Associations en danger. Résistances

Les associations ont rarement fait l’objet d’une attaque aussi brutale, tant sur le plan des libertés associatives que sur celui de son financement. Le Pays basque n’y échappe pas. Le mouvement associatif avait appelé le 11 octobre à une journée nationale d’actions. Le 16 octobre, ce sont les salariés des associations qui sont appelés à faire grève. A Bayonne, le syndicat Asso Solidaires donne RV à 17h30 au café des Pyrénées. L’Observatoire des libertés associatives a puplié un rapport sur les atteintes aux libertés et présenté plusieurs propositions pour y faire face. Passage en revue de la résistance.

Le Mouvement associatif a été créé en 1992 pour défendre la liberté d’association et, au-delà, la vie associative. Pour la première fois de son existence, il a appelé à une journée nationale d’actions « ça ne tient plus » pour alerter sur la situation catastrophique de nombre d’associations. Un véritable plan social associatif avec destruction de plusieurs milliers d’emplois

Pour 2026, le plan Bayrou prévoyait d’augmenter la saignée en retirant plusieurs milliards aux budgets des associations. Un plan que le nouveau premier ministre soutenait. Les bénévoles dirigeants associatifs ont indiqué qu’un tiers des structures prévoyaient des licenciements, ce qui impliquerait des dizaines de milliers de licenciements.

La baisse générale des subventions risque d’entrainer le délitement du tissu associatif, que tout le monde sait pourtant essentiel pour la démocratie. Les associations du secteur de la solidarité et de la culture sont particulièrement atteintes. Bénéficier de plusieurs sources de financement était jusqu’à présent un appui incontestable ; mais l’effet pervers l’est autant quand chaune es sources réduit son aide simultanément, même de peu pour chacune.

Le CAC

A côté du Mouvement associatif, le Collectif des Associations Citoyennes (CAC) regroupe l’aile la plus engagée des associations depuis une quinzaine d’années, et était partie prenante des initiatives du 11 octobre

https://www.associations-citoyennes.net/

Le Collectif des Associations Citoyennes s’inscrit naturellement dans cette action. Il appelle les associations dans leur diversité à participer à la mobilisation, partout en France :

  • Pour que leurs voix soient entendues et faire du 11 octobre une grande journée unitaire du monde associatif ;
  • Pour peser autant que possible dans les arbitrages budgétaires du budget de l’État 2026 comme de ceux des Collectivités Territoriales ;
  • Pour redonner un sens « politique » au travail associatif, ne plus accepter d’être de simples « prestataires » de la commande publique ;
  • Pour une société démocratique, écologique et sociale dans laquelle les associations ont un rôle majeur à jouer.

A Bayonne

L’annulation de la Zuperfête fin septembre a mis en lumière les difficultés des associations à Bayonne. Cela reflète un état général, principalement dans les secteurs du social, de la solidarité et de la culture. Mais les problèmes sont particulièrement graves à la ZUP, où l’artotekafe n’est pas sûr de survivre à la fin de l’années. D’autres associations intervenant auprès des jeunes de ce quartier sont déstabilisées, ou même le lieu d’une répression politique. La résistance s’organise

La liste citoyenne, regroupant la majorité des forces de gauche pour les municipales de 2026 à Bayonne, a exprimé son soutien aux associations de la ZUP.

À Bayonne, le syndicat Asso Solidaires donne rendez-vous le 16 octobre, à 17h30, au Café des Pyrénées. “Il y a quand même un gros tissu associatif au Pays Basque Nord et c’est vrai que, pour le moment, il n’y a pas vraiment de force présente sur le département. L’idée serait de commencer à se retrouver pour échanger sur la situation dans nos associations afin d’initier, peut-être, quelque chose venu des salariés”, explique sa représentante au Pays Basque Nord, Ihintza Erbina, selon Mediabask.

Deux compléments pour un débat municipal

Voici deux compléments pour nourrir le débat sur la vie associative, qui ne manquera pas de s’engager à l’occasion des prochaines élections municipales à Bayonne :

Le rapport de l’observatoire des libertés associatives et un appel des élus écologistes

l’observatoire des libertés associatives

L’Observatoire des Libertés Associatives est un projet initié par l’Institut Alinsky et qui rassemble autour de lui plusieurs associations et fédérations d’associations parmi lesquelles la Ligue des Droits de l’Homme, France Nature Environnement, la Coordination Pas Sans Nous, le Collectif des Associations Citoyennes, etc. Après un premier rapport sur les répressions contre les associations paru en octobre 2020, l’équipe de chercheur.euses sous la houlette de Julien Talpin, approfondit ce travail pour nourrir les plaidoyers de défenses des libertés associatives.

Les cas de restriction de libertés des associations portant des interpellations citoyennes par les autorités publiques locales et nationales sont nombreux et trop peu reconnus comme un problème. Cela a incité plusieurs associations concernées à constituer à partir de mars 2019 un Observatoire des libertés associatives. Cet outil doit donner une visibilité large à un phénomène souvent occulté, presque ignoré par les médias, banalisé par le politique et parfois intériorisé par les associations elles-mêmes. 
Le rapport « Une citoyenneté réprimée » présente 100 cas de restrictions associatives et 12 pistes pour protéger les libertés.

Il est téléchargeable à partir du site ci-dessus.

12 propositions

Sur le même site, on trouve aussi 12 propositions pour protéger les libertés associatives et construire un environnement favorable à la démocratie d’interpellation. Chacune des têtes de chapitre suivantes peuvent déployées à partir du site.

1- Mettre en place une procédure de reconnaissance pour mieux protéger les associations​

2 – Renforcer la visibilité des prérogatives de Défenseur des droits pour les personnes morales

3 – Instituer des “garants des débats citoyens” chargés d’assurer la qualité du débat et de protéger contre les attaques personnelles abusives​

4 – Une justification renforcée et une procédure de protection en cas de soupçon de coupe-sanction de subvention​

5 – Clarifier et faciliter l’accès à l’aide juridictionnelle pour les personnes morales à but non lucratif afin de financer les recours en justice​

6 – Protéger les associations contre les procédures juridiques visant à les empêcher de contribuer à des questions d’intérêt public​

7 – Mieux surveiller et contrôler les pratiques policières​

8 – Faciliter les dons aux associations citoyennes en reconnaissant les activités de contribution au débat public et de défense des droits comme étant d’intérêt général​

9 – Instaurer un fonds pour le droit d’interpellation citoyenne géré par une autorité administrative indépendante​

10 – Favoriser les financements pluriannuels​

11 – Créer des commissions mixtes d’attribution des subventions dans toutes les collectivités territoriales finançant des acteurs associatifs​

12 – Élargir et approfondir l’analyse ouverte dans ce rapport par la création d’une mission d’information parlementaire​

Pour des villes garantes et protectrices des libertés associatives

À l’occasion de la mobilisation nationale « Ça ne tient plus » en défense des associations ce samedi 11 octobre, un large ensemble de maires, candidat·es et élu·es locaux écologistes, notamment Stéphane Baly, Grégory Doucet, Jeanne Barseghian et Léonore Moncond’huy appelle à défendre les associations en leur donnant les moyens d’agir. « La démocratie ne se résume pas qu’aux urnes, mais aussi à la vivacité des liens associatifs existant dans la société ».

