entre social, culturel et citoyen, en a fait un laboratoire pour imaginer la ville inclusive et solidaire de demain ».

Aurore – un peu l’équivalent d’Atherbea – et Yes We Camp étaient avec Plateau Urbain les moteurs des Grands Voisins à l’ex-hôpital Saint Vincent de Paul, à Paris 14e il y a une dizaine d’années.


Le Point Accueil Jour (PAJ) de Bayonne

Sud Ouest et Mediabask se sont faits l’écho du cri d’alarme lancé par le PAJ le 18 juin, à l’issue de son assemblée générale. Le PAJ accueille des personnes en situation de précarité pour une bagagerie, des douches, des lessives, des recharges de téléphones, de la chaleur humaine. Le PAJ, c’est aussi 80 bénévoles.

Près de 37 000 personnes y sont passées en 2024, presque deux fois plus qu’en 2021 après le covid.

Le PAJ occupe un immeuble traversant entre le quai de Lesseps (l’ancien bar-tabac-PMU Le Vincennes) et la rue Sainte Ursule (le local initial, auquel Le Vincennes s’est ajouté en décembre 2020). A l’image de la plupart des autres immeubles du quai de Lesseps, il était propriété de l’EPFL depuis une bonne dizaine d’années, puis revenu récemment dans le giron de la CAPB. Tous étaient à l’abandon, sans entretien, se dégradant. Un immense gâchis. Certains, comme celui-là servaient de locaux provisoires

Installations électriques vétustes, placards moisis, murs troués, cafards, … des conditions d’insalubrité indignes tant pour les « passagers » que les bénévoles.

Des locaux pérennes avaient été promis par la ville : un pôle social, dans le cadre du projet « Rive Droite de l’Adour » sur lequel elle a beaucoup communiqué il y a deux ans, avant que le silence ne retombe depuis un an. Ce pôle social était promis dans un délai de deux ans, aujourd’hui allongé à 4 ou 5 ans, d’après une affirmation de l’adjoint Arnaud Fontaine à Mediabask. Ce qui est une (mauvaise) plaisanterie, vu que le projet est plutôt annoncé pour 10 ou 15 ans. Une manière de se moquer du PAJ

Urbanisme transitoire ?

Je n’aurais pas parlé de ce tiers-lieu parisien, si le maire de Bayonne ne s’était pas réclamé de l’urbanisme transitoire, en faisant appel à Plateau Urbain pour un aménagement transitoire du quai de Lesseps. Tout en ayant expulsé le collectif Maurizia qui avait squatté un immeuble encore en bon état pour en faire un tiers-lieu. Voir ce billet : https://lepimentbayonnais.fr/2023/05/30/soutenir-le-projet-maurizia/

J’ai présenté le travail de Plateau Urbain, et le « très peu » qu’en avait retenu la ville : des logements étudiants. La ville n’a jamais fait de publicité sur le travail de Plateau Urbain, dès fois que cela donnerait des idées aux associations locales.

Dans ses propositions, il y avait un esprit proche de celui des Amarres, en s’appuyant sur des associations comme la Table du Soir, le Point Accueil Jour, Atherbea, déjà présentes sur le quai de Lesseps. Mais le maire n’en a prtiquement rien retenu.

Voir le billet : https://lepimentbayonnais.fr/2025/04/20/bayonne-quai-de-lesseps-vers-la-re-ouverture-frileuse-de-3-immeubles-debut-2026/

Yes We Camp, partenaire habituel de Plateau Urbain aurait pu mettre en musique un tel projet.

https://yeswecamp.org/

Curieusement, dans la brochure 2025 de Yes We Camp, on trouve la mention d’un travail réalisé à Bayonne pour un cabinet d’architecture, UOA. Ou pour la mairie ? Mais aucune trace nulle part.

Tous les ingrédients des Amarres sont présents quai de Lesseps. Mais que peut-on attendre d’un maire si loin des valeurs qui peuvent être mises en œuvre dans cet urbanisme transitoire ? Vivement que Bayonne puisse respirer.

Patrick Petitjean, 25 juin 2025

L’extension de Belharra : touchée, mais pas coulée

Le commissaire enquêteur a rendu un « avis favorable sous réserve » lors de l’enquête publique qui s’était déroulée en avril dernier concernant une extension de la clinique Belharra dans le secteur du Prissé à Bayonne. Il a accepté que la CAPB ne suive pas l’appel du Préfet à la sobriété foncière. Mais l’extension cachait un hôtel touristique, et c’est ce point qui a provoqué la réserve du commissaire. Une réserve a un caractère obligatoire pour le porteur de projet.

Sous le nom « Institut du sport et du vieillissement et hébergements liés », le projet se situe à proximité immédiate de la clinique Belharra (Ramsay), de l’autre côté de l’avenue du Prissé. Plus précisément, en limite de Saint-Pierre d’Irube, à l’angle du chemin de Juppiter et de la rue de Hiriarte. L’emplacement choisi fait 1 ha, une partie en terrain remanié et l’autre en espaces végétalisés. Le projet comporte 3 bâtiments : l’institut proprement dit, un parking en silo et un hôtel, dont la vocation touristique était cachée dans le dossier initial d’enquête : il était simplement présenté comme un « hébergement hospitalier », avec une centaine de chambres, 1 restaurant de 100 couverts, 2 salles de réunion de 100 places.