La démocratie ne se résume pas qu’aux urnes, mais aussi à la vivacité des liens associatifs existant dans la société.

Les associations sont les forces vitales de notre démocratie locale. Dans chaque quartier et chaque secteur, elles tissent des liens et créent des solidarités. Filet de sécurité pour les plus fragiles, espace d’émancipation, de création, de loisirs, de débat : les associations sont à la fois refuge et tremplin. Elles tissent des liens, raccommodent ce que la vie déchire et brodent de nouvelles solidarités.

S’attaquer aux associations ce n’est pas seulement s’attaquer à notre démocratie : c’est rompre des liens humains essentiels. Car derrière chaque subvention coupée, chaque local fermé, chaque procédure administrative complexifiée, ce sont des liens humains qui se défont, des solidarités qui disparaissent et notre vivre-ensemble qui est menacé.

 Ces associations sont aujourd’hui fragilisées par un contexte budgétaire, administratif et national hostile à leurs actions : coupe de subventions, présomption de culpabilité instaurée via le contrat d’engagement républicain, injonctions à une prétendue neutralité, logique de marchandisation plutôt que de non-lucrativité, fragilisation des modes de financement… Différents rapports, issus notamment de l’Observatoire des libertés associatives, du collectif des associations citoyennes ou encore du monde associatif, le montrent : ces dernières années, le lien qui unit les associations aux autorités publiques a changé. Auparavant partenaires de l’action publique, les associations sont devenues des prestataires. De force de propositions, elles deviennent délégataires. De contre-pouvoir, elles s’autocensurent.

 À Lille, par exemple, la part des appels à projet dans le financement des associations environnementales est passée de 8% en 2019 à 61% en 2023. Ces appels à projet dominants sont révélateurs de cette volonté de cadrer l’action des associations (à fortiori environnementales), de tuer l’initiative associative au profit d’un projet municipal descendant.

 À Poitiers, le Préfet a tenté d’imposer une procédure de restitution de subvention suite à la programmation d’une formation à la désobéissance civile par Alternatiba dans le cadre d’un village associatif.

Dans le Rhône, le département a retiré à trois associations des subventions après l’alerte des élu·es des risques environnementaux d’un port de plaisance.

À Tourcoing, des membres de l’association La Brigade du respect, ont dû payer une amende et réaliser des travaux d’intérêt général suite à quelques pochoirs. L’objet de l’association est pourtant d’agir contre le harcèlement de rue dans l’espace public.

Dans plusieurs territoires, les plannings familiaux sont attaqués, et cela s’inscrit dans une logique plus large de réduction des droits des femmes et des minorités, ayant des conséquences directes sur la santé de personnes et leurs droits.

Les prochaines élections municipales seront donc cruciales pour le monde associatif. La vitalité du monde associatif n’est pas seulement un indicateur démocratique, elle constitue le socle même d’un projet municipal qui prend soin de ses habitantes et habitants.

Les associations incarnent une démocratie continue, indispensable à la démocratie représentative. Être élu·e, c’est écouter, rencontrer, partager et construire des solutions avec celles et ceux qui connaissent le terrain. Les associations, en première ligne pour comprendre la société et la complexité des problématiques locales, sont des partenaires essentiels des politiques publiques.

Pour retisser la confiance entre les pouvoirs publics et les associations, les villes écologistes s’engagent à prioriser les conventions pluriannuelles d’objectifs plutôt que les appels à projets, comme le recommande le CESE. Nous nous engageons également à créer un dispositif de médiation en cas de conflit avec une institution afin que le Préfet ne soit plus seul arbitre : car l’écologie, par essence, chérit les contre-pouvoirs.

 Défendre les associations, c’est aussi leur donner les moyens d’agir. C’est pourquoi il est primordial de permettre aux associations non seulement de monter des projets, mais aussi de fonctionner : garantir leur autonomie, soutenir la formation et l’outillage de leurs membres, défendre le droit de réunion, ouvrir des lieux, faciliter l’accès aux salles municipales.

Garantir la liberté associative, c’est garantir la liberté d’expression et d’action collective. Les villes écologistes doivent être des refuges pour ces libertés et incarner une vision d’émancipation, de coopération et de justice sociale. Soutenir les associations, c’est soutenir notre démocratie et prendre soin du vivre-ensemble. 

Patrick Petitjean, 13 octobre 2025

Ballet autour de l’ex-Atalante : Etxea, le COL, la Ville

L’occupation de l’ancien cinéma l’Atalante n’aura duré qu’une vingtaine de jours. Un coup sans suite, décevant, au regard des attentes des habitants du quartier. Mais elle a eu le mérite de faire apparaître au grand jour les manœuvres immobilières de la ville. Elle a remis en avant la vocation culturelle et sociale du lieu. Les porteurs du projet Etxea de 2019 sont réapparus. Mais le bâtiment est maintenant totalement muré et semble voué à retomber dans l’oubli et à être démoli.

L’occupation de l’ancienne Atalante par le Conseil Socialiste avait été présenté dans mon billet du 4 septembre, dans lequel je rappelai aussi l’histoire d’Etxea, de Catach et de la mairie en 2019, après le transfert de la salle de cinéma sur le quai Amiral Sala.

L’Atalante en photos au fil du temps

Cinéma ouvert, nostalgie
Cinéma fermé, culture en berne
Cinéma décoré, espoir d’une renaissance
Cinéma occupé, trop bref, trop loin du quartier
Cinéma muré, avant démolition ?
Cinéma muré et taggé…

Une occupation éclair

L’ambition du collectif occupant était de bâtir un « centre socialiste », un projet à long terme avec la double fonction d’une « base rouge » et d’un lieu social et culturel ouvert sur le quartier et au-delà.

Plusieurs rencontres avec le maire ont fait apparaître que le projet d’un tel lieu n’était pas nouveau pour les occupants.

Le Conseil socialiste a une couverture juridique associative, Pindarra, qui avait mené plusieurs occupations semblables dans le centre ville depuis 2 ans. Selon le maire, un contrat de bail avait même été passé avec Pindarra pour un local municipal attenant à l’école des Arènes.

Pour obtenir leur départ de l’ex-Atalante, il leur a proposé un local au 14 rue de Lesseps, un bâtiment qui fait l’objet d’une opération d’urbanisme transitoire, en cours d’aménagement.

L’occupation a donc cessé le 21 septembre, contre la « garantie » d’un local et la promesse d’un débat sur l’avenir de l’ex-Atalante.

Quai de Lesseps : promesse, promesse

J’ai parlé ici de cet urbanisme transitoire

Le 14 quai de Lesseps en octobre 2025

Le 14, acheté en 2011 par l’EPFL, racheté par la CAPB l’an passé. Projet d’urbanisme transitoire : un local pour l’accueil du public de 110 m2 en RdC, et des chambres d’étudiants à l’étage. Travaux depuis un an. Livraison repoussée du débat 2026 à juin. Promis à plusieurs associations (clientélisme). Aménagement ayant évolué pour partager les locaux ?

Le projet de la ville au grand jour

Si J.-R. Etchegaray a rapidement reçu les occupants, il n’a pas fait mystère de son objectif de mettre fin à cette occupation : elle ne pourra pas durer en l’état ». Car « si un bâtiment public est fermé, c’est qu’il présente un risque » (Sud Ouest du 9.9). Difficile de ne pas y voir surtout un prétexte.

On apprend, dans le même article, que les projets immobiliers de la ville dans le secteur avaient conduit son bras armé, le COL, à racheter le bâtiment du Centre culturel espagnol lors de sa mise en vente.

Si elle fut seulement conclue en février 2024, nul doute que le projet d’achat était bien antérieur.

Selon le journal « l’idée est de bâtir une dizaine de logements sociaux, avec un espace dédié pour l’association qui occupait les locaux. Une démolition-reconstruction pour des BRS.

Mais le projet est plus large, et englobe l’îlot voisin de l’ex-Atalante

Voici ce qu’en dit Sud Ouest dans ce même article :

« Concernant le site de l’ancien Atalante, plusieurs options sont à l’étude. « Le premier scénario consiste à rénover l’immeuble et créer quatre logements. Ce qui risque d’être une opération extrêmement coûteuse, compte tenu de la fragilité de la structure et des doutes que nous avons sur ses fondations », avance Imed Robbana, le directeur du COL. Dans le second, la démolition et reconstruction du bâtiment historique sont envisagées avec une douzaine de logements sociaux à la clé ».

Rénovation, avec 4 BRS d’un côté, démolition-recontruction avec une douzaine de logements, les deux branches de l’alternative n’ont pas le même poids dans la politique municipale. Quand en plus, le COL insiste sur le fait qu’en 2019, un simple « réaménagement des locaux » (pas une rénovation complète) pour les confier à Etxea se montait déjà à 2 millions d’euros, il est difficile de croire à l’option « rénovation ».

(inter4) Etxea reprend la lumière

Depuis le covid, le projet Etxea avait disparu, croyait-on. D’autant plus qu’un nouveau projet avait vu le jour, Patxoki Berria, porté la ville, le COL et par une partie de acteurs engagés dans Etxea, Ce nouveau projet, situé place Patxoki, a bien des aspects similaires : le mélange tiers-lieu et logement, le COL. Mais la demande est suffisante pour deux projets proches.

Dans son article du 9.9, Sud Ouest affirmait que l’association pensait son idée abandonnée, et qu’elle était en sommeil. Mais, pas du tout. Etxea s’est chargé de le démentir, dans un communiqué du 16 septembre, que l’on peut retrouver dans le journal Enbata :

Parmi les explications fournies dans ce communiqué, Etxea confirme qu’après l’acquisition du centre culturel espagnol, un projet global sur les deux lieux a été élaboré, et que depuis de longs mois des réunions tripartites avaient eu lieu entre la mairie, le COL et Etxea. Et que le principe d’une réhabilitation (avec réhaussement de plusieurs niveaux pour des logements sociaux) avait été acté en mairie dès le 14 octobre 2024.

Le communiqué ne parle pas de l’éventualité d’une démolition reconstruction… Il annonce que les études concernant la faisabilité technique et les différents scénarii devraient être rendues prochainement.

Un nouvel Etxea ?

Comme rappelé dans mon billet du 4 septembre, le projet Etxea consistait en un tiers-lieu, associant salle de spectacles, coworking, accueil d’associations et de start-up, avec une ambition écologique et sociale. Comme le rappelle Sud Ouest (9.9), il était « porté par une équipe d’acteurs très implantés dans le paysage social et culturel basque ». On ne saurait mieux rappeler qu’Etxea était un projet construit d’emblée avec la mairie, même si cette dernière a finalement été forcée de faire un appel à projets, dont le résultat était connu d’avance.

Dans son communiqué, Etxea affirme ne porter aucun « jugement négatif » sur l’occupation (encore en cours le 16.9), dont les animations « semblent d’une grande qualité et correspondent en grande partie à ce que nous comptions développer ». Mais, malgré ces quelques fleurs, le nom « conseil socialiste » n’est pas mentionné, et Etxea rappelle que la gouvernance du projet « ne peut être liée, et encore moins dirigée par une organisation politique »

Dans son communiqué, Etxea affiche son ouverture aux habitants et associations du quartier « nos statuts et notre projet établissent une gouvernance ouverte à tous.tes les habitant.es et acteurs-trices du quartier, de la ville et du territoire qui veulent prendre part à l’association Etxea ».

Selon Sud Ouest, le nouveau projet pour l’Atalante serait piloté, logiquement, par l’association Etxea, même si « ça demanderait une grosse remise à jour ». Mais, dans son communiqué, Etxea va plus loin : « Dans tous les cas, au vu du nombre d’années écoulées depuis 2019, Etxea est tout à fait favorable à ce que, une fois rendues les conclusions de l’étude du COL, la mairie réalise un nouvel appel à projets, ouvert à toutes et à tous ».

Et poursuit : « Pour notre part, nous y présenterions à nouveau le même type de projet -bien évidemment réactualisé- de Kafe Antzoki citoyen, soutenable et solidaire, tiers lieu ouvert à et au service des habitants et des dynamiques populaires, culturelles et artistiques du quartier, de Bayonne et du Pays Basque. Nous continuerions à défendre le maintien de l’âme et du cachet de l’ancienne Atalante. Notre projet intégrera la possibilité de continuer à produire des logements sociaux sans artificialiser de sols ».