Le préfet avait relevé cette cachotterie lors de la consultation préalable à l’enquête publique. J’avais fait état des controverses soulevées par ce projet dans un billet de blog :

L’avis final (en entier) du commissaire enquêteur

Le commissaire enquêteur émet

un avis favorable sous réserve :

d’une part, que le nombre de chambres de l’hôtel hospitalier non médicalisé soit réduit de vingt cinq (25) afin d’être ramené à soixante neuf (69) et d’autre part, que le nombre d’emplacements du parking silo soit diminué de vingt cinq places (25) afin d’être fixé à cent trente cinq (135) et par voie de conséquence, de modifier l’orientation d’aménagement et de programmation ainsi que le règlement d’urbanisme de la zone 1AUg pour les conformer aux nouvelles limites quantitatives mentionnées ci-avant.

En outre, le commissaire enquêteur recommande :

qu’à l’occasion de l’installation d’une clôture par le propriétaire de la parcelle jouxtant le terrain supportant le projet, le dispositif technique adopté ne fasse pas obstacle au déplacement de la faune à l’égard de laquelle la couverture boisée de feuillus propre au talweg lui sert d’habitat ;

que le texte modifiant l’exposé des motifs du rapport de présentation du plan local d’urbanisme de la commune de Bayonne, soit remanié pour y introduire davantage de clarté sur la portée de la mise en compatibilité du document d’urbanisme rendue nécessaire par le projet de création de l’institut du sport et du vieillissement et hébergements liés.

Un avis plus nuancé qu’il n’y paraît sur le fond du dossier

Il faut d’abord noter une très faible participation du public à l’enquête, même si, comme d’habitude, le commissaire enquêteur (CE) note plusieurs dizaines de visites sur le site où figurait le dossier. Il y a eu 6 avis succincts pour soutenir le projet, dont celui du directeur de la clinique Belharra. J’avais de mon côté déposé un avis défavorable reprenant les éléments de mon billet de blog.

Les « nuances » du CE, au-delà de l’« avis favorable sous réserve » ressortent dans les questions qu’il pose à la CAPB, à partir de différentes remarques faites par les parties prenantes publiques, remarques que j’avais aussi reprises.

Malgré ces questionnements, et avant de les regarder plus en détail, les conclusions du CE vont dans le sens de la CAPB. Il valide l’intérêt général du projet, dont l’absence de conséquences sur l’environnement.

Il commence par écarter, sans en discuter, les critiques qui relevaient la convergence d’intérêts économiques entre Ramsay, propriétaire de Belharra, et Aedifim, le promoteur immobilier porteur du projet : elles sont sans objet concernant l’intérêt général.

Il passe aussi très rapidement sur les problèmes de circulation dans le quartier Belharra, déjà très congestionné, alors que de nouvelles constructions sont déjà en cours.

Le CE reprend à son compte l’orientation de la CAPB, à savoir développer la centralité de Bayonne en matière de santé. Malgré le caractère ancien (qu’il reconnaît) du modèle de développement. Dans une réponse aux remarques faites lors de l’enquête publique, la CAPB avait une fois de plus lourdement insisté sur la polarité bayonnaise, lui attribuant même un rôle déterminant dans l’installation de maisons médicales, encore avec Aedifim, dans l’intérieur du Pays basque.

Le CE défend la « constitution de pôles de santé comme vecteur de renforcement de sa centralité au sein du territoire de la Côte basque apparaît cohérente avec, d’une part, les objectifs de l’actuel projet d’aménagement et de développement durable (…). Les éléments d’information produits dans le dossier démontrent a contrario que le futur institut apportera sa « nouvelle pierre » à la construction d’un parcours de santé coordonné et pluridisciplinaire au bénéfice des populations concernées dans le contexte de croissance démographique constaté sur le territoire et des besoins émergents liés au vieillissement concomitant de la population« .

Les 5 questionnements du commissaire enquêteur

Le positionnement de l’hôtel

Le CE fait remarquer que l’hôtel, situé à l’angle Juppiter / Hirirate sera « la figure totémique » de l’Institut », le bâtiment médical étant dans une partie plus discrète. L’important semble être d’attirer les clients. Au point que, note le CE, « une telle organisation spatiale pourrait desservir les arguments avancés dans le dossier en faveur de l’intérête général du projet, cet intérêt général se déportant sur l’équipement touristique ». Et paf !

La réponse de la CAPB : la localisation choisie, au sud de la parcelle, permet une ambiance plus végétale et plus apaisée pour les patients. Mais les deux positionnements ont des avantages et des inconvénients. Il n’y a pas de raisons techniques particulières conte l’un ou l’autre scénario, chacun est envisageable.

Une ouverture de façade ?