Dans son communiqué, Etxea joue la transparence des négociations tripartites avec la ville et le COL. Bien davantage que ses partenaires ne l’avaient fait jusque là. Mais jusqu’à quel point ? Que reste-t-il de l’ancienne équipe d Etxea ? Qui a négocié ?

Quel est le rôle du COL ? Ce n’est pas la première fois qu’il intervient entre la ville et des porteurs de projets (parfois proches des Abertzale), choisis sans appel à projet (voir Zubi Mayou), ou avec des appels très pipés (voir Etxea 2019). On est souvent dans l’opacité.

Etxea 2025 donne cette fois des assurances de transparence et d’ouverture pour l’avenir. A suivre

Et maintenant ?

Le projet de la ville pour l’îlot de l’Atalante est sorti de l’ombre dans lequel il était maintenu. Il importe de ne pas l’y laisser retomber. Les habitants du quartier sSaint-Esprit ont dans l’attente d’une réunion d’information et d’un débat public.

Parler d’un nouvel appel à projets qui porterait sur l’animation de l’ex-Atalante ,n’est-il pas un leurre ? L’enjeu est d’abord entre réhabilitation versus démolition, avec reconstruction d’une salle et création de logements. Plus transparent serait un appel à idées, ou concours d’architectes pour sa remise en état. Ne faudrait-il pas une expertise indépendante de celle du COL le futur constructeur ? Mais l’immobilier l’emporte sur le culturel dans la politique municipale.

Patrick Petitjean, 8 octobre 2025

L’ancien Atalante revit à Bayonne

Les locaux historiques du cinéma Atalante étaient fermés depuis le 21 mars 2019. Ils ont été de nouveau ouverts au public ce mercredi 3 septembre par un groupe de jeunes militant.es du groupe « Conseil socialiste d’Iparalde » pour y développer un projet culturel, social et politique. Un tel lieu manquait beaucoup au quartier Saint Esprit, dont les habitants étaient frustrés d’avoir vu leurs demandes repoussées par la mairie.

Entre 100 et 150 personnes se sont entassées dans le hall d’accueil de l’ancien cinéma en fin d’après-midi, ce mercredi, pour soutenir l’occupation. Parmi elles, des acteurs anciens et actuels de la vie du quartier, dont plusieurs avaient participé aux tentatives de faire revivre ce lieu depuis 2019.

Sortie de la réunion du mercredi 3 septembre

Les locaux ont été achetés par la ville en 2015 et 2016. Il y avait une salle de 150 places, et un hall, avec comptoir, lieu de convivialité plus que complémentaire du cinéma. L’Atalante, c’était aussi deux autres salles, sans âme, quai de l’Amiral Sala. C’était insuffisant au regard de la demande croissante des spectateurs. L’association, qui gère le cinéma, et la mairie, ont donc décidé de la construction d’une nouvelle salle et de la rénovation des deux existantes, quai Sala. Le nouvel Atalante, avec ses trois salles, a été inauguré le 28 août 2019, et c’est une très belle réussite.

Mais contrairement aux attentes des habitants et aux promesses pré-électorales de la mairie en 2019, les locaux de l’ancien Atalante sont restés vides. Ils ne le sont plus.

Le projet de Conseil socialiste

https://www.facebook.com/kontseiluaieh

Et le programme de la semaine

Souvenirs, le tour de passe passe de 2019, Catach et Etxea

Les demandes de tiers-lieux n’ont jamais manqué à Bayonne, particulièrement dans le quartier Saint-Esprit, de la part d’artistes, d’artisans et associations. Vers la même époque (2019), un projet au 22 quai Bergeret avait été repoussé par la ville, au profit d’une opération immobilière. Il ya 2 ans, un immeuble vide avait été réquisitionné quai de Lesseps / rue Sainte Ursule par un groupe de jeunes (Maurizia), en vue d’un projet social et culturel. La mairie avait fait évacuer l’immeuble par la police au bout de quelques semaines.

Quand le moment du déménagement de l’Atalante s’était rapproché, une association, Catach, s’était portée candidate à la reprise de l’ancien cinéma. Son projet avait près de 2 ans, et elle était à la recherche de locaux. Catach est le nom d’un festival artistique que l’association animait à Saint-Martin de Seignanx. Son projet de tiers-lieu, TLAK (pour Tiers ieu Artistique et Culturel) avait été lancé en septembre 2017, et déposé en mairie en juin 2018. Il avait été construit avec associations et artistes du quarier, et fait l’objetd’une enquête auprès des habitants. C’est donc naturellement qu’en 2019 Catach a candidaté pour les locaux de l’Atalante.

Mais entre-temps, un projet concurrent s’était monté, Etxea. Selon Sud-Ouest, voici les personnes motrices d’Etxea « Citons Jean-Daniel Elichiry, actuel directeur général d’Atherbea. Celui d’Euskal moneta (eusko), Dante Edme-Sanjurjo. Jean-Noël « Txetx » Etcheverry estconnu pour ses multiples engagements, dont l’association Bizi !. Bixente Eyherabide est l’organisateur du salon Lurrama. Frank Suarez est un pilier de l’Institut culturel basque. Jean-Pierre Saint-Picq préside l’association Cinéma & Cultures, socle de l’Atalante. Laëtitia Léglise est régisseuse de plusieurs festivals importants. Eloixa Ospital officie au sein de Biarritz culture et contribue notamment à l’organisation du festival Temps d’aimer. Peio d’Uhalt gère les élections Elkar en France. Stéphanie Carré a cofondé le festival La Ruée au jazz et chante dans plusieurs groupes. Rémi Rivière, journaliste investi dans lemonde culturel, préside l’association Etxea ».

Rien que du beau monde, très institutionnel, partenaires installés de la mairie. On peut comprendre que ce projet concurrent ait été vécu comme construit à partir de la mairie. Le match était plié d’avance.

Au-delà du profil des porteurs, les deux projets étaient largement convergents, répondant en partie aux attentes des habitants.

Après audition des deux projets pendant l’été, le maire a choisi sans surprise Etxea en septembre 2019. Nombre d’habitants ont regretté qu’un projet parachuté (Etxea l’était davantage que Catach) ait été préféré à une démarche d’ouverture aux habitant.e.s de ce quartier, de leur faire confiance et de construire avec elles/eux de beaux lendemains. Une telle démarche aurait été un peu plus créative, originale et courageuse, mais ce n’st pas le genre de la mairie de Bayonne.