Le modèle économique de l’hôtel.

La CAPB entend solliciter un classement *** pour l’hôtel. Le CE compare le prix moyen d’une nuitée en *** à Bayonne (81 euros) au prix conventionné de l’hébergement temporaire contractualisé avec l’ARS, soit 80 euros. Le CE s’inquiète de la « moindre performance économique due à un taux de fréquentation moyen »

La réponse de la CAPB : le prix de référence est en réalité de 115 euros pour une offre hotelière liée à des établissements de santé, selon la plate-forme spécialisée My Hospitel. Les chambres seront utilisées en priorité par la clinique, l’institut, les EPHAD voisins, et seulement en complément par une clientèle loisirs / affaires.

Donc, pas de souci ?

Le montage médical et financier

Le CE s’inquiète du flou persistant y compris sur la relation avec Ramsay. D’après le dossier, l’Institut répond à « une demande de praticiens spécialistes (…) réunis au sein d’une copropriété dont les lots seront acquis par les médecins intervenant dans l’Institut ». « Le CE souhaiterait que lui soit précisées quelles seront les spécialités médicales ayant vocation à acquérir les lots de l’Institut, et s’il est prévu, en outre, une dévolution de lot(s) à la clinique Belharra ? ».

La réponse de la CAPB : elle donne une liste des futurs acquéreurs des cellules médicales de l’institut. 60% d’entre eux ne travaillent pas en lien avec Belharra. La clinique n’est pas partie prenante en tant que telle. C’est une structure inter-établissements.

La proximité géographique avec Belharra serait presque un hasard ?

De quoi l’Institut est-il le nom ?

Le CE relève que dans les différents documents du dossier, l’Institut apparaît avec des noms variables. Et il interroge : « Malgré le fait que les champs sémantiques de ces appellations sont similaires, leurs variétés autoriseraient à penser que le concept du projet médical ne serait pas parvenu à sa pleine maturité. Qu’en est-il précisément ? »

Qu’en termes galants ces choses là sont dites…

La réponse de la CAPB : Le nom a été fluctuant, mais le concept médical, lui, est totalement défini. Le nom officiel (mais provisoire) est celui qui figure dans le titre de l’enquête publique, le nom officiel définitif reste à définir.

Tout est donc pour le mieux.

La localisation du projet : pourquoi pas sur l’actuel parking en surface de Belharra ?

Le CE se réfère à l’avis du préfet qui « relève que le seul critère retenu, à savoir l’absence de facteur favorable à la mutation de l’emprise actuelle de la clinique Belharra quant aux financements ou à sa stratégie interne, ne peut être opérant au regard de la politique publique de sobriété foncière. Le préfet estime que la densification du site devrait rester l’option préférentielle pour son développement ».

La CAPB avait répondu au préfet, avant même l’enquête publique, que le projet d’Institut était « indépendant » de la clinique Belharra. Mais cela n’a pas convaincu, loin de là, le CE qui détaille tous les liens qui apparaissent dans le dossier : « tous ces éléments rendent compte d’une interdépendance entre le futur institut et la clinique, et de la reconnaissance d’un intérêt réciproque ». Et de conclure que remplacer le parking en surface de la clinique par un parking en silo permettrait de dégarer de l’espace pour un nouveau bâtiment médical. Ce que le préfet proposait.

La réponse de la CAPB : elle fait semblait de croire que la question du parking est essentielle, il n’y a rien sur la sobriété foncière. Ainsi, elle nie que le silo contenu dans le projet puisse répondre à une demande de parking supplémentaire de Belharra. Le silo à voitures est la bonne solution pour économiser l’espace (mais qui le nie?) dans ce projet. Sinon, la CAPB se contente de répéter que la solution du préfet est impossible parce que « foncier privé appartenant à la clinique, manque de financements et stratégie interne à la clinique » et que, de toute façon « le projet d’institut est bien indépendant de la clinique Belharra depuis sa genèse, tout en se réalisant en lien et en complémentarité avec la stratégie de déploiement de l’offre de santé sur le grand pôle de santé organisé autour de Belharra ».

Bref, indépendant, mais pas trop, de Belharra.et on ne voit pas en quoi cela empêche la sobriété foncière. Et puisque Ramsay ne veut pas densifier sur son parking de surface, la CAPB lui dit amen.

Les chambres touristiques ne passent pas

Dans ses conclusions finales, le CE n’insiste pas sur la localisation proposée par le préfet, il n’est pas satisfait des réponses de la CAPB. Tout en réaffirmant que le projet d’institut « est sans incidence négative sur l’environnement », il inclut une recommandation (voir au début) sur les facilités à conserver pour la circulation de la faune.

Sans en faire une recommandation, il maintient fermement sa demande de permutation des emplacements du bâtiment médical et de l’hôtel : « le positionnement ‘totémique’ de l’hôtel hospitalier non médicalisé et la dissimulation derrière le rideau végétal de l’institut ne sont pas menacés par la solution inverse donnerait à l’institut une visibilité signalant efficacement la vocation médicale du lieu ».

Sur la question de l’hôtel et des multiples fonctions qu’il serait susceptible de remplir, le CE revient sur les arguments de la CAPB dans une longue analyse (plusieurs pages et tableaux) de la situation hôtelière à Bayonne, des fréquentations des cliniques et EHPAD voisins, de la durée des séjours hospitaliers, etc. Selon la CAPB, cela nécessiterait 30 chambres pour Belharra, 25 pour l’institut, et 25 pour le tourisme, soit un total de 80, ou encore 94 chambres avec un taux d’occupation évalué à 85%. Selon le CE « la prise en compte de l’économie touristique à travers la problématique de l’offre hôtelière bayonnaise traduit une approche plutôt basée sur une opinion générale, que les faits observés, quant au taux d’occupation hôtelière de Bayonne, ne corroborent pas, ce qui rend inopportun au regard de cette enquête la prise en compte d’un besoin de 25 chambres d’hôtel au titre du tourisme ».

Pour résumer : « Le programme immobilier est surdimensionné, car il prend en compte des besoins subsidiaires non directement liés au projet d’offre de soins orthopédiques et gériatriques ». D’où la réserve : réduire de 25 chambres la capacité de l’hôtel, pour s’en tenir à l’hébergement directement lié au projet médical.

La suite s’écrira prochainement au conseil de la CAPB : Etchegaray fera-t-il appliquer la réserve, ou passer outre, comme il l’avait fait après l’avis négatif de la CE concernant l’urbanisation du Sequé 4 ?

Patrick Petitjean, 18 juin 2025

Bayonne va-t-il pouvoir respirer ?

Lors d’une conférence de presse le 11 juin, la démarche de construction d’une liste citoyenne pour les prochaines élections municipales à Bayonne dans 9 mois a été présentée par un collectif regroupant des personnes engagées dans la vie de la cité, membres ou non d’associations et de partis politiques. Après des dizaines d’années de pouvoir du clan des Grenet et héritiers, les gauches se rassemblent, avec leur diversité, politique et sociale pour faire souffler un air vivifiant.

Comme indiqué lors de la conférence de presse, il s’agit d’une démarche ouverte, destinée à s’élargir à de nouvelles composantes de la gauche, mais surtout aux habitants eux-mêmes. Par leur présence, Demain Bayonne / Bihar Baiona, Baiona Verte et Solidaire, EH Bai, PS, Les écologistes, Place Publique, Gauche EcoSocialiste et NPA ont dores et déjà apporté leur soutien à la démarche.

Lors des élections précédentes, trois listes de gauche s’étaient prsentées pour les premiers tours, se regroupant tant bien que mal pour les seconds tours, sans grande cohérence, et donc vouées à l’échec.

Avec une liste de rassemblement dès le premier tour, impliquant les trois listes de 2020, c’est la cohérene qui est recherchée. Et, plus que tout, une dynamique citoyenne portée par une association (qui va se constituer) où l’on adhère à titre individuel, et où les partis soutiennent, mais restent en retrait.

Des groupes de réflexion sont au travail sur le programme et la future campagne. On peut déjà prendre contact : baiona2026@gmail.com

Patrick Petitjean, le 15 juin 2025

Le texte remis à la presse le 11 juin

Nous prenons aujourd’hui la parole pour rendre compte d’une démarche en construction,

  • Fondée sur des valeurs telles que la solidarité, la justice sociale, la démocratie locale, l’intérêt collectif, la participation citoyenne, l’égalité entre les femmes et les hommes
  • Fondée aussi sur des visions partagées concernant la mise en œuvre de la transition écologique, la défense des services publics, la promotion de l’euskara, l’évolution institutionnelle du Pays Basque, le refus du racisme et de toutes formes de discriminations
  • Et visant sur ces bases, la constitution d’une liste citoyenne et participative, rassembleuse des sensibilités de gauche, à l’occasion des prochaines élections municipales et communautaires sur la ville de Bayonne.

Nous sommes ici les porte-parole d’un collectif de près de 100 personnes aux profils variés :

  • Beaucoup ont participé à l’une des 3 candidatures de gauche, citoyenne des élections de 2020 et d’autres ont eu d’autres parcours, ici ou ailleurs
  • Certains participent à des discussions depuis 3 ans, d’autres depuis un an ou encore plus récemment
  • Certains sont membres d’un mouvement politique, d’autres sont impliqués dans des associations bayonnaises déjà parties prenantes de la vie municipale ou d’autres encore se sont engagés individuellement.
  • Parmi les organisations engagées à ce stade dans la démarche, sont représentées au cours de cette conférence de presse :
  • Association Demain Bayonne / Bihar Baiona
  • Association Baiona Verte et Solidaire / Baiona Berdea eta Elkarkidea
  • Parti socialiste
  • Euskal Herria Bai
  • Les écologistes
  • Place Publique
  • Gauche Eco Socialiste

Cette démarche reste totalement ouverte et cette liste n’est en rien exhaustive.