Début septembre 2919, Etchegaray choisit donc le projet Etxea. Mediabask se fait, fin 2019, l’écho des polémiques entraînées par ce choix
Le 21 janvier 2020, un nouvel article de Mediabask laisse entrevoir une ouverture d’Etxea, en partie à cause du coût des travaux qui se monteraient à 2 millions d’euros, en partie sans doute aussi pour calmer le jeu. On peut y lire : « Le projet de reprise du cinéma L’Atalante entre dans sa deuxième phase. L’association Etxea, présidée par Rémi Rivière, veut maintenant l’ »étoffer » et « lancer la collaboration avec d’autres structures associatives« . L’année à venir sera consacrée à identifier précisément quelles activités seront accueillies dans ce futur tiers-lieu. En attendant le vote favorable du conseil municipal ».

Et vint le covid… Et personne n’entendit plus parler d’Etxea, publiquement au moins.

Mais le caractère désespéramment vide de l’ancien Atalante est resté ces dernières années une blessure permanente pour les habitants du quartier. C’st un lieu emblématique, très visible près de l’école Jules Ferry, du square du Marquisat et de la rue Sainte Catherine.

La photo en Une de cet article montre une des décorations qui y avaient été faites.

Le 27 janvier de cette année, deux artistes ont fait de nouvelles décorations, ravivant l’espoir d’une réouverture.

Artistes à l’oeuvre
Signatures
C’est décoré, à défaut de revivre encore

C’est fait ce 3 septembre. Merci à elles et eux.

Patrick Petitjean, 4 septembre 2025

La 2563e lettre d’info(x) de la ville de Bayonne

Les Spiritains viennent de trouver dans leur boîte aux lettres le n°2563 de « l’Echo de la Cité », la lettre de désinformation de la mairie de Bayonne. En date du 8 août, ce numéro concerne un projet tombé dans l’oubli depuis un an : le futur quartier sur la Rive Droite de l’Adour (RDA). Son contenu est très creux, mais sa publication était urgente : le 1er septembre, la lettre serait entrée dans les comptes de campagne pour les élections municipales, Un tel chiffre, 2563, nous renseigne aussi sur la communication d’Etchegaray.

La seule annonce nouvelle dans la lettre pour les habitants est la future occupation temporaire de 3 bâtiments du quai de Lesseps avant les prochaines municipales. Peut-être la lettre est-elle le début de la mise en œuvre des marchés publics pour la propagande (communication) sur ce projet RDA, dont j’avais fait état dans un billet il y a deux mois : https://lepimentbayonnais.fr/2025/06/28/960-000-euros-pour-la-communication-rda-et-encan/

L’information municipale bayonnaise comme production d’ignorance et d’opacité

Il y a peu, le 3 février 2025, la lettre n°2445 était glissée dans toutes les boîtes concernant la brigade de nuit de la police municipale. Le 20 février, le n°2455, destiné aux riverains de l’avenue Alsace Lorraine, annonçait des travaux de nuit. Le 3 juin, le n°2532 annonçait aux Spiritains une réunion publique dans le quartier.

Du 3 février au 8 août, soit 6 mois, si la numérotation est fiable, il y a eu 118 lettres de désinfo distribuées à différentes échelles, d’une rue à la ville entière. Soit, en moyenne, plus de 4 lettres par semaine dans un quelconque coin de la ville. Une débauche de papier, de travail des employés municipaux et d’euros.

La multiplication de telles lettres – en majorité ponctuelles – en direction des habitants relève d’une stratégie de communication assumée : une fragmentation totale de l’info municipale concrète, pour empêcher le « faire ville » comme Thatcher déniait le « faire société » à son époque. Ce n’est pas le magazine bimensuel, avec son enjolivement des actions municipales, qui peut former des citoyen-nes informé-es à même de prendre part aux débats municipaux.

Cette fragmentation fait disparaître le « en-commun », le « collectif » et, au final, produit de l’ignorance sur les politiques suivies par Etchegaray. Elle rend la ville opaque.

Par ailleurs, la loi rend obligatoire l’expression des groupes d’opposition dans la communication publique d’une municipalité. Cela se fait dans le magazine municipal, même de manière restreinte. Je n’ai pas remarqué les pages réservées aux oppositions sur le site internet de la ville, ce qui est sans doute illégal. De même, certains des 2563 numéros de l’Echo de la Cité sont certainement susceptibles de relever d’une obligation au pluralisme.

Cette fragmentation est aussi une manière de countourner l’obligation légale du puralisme politique,

Le grand projet RDA

La lettre insiste fortement sur le temps long nécessaire à un projet de cette envergure. L’ambition demande du temps, « patience et méthode ». Mais cela peine à justifier l’arrêt total du projet depuis plus d’un an. 2 ou 3 réunions publiques, des séances avec des écoles, entre le printemps 2023 et juin 2024, des centaines de posts sur un facebook dédié. Puis, plus rien. Aucun post depuis plus d’an an.

Güllet et Güller devaient rendre leur rapport (un plan-guide) il y a un an (et c’était déjà décalé) : mais silence, comblé par un hommage à ces spécialistes de «  l’aménagement en bord de fleuve ».

La patience et le temps long ne viendraient-ils pas plutôt du retard pris dans les négotiations foncières avec l’Etat et la SNCF ? La CAPB ne sait toujours pas de quel foncier elle disposera réellement pour son projet.

La lettre vante un projet d’envergure en « liaison étroite avec les habitants », et dit vouloir « faire émerger collectivement un projet exemplaire enraciné dans les traditions de Saint Esprit ». « De nombreuses réunion (sic pour la faute d’orthographe) ont eu lieu »… Des phrases creuses, de la brosse à reluire pour les habitants et une inflation mensongère du nombre de réunions.

A vrai dire, sans que cela ne transparaisse publiquement, avec une lenteur dictée par les incertitudes, la CAPB avait lancé des études pour un urbanisme transitoire depuis plusieurs années, avec Plateau Urbain, auxquelles il a été difficile d’avoir accès. Ce sont ces études qui ont conduit au projet d’occupation temporaire des 3 immeubles du quai de Lesseps. Voir mon billet, où se trouve une présentation des études de Plateau Urbain. https://lepimentbayonnais.fr/2025/04/20/bayonne-quai-de-lesseps-vers-la-re-ouverture-frileuse-de-3-immeubles-debut-2026/

Trois marchés de maîtrise d’oeuvre avaient été conclus avec Soliha, le 25.10.24, un pour chacun des bâtiments (le 11b et le 14 quai de Lesseps, le 9b/16 quai de Lesseps / rue Sainte Ursule), pour un total de 85 639 euros TTC. Le 4e bâtiment proposé pour une occupation temporaire par Plateau Urbain, la biscuiterie au 17 quai de Lesseps, n’avait pas été retenu. La lettre précise que les appels d’offres pour les marchés de travaux vont être passés à l’automne, et que tout sera livré au printemps 2026 (avant les élections ?).