L’objet de cette prise de parole aujourd’hui consiste à communiquer sur cette démarche et inviter toutes celles et ceux qui croient à la pertinence d’un rassemblement dès le 1er tour, à la rejoindre.

Rassemblement : Pourquoi ?

  • La forte motivation à vouloir montrer que l’on peut gérer la Ville autrement (partage des responsabilités, culture du dialogue, construction collective avec les citoyens, transparence, valorisation des expertises des services municipaux, soin apporté à tous les quartiers …)
  • La volonté partagée de tout faire pour se mettre en situation de pouvoir l’emporter afin de mettre en œuvre un projet de gauche
  • La menace de l’extrême droite qui conduit à revoir les pratiques et les modèles pour réinventer la démocratie de proximité.
  • L’exemple des dernières législatives qui a montré que le rassemblement est porteur
  • La cohésion et la cohérence garanties par des rassemblements qui se construisent dès le 1er tour
  • Les enseignements tirés des expériences électorales passées toujours perdantes pour des candidatures de gauche qui se présentent divisées

Rassemblement : Comment ?

  • Constituer une liste qui incarne une démarche citoyenne
  • Une candidature portée par une association où tous les volontaires partageant les mêmes valeurs, adhèrent à titre individuel sur la base d’une charte dès le lancement de la campagne dans les prochaines semaines
  • Un fonctionnement authentiquement participatif, démocratique et inclusif
  • Une invitation faite aux collectifs, aux associations, aux partis… de soutenir publiquement la démarche

Rassemblement : Sur quelle base ?

  • Une démarche de rassemblement nécessite aussi de s’appuyer sur un socle commun qui dans notre cas a fait l’objet :

– d’un travail collectif mené sur les valeurs, sur l’analyse de l’action de la majorité municipale actuelle et sur la vision de la ville pour demain

– de groupes de travail sur la transition écologique

– de plusieurs réunions thématiques ayant réuni près de 70 participants

  • L’état d’esprit qui nous anime : mettre en valeur ce qui nous rassemble dans le respect des diverses sensibilités
  • La volonté de bâtir un programme autour des 5 axes suivants

– Bayonne qui respire parce que pleinement solidaire

– Bayonne qui respire parce que radicalement démocratique

– Bayonne qui respire parce que totalement impliqué dans la métamorphose écologique

– Bayonne qui respire parce que profondément engagé pour la langue et la culture basques, et la diversité culturelle.

– Bayonne qui respire au cœur d’un Pays Basque équilibré dans son développement

Rassemblement : les étapes à venir ?

  • La poursuite des travaux sur le projet municipal avec les 12 groupes de travail déjà actifs
  • Le choix des têtes de liste sur la base des propositions faites par les organismes impliqués dans la démarche (selon les principes d’une « élection sans candidat »)
  • La création de l’association
  • L’ouverture d’un site,
  • L’entrée en campagne avec l’appel à rejoindre l’association lors d’une présentation publique prévue avant les fêtes de Bayonne,
  • Le démarrage de la campagne de terrain à la rentrée avec des temps de concertation impliquant les citoyens, les secteurs associatifs…

Etchegaray à Bayonne : une gouvernance opaque

Une réponse postale en mai pour une demande de documents faite en juillet dernier par courriel, et, surtout, un débat escamoté lors du conseil municipal du 5 juin sur le futur PLUi de l’ACBA, sans documents fournis aux élu.e.s : le maire de Bayonne ne partage pas la gouvernance de la ville avec les élu.e.s. Alors, avec les habitants… Il n’y a rien à attendre d’Etchegaray ou de son équipe pour une gouvernance démocratique.

Il ne faut jamais désespérer. Ma demande de documents, faite en juillet 2024 au maire, a reçu une réponse… en mai 2025.

La demande concernait une délibération du conseil municipal en juillet 2024. Pour justifier les éléments chiffrés contenus, elle renvoyait à un document, dont j’avais demandé communication. La loi prévoit que tout document administratif ayant servi à une décision (ce qu’est une délibération du conseil municipal) est communicable à toute personne.

J’avais retracé dans un billet de blog les péripéties de la non-réponse à cette demande. Voir le billet : https://lepimentbayonnais.fr/2025/01/20/urbanisme-a-bayonne-les-cachotteries-du-maire/

Lors de ce conseil les élu.e.s de l’opposition se sont interrogés, à juste titre, sur les chiffres avancés, notamment sur la carte scolaire, sans véritable réponse. Ils-elles sont supposés voter « en connaissance de cause ». Les documents référencés dans une délibération sont supposés alimenter cette connaissance.

Mais, comme le reconnaît la lettre, et c’est en cela qu’elle est intéressante, le document référencé n’existait pas, et c’est pour cela qu’il ne pouvait pas être communiqué.

La délibération majorait la taxe d’aménagement sur une partie importante du secteur Saint-Bernard / Laharie, et justifiait cette majoration en particulier par la (re) contruction d’une école dans le quartier de la citadelle.

Si l’on comprend bien le texte de la réponse, le document référencé n’existait pas de manière formelle :

« Les études relatives au développement du trambus, à la création de polarités de quartier, à la préservation du patrimoine, au maillage piéton et à l’épanouissement paysager sont pour l’instant des documents de travail qui ne sont pas transmissibles. Elles proposent des scenarii qui vont permettre de guider les choix d’écriture règlementaire au PLUi. Ceux-ci seront exposés lors de la phase d’enquête publique ».

On a donc affaire à des études préalables au PLUi, qui servent de base à une décision du conseil municipal dès maintenant, mais qui ne sont pas encore sous la forme d’un document formalisé. C’est un manque complet de considération envers les élu.e.s et au-delà envers les habitants

Le conseil municipal de Bayonne privé du droit de débattre de son PLUi

La réponse du maire fait référence au PLUi en cours de finalisation. La coincidence temporelle avec la présentation du PLUi lors du conseil municipal du 5 juin n’est donc pas fortuite. Et l’attitude du maire de Bayonne sur ce point est beaucoup plus grave

Le 5 juin, le conseil municipal était invité à « prendre connaissance » du future PLUi, lequel concerne l’ancienne Agglo Côte Basque Adour (ACBA), dont Bayonne et 4 autres villes. Prendre connaissance, mais sans vote, puisque l’urbanisme est de la compétence de la CAPB. Encore que, même si au final la décision appartient à la CAPB, rien n’empêche le conseil municipal de donner son avis consultatif par un vote. Cela se fait en général dans des dossiers de modifications de l’ancien PLU.

La question est : quelles informations ont été communiquées aux élu.e.s, de quoi a-t-il pu prendre connaissance ?

Et bien, seulement d’un diaporama d’une trentaine de pages, déjà projeté le 23 avril lors d’une réunion publique au siège de la CAPB, puis dans une commission préparatoire du conseil. Comment prétendre qu’avec ce simple diaporama le conseil pouvait prendre connaissance du PLUi ?

Lorsqu’une élue (Demain Bayonne) lui a fait remarquer que, pour la même « prise de connaissance », les élu.e.s d’Anglet avait eu droit au même diaporama, mais que la délibération avait décliné en plus quelques points importants spécifiques du PLUi pour Anglet, l’adjoint bayonnais à l’urbanisme a consenti à annoncer en séance quelques points d’application locaux du PLUi. Tout en admettant après la séance dans les couloirs la volonté de la municipalité d’en dire le moins possible si elle n’est pas poussée à le faire.

Le PLUi, est un ensemble de documents volumineux, politiques et techniques. On peut imaginer qu’au moins une synthèse non technique soit communiquée aux élu.e.s, avec les principales décisions concernant Bayonne et qui figurent au PLUi.

Eh bien non. Comme dans l’inexistence du document référencé par la délibération de juillet 2024, c’est un mépris total envers les élu.e.s.

Les PLUi au conseil communautaire

Le PLUi de l’ACBA est à l’ordre du jour du conseil communautaire du 21 juin, pour adoption avant une enquête publique à l’automne.

Il y a 81 points au sommaire de ce conseil dont 14 concernent des PLUi ou des modifications d’anciens PLU. Autant dire qu’il n’y a que peu de temps disponible pour débattre de chacun, même des plus « gros ». Surtout, vu la complexité de chaque PLUi, et la disparité dans un conseil composé en majorité d’élu.e.s de petites communes, des discussions approfondies sont difficiles et auraient besoin d’être bien préparées. Les méthodes de l’éducation populaire seraient bénéfiques dans un tel cas…

On verra quels documents seront communiqués aux élu.e.s, et quels débats seront possibles.

Même si chacun des conseils municipaux ne sont que consultatifs, ils devraient rester le principal lieu de débat sur ces dossiers d’urbanisme.

J’aurais l’occasion de revenir sur ce PLUi après le conseil communautaire, et surtout au moment de l’enquête publique à l’automne.

Patrick Petitjean, 10 juin 2025

La forêt humide du Habas, un discret joyau de Bayonne

La forêt humide du Habas, au nord de Bayonne, entre la cité populaire Habas La Plaine et Tarnos, est un des rares vestiges des espaces agricoles et boisés qui couvraient les collines au nord de l’Adour, à Bayonne et Boucau. Comme le bois Guilhou, son homologue au Boucau, elle est classée comme « espace naturel sensible » par le Département 64. Une réserve de biodiversité et de paysages, à préserver et à redécouvrir. Et à mettre prudemment en valeur.

Les espaces naturels sensibles sont des espaces protégés, placés sous la compétence du conseil départemental. Acquérir, gérer et mettre en valeur ces espaces, sont une mission assurée par le CD, en partenariat avec les CPIE (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement). Deux CPIE sont labellisés au Pays basque, celui de Baïgorry et celui d’Abbadia. Ils organisent des sorties « Natures et Patrimoines », dont des ballades découvertes dans la forêt humide du Habas.

http://cpiepaysbasque.fr/

https://cpie-littoral-basque.eu/

Le Séqué est le nom générique utilisé pour désigner l’espace intermédiaire entre la zone dépressionnaire des Barthes de l’Adour, du Seignanx au Boucau, et les plaines de la zone littorale au nord. Il se compose de collines, encore boisées, de zones humides, de champs. Il offre une diversité faunistique et floristique imortante. Le Séqué a donné son nom à un quartier de Bayonne que le maire s’obstine à urbaniser.