Pour présenter cette occupation temporaire, la lettre nous raconte une belle histoire, mais mensongère : Pour que « l’attente ne soit pas synonyme d’inertie », la ville et la CAPB ont souhaité faire « une occupation transitoire dans 4 immeubles nouvellement acquis ». Le hic, c’est que ces immeubles ont été acquis voici près de 15 ans par l’EPFL (Etablissement Public Foncier Local) pour le compte de la Ville ou de la CAPB. Comme la CAPB n’en faisait rien, l’EPFL a obligé la CAPB à les racheter il y a un an… récemment donc (!).

La lettre précise que « cette démarche préfigure les dynamiques futures du quartier – notamment dans les domaines du logement étudiant, de la culture, des solidarités – tout en assurant la vitalité du secteur et une prévention active contre le vandalisme et les dégradations ». On est dans la mauvaise foi la plus complète.

Cela fait plus de 10 ans que la Ville laisse les immeubles se dégrader, et n’a pas empêché que les locaux mis à la disposition du « Point d’accueil jour » deviennent insalubres. En guise de prévention du vandalisme » sans doute, la Ville a fait expulser l’association Maurizia qui avait mis en œuvre une occupation temporaire, analogue à ce qui est proposé aujourd’hui.

La lettre présente pour ces 3 bâtiments (dont un double immeuble) les 36 chambres d’étudiants, la ressourcerie, les bureaux administratifs qui étaient déjà dans les marchés de Soliha (voir le billet cité plus haut). Un flou subsistait sur la destination d’un local : la lettre précise qu’il s’agira d’« un atelier d’artistes dédié aux arts visuels ».

Le tout s’accompagne d’un baratin dithyrambique sur le succès de l’Atalante, les entrées record du Didam et les animations du Gaztetxe « qui nous incitent à développer un projet ambitieux pour cette rive ».

Cerise sur le gateau, la lettre promet, pour la suite, à moyen terme, des locaux pour l’association Etorkinekin et des espaces de danse partagés (dans la biscuiterie ?). Gageons que cela se retrouvera dans le programme municipal d’Etchegaray en mars 2026.

Patrick Petitjean, 15 août 2025

La ferme Urtasun au Polo (Bayonne) : îlot de fraîcheur ou dent creuse ?

L’ancienne ferme d’Urtasun, dans le quartier du Polo à Bayonne, est au centre d’une bande de terre arborée, un îlot de fraîcheur où la température est parfois plusieurs degrés au dessous de celle de la cité voisine. Mais c’est aussi une dent creuse, entre deux barres d’immeuble de 4 étages ou plus. La municipalité vient de décider d’en urbaniser une partie. En même temps le maire fait son retour lors d’une réunion publique dans un quartier où les habitants se sentent délaissés depuis la fermeture de la Maison de la Vie Citoyenne il y a plus d’un an.

La parcelle de la ferme Urtasun, dans le quartier du Polo, est une bande de terre, assez longue, qui part de l’avenue de l’Ursuya, avec une allée encadrée de platanes. La ferme est au bout de cette allée, à côté du château d’eau. Le chemin arboré se poursuit jusqu’à l’allée d’Ahusqui, en longeant l’arrière de l’Ikastola Hiriondoko (dont l’entrée donne sur l’avenue du Polo). Là se trouvent de grands arbres.

L’arrière de la ferme

La parcelle a été divisée en deux parties, l’une, de l’avenue de l’Ursaya jusqu’au bâtiment de la ferme, avec l’allée des platanes, destinée à HSA ; et l’autre, avec la ferme, la suite du chemin, et la partie boisée, au futur encore indéterminé.

Le Conseil municipal du 12 décembre 2024

Le Conseil a successivement voté le déclassement du domaine public communal de la partie sans la ferme, de manière à pouvoir ensuite la vendre à HSA. Le projet est de construire 19 logements en accession sociale (BRS) et une microcrèche (en basque), dans un bâtiment de 2 ou 3 étages.

L’adjoint en charge du dossier a assuré d’emblée que les arbres seraient conservés (y compris les platanes), que la ferme le serait aussi (mais pas ses dépendances), qu’elle serait rénovée.

L’entrée de l’allée des platanes depuis l’avenue de l’Ursuya

Trois points principaux ont été soulevés dans les débats. Sophie Herrera-Landa (Demain Bayonne) s’est interrogée sur l’opportunité du projet : cette parcelle aurait pu être conservée comme un îlot de fraîcheur, avec ses arbres remarquables, dont manque le quartier ; elle aurait pu être aménagée comme un lieu de promenade pour les riverains souvent âgés, de la cité voisine ; la ferme aurait pu être rénovée dans le cadre d’un projet d’ensemble, dont manque le Polo.

Elle a aussi, avec Mixel Esteban (EELV), soulevé la question du manque de concertation, alors qu’un groupe qu’un groupe d’habitants réfléchit depuis des mois à la (re) constitution d’une maison de quartier : nouvelles constructions et utilisation de la ferme rénovée rentrent dans son périmètre de réflexion. Enfin, Juliette Brocard (BVO) s’est inquiétée de voir la ville vendre beaucoup de foncier à HSA, qui devient une sorte de banquier pour fournir de ressources financières à la ville, et qui risque d’être ainsi déstabilisé.

Dans leurs réponses, le maire et son adjoint ont invoqué le futur PLUi qui garantira des îlots et une trame de fraîcheur (une réponse fréquente sur ce sujet, avec des promesses pour le futur, mais pas de réponse précise sur ces parcelles). Ils ont justifié le choix de faire de l’accession plutôt que de la location (que le maire juge déjà très présente dans le quartier) par le besoin de loger les classes intermédiaires (là encore un refrain connu sur les ménages trop riches pour accéder à la location sociale, mais pas assez pour l’accession libre). Construire, c’est apporter de la densité dans un quartier où elle n’existerait pas (bizarre : la cité HLM est proche, et la parcelle destinée à accueillir le nouveau bâtiment est encadrée par deux immeubles en R+4 ou plus). Enfin, HSA n’a pas de problème financier.

Mais le maire confirmera, lors de la réunion publique du 18 décembre, que l’argent de la vente à HSA servira à rénover la ferme, une rénovation pour laquelle 300 000 euros étaient déjà inscrits au budget primitif en 2022, sans concrétisation.

La réunion publique du 18 décembre

Une petite centaine de personnes était présente pour le retour du maire en réunion publique dans le quartier. Etrangement, il était à la tribune avec Lausséni Sangaré, directeur de HSA, et deux responsables des services techniques, mais sans autres élu.e.s. Il y a pourtant deux élus pour ce quartier, Loïc Corrégé et François Pauly.