Le CPIE du Pays basque a organisé le 6 mai dernier une ballade découverte de la forêt humide du Habas. Cette forêt se distingue par sa diversité écologique et ses paysages variés. Elle porte la trace des intervention humaines, notamment agricoles. Nombre de chemins, aujourd’hui en bonne partie cachés dans des sous-bois, en sont les traces.

Les parties basses, humides, abritent une flore et une faune riches, tandis que les reliefs offrent des points de vue panoramiques sur les environs. Cet espace naturel est aujourd’hui constitué en majorité de propriétés privées (plus ou moins entretenues),issues des anciennes fermes.

Il couvre 94 ha, dont la ballade a permis de découvrir une partie limitée, laissant de côté le moulin et l’étang de Habas au sud, ainsi que le domaine de Ségur à l’est.

Le Moulin du Habas (photo Le monde de Cathy)

Ballade en photos

Le point de départ se situe dans le secteur de Bellecave, au bout du chemin de Laduché, à côté des serres municipales et d’une ancienne ferme (Chirroy?). Là aussi où sont stockés les toros avant les corridas.

Serres municipales Bayonne Bayonne le 12/05/2023

On descend par un sentier qui porte les traces du « labourage » par des sangliers.

Le début du sentier
Les sangliers sont passés par là

On passe à côté d’une parcelle ex-agricole laissée en prairie entretenue, avant de traverser le ruisseau Osteys qui se jettera dans l’Adour

prairie
Pont sur l’Osteys

Le sentier remonte ensuite à l’arrière des fermes Pintan et Laporte (fruits rouges) donnant sur le chemin de Hargous. Entre Laporte et la forêt un ancien champ de maïs toujours cultivé (en légumes)

Au fond, la ferme Laporte. Au premier plan culture de légumes (ex-champ de maïs)

Côté forêt, un arboretum de l’INRAE (Institut National de l’Agronomie et de l’Environnement), où sont étudiées les maladies des bois consécutives du réchauffement climatiques. Il y a 800 arbres de 40 espèces. Les études ont débuté il y a 14 ans. Il fait partie d’une chaîne d’arboretums à proximité du littoral : l’étude doit durer 15 ans minimum, et les résultats d’ensemble sont attendus l’année prochaine, en principe.

Arboretum (photo Le monde de Cathy)

Le sentier redescend le long de l’arboretum, remonte vers un point haut, où se trouve un arbre singulier dans cette forêt : un chêne liège évadé des Landes

En contournant l’arboretum, le sentier redescend
Une chêne liège incongru

Au milieu des sous-bois, un tronc refuge de mousses et une grenouille agile

Mousses sur tronc, refuge d’insectes
Grenouille agile (mais pas trop)

On redescend vers un autre ruisseau, puis longeons l’autre côté de la prairie vue au début du circuit.

Autre ruisseau
prairie avec iris d’eau

Le circuit s’achève aux serres municipales avec vue sur la cité voisine Habas La Plaine.

Serres municipales
La Cité Habas La Plaine

Les forêts telles celles du Habas et du Bois Guilhou sont un trésor pour l’agglo et au-delà. Tant pour la préservation de la biodiversité, la lutte contre les inondations et le ressourcement des habitants. Comme patrimoine et comme richesse, ce sont des zones aussi à découvrir, à mettre en valeur. La forêt du Habas gagnerait à être davantage ouverte aux habitants et, notamment, aux scolaires. A ouvrir, mais sans la mettre en danger, de manière limitée donc.

La pression des bétonneurs n’a pas disparu

Les dernières zones naturelles sont toujours menacées à Bayonne. Elles sont souvent encore considérées par les élu.e.s comme de simples « réserves foncières », en général inscrites en zone 2AU (à urbaniser dans un futur plus ou moins lointain). C’est le cas d’un secteur végétal entre la cité Habas La Plaine et la forêt.

C’est aussi le cas du secteur Pinède, entre le Séqué et Arroussets : son urbanisation était annoncée dans les journaux il y a une quinzaine d’années. Cela semble ne plus être d’actualité heureusement. Le prochain PLUi permettra de connaître les intentions du maire.

Mais, dans le PADD (plan d’aménagement et de développement durable), un document déjà adopté par le conseil municipal, et qui donne les grands choix politiques du PLUi, deux urbanisations majeures restent programmées : celles des Séqué 3 et 4 (déjà constructible) et celle du Prissé-Lana (encore en zone 2AU).

Sur la base d’orientations d’aménagement datant de 2007, le grignotage des zones végétalisées s’est poursuivi sans relâche ces deux dernières années sur ces collines : centre d’oncologie, citadelle militaire, clinique Amade, …

Ce billet s’est concentré sur la rive droite de l’Adour. Mais entre Nive et Adour, les problématiques sont les mêmes. La plaine d’Ansot est l’autre Espace Naturel Sensible de la ville de Bayonne. Il est beaucoup plus aménagé, avec le jardin botanique, des sentiers et différentes installations très différent donc de la forêt du Habas.

De part et d’autre de l’avenue Duvergier de Hauranne, des espaces boisés sont menacés, ou ont déjà été détruits : le parc de Cantegrit et ses alentours (entre Belharra et le Chemin de Frais) en descendant vers l’Adour, et le domaine de Lana, au début de la rue qui descend vers la Nive et la plaine d’Ansot.

Dans la toponymie de Bayonne, nombreuses sont les traces de l’histoire des collines de la rive droite de l’Adour : moulins, chemins, ruisseaux, étangs, fontaines, fermes (il en reste quelques unes), pépinière. Cela peut être davantage que des traces : un patrimoine à faire vivre, à mettre en valeur. Mais surtout, il est urgent d’arrêter l’urbanisation de ces collines, de protéger les forêts subsistantes et de les mettre en valeur, de faire revivre d’anciens espaces agricoles. Face aux risques climatiques et à l’insécurité alimentaire, refaire une ceinture potagère de Bayonne est une nécessité.

Dans les prochains mois, le PLUi (qui couvre Bayonne et 4 villes de l’agglomération) va venir dans le débat public : d’abord au conseil municipal de Bayonne le 5 juin, puis au conseil de l’agglo le 21 juin. Une enquête publique aura lieu cet automne.

Le PLUi a de très nombreux enjeux essentiels, notamment sur le logement, les mobilités, les équilibres territoriaux. La sauvegarde des espaces naturels, forestiers et agricoles (ENAF) et de la biodiversité, en en est un des plus importants. Il s’agira d’obtenir un maximum de reclassement de zones 2AU vers des zones ENAF, et d’ouvrir la possibilité de reprendre des activités potagères sur d’anciennes terres agricoles.

Patrick Petitjean, le 24 mai 2025

Le serment des makila

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées aujourd’hui 17 mai 2025, à Cambo, sur le site de Marienia, pour affrimer leur volonté indéfectible de préserver ces terres agricoles et empêcher leur urbanisation. Elles ont prêté le « serment des makila » en plantant des bâtons, en référence à ce qui s’était fait au Larzac en 1972 et à Notre-Dame des Landes en 2018. Un serment de revenir sir Bouygues veut engager des travaux. Puis elles ont planté des pommes de terre, piments doux et courges pour concrétiser le maintien du caractère agricole du site.

Deux cortèges, partant de la mairie de Cambo et de celle d’Itxassou ont convergé vers le site.

Voici quelques photos du cortège de Cambo.

Sur le site, les associations organisatrices (Lurzaindia, ELB, Ostia, Cade, etc.) ont procédé à la lecture du serment des makila.

Le rassemblement (photo Ostia)
Intervention d’Ostia sur la convergence des luttes
Les géants, gardiens des terres agricoles et de la montagne basque

Puis, les bâtons ont été brandis et installés le long de la bordure du champ

Une forêt de bâtons (photo Ostia)
On plante les bâtons
Alignement de bâtons

Avant une séquence musicale, différentes plantations ont rappelé la vocation nourricière de ces terres.

Pommes de terre plantées
plantation de piments doux

16 ans déjà

Le conflit date de 2 009, quand le maire de Cambo a voulu rendre constructibles ces terres agricoles.

3 billets ont déjà été consacrés à Marienia sur ce blog. On peut les retouver sur le site du blog.

Le 7.11.23, sur les interpellations dans l’affaire des maquettes de Bouygues.

Le 25.5.24, sur une manifestation avec tracteurs de défense des terres agricoles à Cambo.

Ces deux billets rappellent les éléments du projet

Le 9.2.25, avant le proès (reporté) sur la bousculade

La répression

Des procédures sont en cours pour faire annuler la modification du PLU de Cambo qui avait ouvert ces terres agricoles à l’urbanisation, et pour faire annuler le permis de construire déposé par Bouygues en conséquence.Elles sont en cour administrative d’appel (le PC) ou en cour de cassation (le PLU). A noter que la CAPB apporte dans ces procédures son soutien à la mairie de Cambo et à Bouygues.

Suite aux manifestations, deux procès sont menés contre des militant.e.s. L’un à la suite d’une bousculade lors d’un conseil municipal, et l’autre pour avoir déversé de la terre sur une maquette du projet de Bouygues.

Pour la bousculade, initialement prévu le 11/2/25, le procès des 3 incullpé.e.s a été renvoyé au 9 septembre.

Pour la maquette, le jugement en appel vient d’être rendu : les 4 militant-e-s ont été condamnés à verser 8 742 euros à Bouygues (davantage qu’en première instance, mais Bouygues réclamait 40 000 euros) et 2 000 euros de frais de justice.

Procédures judiciaires, procès, menaces des bulldozers, l’actualité va rester chaude à Marienia ces prochains mois.

Patrick Petitjean, 17 mai 2025