Le maire a rapidement évoqué les problèmes latents du quartier (fermeture de la MVC, place « inhospitalière », commerces, absence de distributeur de billets, agence postale municipale,..) et présenté les « évolutions » à venir : recherche d’une formule pour refaire une MVC en partant des besoins du quartier, transfert de la gestion de la crèche Pirouette (30 places) de la CAF vers la ville, ouverture pour l’été 2025 d’un accueil loisirs pour enfant à l’école Jean Moulin, le projet HSA avenue de l’Ursuya, la réhabilitation à venir des 240 appartements de la cité Polo (inaugurée en juin 1962), la rénovation de la ferme Urtasun…

HSA, Ursuya et la cité

Pour le projet HSA avenue de l’Ursuya, c’est moins la construction des 19 logements elle-même qui a posé question aux habitants, que les conditions d’accès à l’immeuble et le maintien de l’allée de platanes.

L’avenue du Polo et l’avenue l’Ursaya servent ainsi d’évitement pour les voitures qui trouvent la RD810 trop embouteillée. D’où des problèmes de sécurité devant l’Ikastola et de la sortie du futur parking de l’immeuble. Lassané Sangaré a voulu assurer tout le monde en disant que, même si le projet n’était pas finalisé, l’accès se ferait le long du château d’eau et de la ferme par l’avenue du Polo, ce qui permettrait aussi de repositionner l’entrée de l’Ikastola à l’arrière.

Le château d’eau à l’arrière de la ferme

Pour l’allée des platanes, il a promis que l’allée resterait libre d’accès, sans barrière, pour rejoindre la ferme. Et bien sûr, sans touche aux platanes. Au vu de la configuration du lieu, on ne peut éviter un certain scepticisme : comment placer le ou les immeubles ? Il faut attendre le projet final.

Egalement, l’utilité d’une microcrèche de 12 places, non loin de la crèche Pirouette, a été soulevée. Elle a été justifiée à la fois par son caractère immersif en basque, en complément de l’Ikastola, et par un besoin général sur la ville, en retard pour l’accueil de la petite enfance. Enfin, il justifie que ce soit uniquement de l’accession sociale, et pas de la location, par le fait que les BRS n’existaient pas encore dans le quartier.

Pour la rénovation de la cité du Polo, Laussané Sangaré a annoncé qu’elle se ferait à partir de 2027, coûterait 18 millions d’euros, après la rénovation de la cité Cam de Prats qui commence en 2025. Mais dès janvier prochain, un questionnaire sera distribué à tous les habitants pour connaître leurs besoins et leurs demandes. C’est à partir des résultats que le programme de rénovation sera élaboré. La mise sur pied d’un comité de concertation n’a pas été évoquée, bien qu’il s’agisse maintenant d’une obligation légale. HSA semble encore fonctionner de manière « descendante », et privilégier des rapports individuels avec les locataires, plutôt que collectivement.

Dans la discussion, il a été suggéré que, comme HSA l’a fait lors de la rénovation de la cité « Les Murailles », une surélévation permette de créer une petite quantité de nouveaux logements, et qu’ainsi on puisse éviter de sacrifier l’espace de fraîcheur de la ferme. Un exemple du fait que les habitants ne se laissent pas enfermer dans une opposition factice (mais mise en avant par les élus) entre logements et espaces verts.

Mais où est passé le conseil du quartier (CdQ) ?

Si les élus du quartier étaient absents de la tribune, une autre absence était remarquable : aucune mention du conseil de quartier. Le Polo dépend du CdQ « à l’ouest de la Nive », qui en discute régulièrement. Il est vrai que si les conseils de quartiers sont une fierté « participative » du maire, ils ont du mal à être autre chose qu’un prolongement de l’administration, inconnus des habitants.

Le conseil (2021-2023) avait tenté de mettre en place un groupe de travail pour la réhabilitation de la ferme Urtasun, mais sans succès. Lors de sa réunion du 22 septembre 2022, une personne a également signalé que d’autres personnes, extérieures à la MVC et au CdQ, réfléchissaient aussi à la rénovation de la ferme, en lien avec la relance d’une maison de quartier. Ce qui n’avait pas plu à Joseba Errumendeguy (conseiller en charge des CdQ), répondant que ces personnes n’avaient aucun mandat en ce sens, et qu’un appel à concertation serait lancé. Mais de quoi se mêlent donc les habitants sans autrisation de la mairie ?

Le conseil (2023-2026) était revenu sur la parcelle de la ferme Urtasun lors de sa séance du 18 janvier 2024, et en a souligné le potentiel, en tant qu’espace ombragé de promenade. L’idée a été avancée d’y mettre des jardins potagers pour les habitants du quartier. Quant à la ferme elle-même, elle serait un ancien lieu associatif, et il a été suggéré qu’elle retrouve cette fonction après rénovation, avec un café associatif et un salle à disposition des habitants du quartier pour y organiser des évènements (anniversaires, mariages, etc).

Le sujet n’apparaît plus dans les comptes rendus des séances suivantes (dernier compte endu pour la séance de mai). Il faut noter aussi que le projet de construction d’HSA avenue de l’Ursaya n’a pas été présenté au CdQ.

Boisement en fond de parcelle Urtasun

Vers une renaissance d’une maison de la vie citoyenne (MVC) ?

La MVC était en crise depuis de nombreux mois, et sa vie était devenue un peu cahotique à la suite de conflits internes ou avec des associations, conduisant à sa fermeture après décision des financeurs (la CAF, la ville et le conseil départemental) de couper les vivres. L’association gérante a été officielllement dissoute en août 2023, après 60 ans d’existence. A part permettre l’utilisation des locaux par des associations avec des conventions particulières, la municipalité n’a pas voulu faire poursuivre un projet collectif, même de manière réduite et provisoire. Il y a donc un grand vide pour l’éducation populaire.

Le projet social et culturel de la MVC reposait en particulier sur des « portraits de quartier », élaborés apr les habitants en 2017, et bien oubliés aujourd’hui par la municipalité actuelle. Comme remarqué lors de la séance du CdQ, un groupe d’habitants, se situant dans la même dynamique, avait constitué un groupe de réflexion pour travailler à un nouveau projet de maison de quartier associative. Ce groupe s’est appuyé sur le « comité pour la défense des droits de l’homme au Pays basque » (CDDHPB), une structure constituée en 1984, dont le siège était justement à la MVC, et à laquelle participent plusieurs habitants du quartier.

Ce groupe a fait connaître sa démarche lors de la réunion publique du 18 décembre, annonçant qu’il se constituerait en association le 18 janvier, avec la perspective de cafés associatifs. La réaction du maire fut un peu méprisante : il explique que le futur centre social doit concerner tous les habitants, et pas seulement les « militants ».

Un administrateur du CDDHPB intervient pour récuser le qualificatif de « militant » attribué par le maire au comité. Il indique le maire avait été informé de l’initiative dès mars 2024. La démarche ne s’adresse qu’aux habitants du Polo. Il y a une soixantaine de participants. Le projet est de faire des cafés participatifs pour recueillir les besoins des habitants. Le comité passera le relai à l’association qui va se constituer le 18 janvier.

A cela, la municipalité expose sa propre démarche, par l’intermédiaire d’une responsable des services techniques. Un diaporama présente la procédure choisie pour ré-écrire un projet de centre social : un comité de coordination avec les futurs financeurs ; un « collectif de réflexion » avec habitants, associations, institutions, pour identifier les besoins et les enjeux majeurs ; une démarche « diagnostic » au Polo, qui sera aussi conduite sur les autres MVC existant sur la ville. Il y aura des ateliers thématiques. On intégrera tous les projets en cours. Le « collectif de réflexion » regroupera 30 à 40 personnes, et il y aura un appel à volontaires début janvier et des permanences. Tout cela avec le « consultant » annoncé par le maire dans son propos liminaire.

De quoi se mêlent les habitants ? Sans surprise, le maire ne comprend pas les démarches d’habitants, leur utilité et leur nécessité pour la vie démocratique d’une ville. Brusquement, pour court-circuiter l’émergence d’un projet habitant pour une maison de quartier, on précipite le lancement d’un projet institutionnel « descendant », fortement cadré et contrôlé, Rien n’avait bougé depuis de nombreux mois, et tout s’accélère : dès janvier…

Ce qui s’est passé au Polo, est malheureusement exemplaire d’une ville « étouffe-citoyen-ne » : avec la séquence qui va du conseil municipal à la réunion publique, les annonces de multiples concertations, autour de projets (les logements HSA, la ferme Urtasun) dont on ne sait à quel stade ils en sont, Et surtout comment ils se situent dans une « vue d’ensemble » du quartier.

Patrick Petitjean, 22 décembre 2024

Le PLU en plein chaos à Bayonne

Et que cela nous encourage à voter pour le Nouveau Front Populaire, ici comme ailleurs …

Ce mois-ci, les concertations ont repris (mollement) sur le PLUi de l’ACBA. Le conseil communautaire a validé le 15 juin la déforestation patielle des 4,5 ha du Sequé 4. Et le Président de la CAPB a lancé une 18e modification du PLU de Bayonne pour (entre autres) lever des incohérences dans le PLU concernant le Sequé 3, incohérences qui pourraient peut-être expliquer l’absence de démarrage du Sequé 3.

Il y a nombre de procédures en cours concernant le PLU à Bayonne. Leur emmêlement, l’accélération de certaines, ou inversement leur quasi-suspension, les échéances multiples, tout cela provoque une absence complète de lisibilité. Quelle est la politiques d’aménagement, ses objectifs, ses principes. Il est impossible pour les habitants, loin de ce maquis procédurier, d’y comprendre quelque chose. Pareil sans doute pour les élu.e.s. Le président de la CAPB et ses chefs de services y voient-ils plus clair, ou fonctionnent-ils au « fil de l’eau » ?

Cette absence complète de lisibilité a été un des arguments avancés par la commissaire enquêtrice pour justifier son avis négatif lors de l’enquête publique pour le Sequé 4. Elle rejoignait d’ailleurs l’avis de la Mission régionale de l’Autorité environnementale « Etant donné l’ancienneté du PLU en vigueur, la MRAe recommande de présenter un bilan du PLU depuis son approbation pour mettre en perspective cette opération dans la dynamique de croissance démographique et de production de logements ». Et le syndicat mixte du SCoT : « la succession de procédures d’évolution du document d’urbanisme approuvé en 2007 e permet pas aux élus du bureau syndical du SCoT de comprendre la stratégie globale de la commune ».

Dans un prochain billet sur le débat lors du conseil communautaire concernant le Sequé 4, je reviendrai sur les réponses de la CAPB et son argumentation pour défendre la construction de nouveaux logements à cet endroit.

Artificialisation, solution de facilité et politique obsolète.

Mais il est un point, qui n’avait même pas été évoqué lors du conseil municipal du 30 mai, qui a fait heureusement débat lors du conseil communautaire, celui de l’artificialisation des sols qui accompagne tous ces projets.

Les 4,5 ha du Sequé 4 seront partiellement construits, après les 3 ha du Sequé 3. Dans le projet militaire de la Citadelle, 2,6 ha seront déboisés, dont une véritable forêt urbaine. L’extension de la clinique Amade concerne 1,3 ha d’espaces boisés classés. Il y a souvent des tours de passe passe : on rebaptise « classés » sur le papier des espaces boisés existants déjà, comme compensation » des déboisements. Pour le Sequé 4, on classifie « espace naturel » sur le papier des bois le long du ruisseau des Anges, comme s’ils n’existaient pas déjà comme espace naturel sur le terrain réel.

Considérer les espaces naturels, agricoles ou forestiers comme des variables d’ajustement, secondaires au regard des besoins en foncier à urbaniser n’est évidemment pas propre à Bayonne.Ils sont menacés de toutes parts. Le président de la CAPB est confronté aux mêmes enjeux dans les Barthes de Mouguerre, la forêt de Juzan à Anglet, et les terres agricoles de Marienia à Cambo.

Les documents de planification (SCoT puis PLUi) doivent intégrer la prise en compte de l’artificialisation et imposer une nouvelle façon de penser et d’agir. La doctrine actuelle de la CAPB est obsolète. On a l’impression que les retards pris pour les nouveaux documents servent à la CAPB pour réaliser un maximum d’artificialisation avant qu’ils ne rendent impossibles les projets en cours.

Une stratégie dissoute ou cachée dans les modifications

Quelques rappels de sigles et de dates

PLUi : Plan Local de l’Urbanisme infracommunautaire (un morceau de la CAPB)

SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale (document d’aménagement et d’urbanisme au-dessus des PLUi, concernant le Pays basque t le Pays du Seignanx)

(A)CBA : (Agglomération) Côte Basque Adour (fusionnée dans la CAPB) : Bayonne, Boucau Biarritz, Bidart, Anglet

PADD : Projet d’Aménagement et de Développement Durable (fixe les orientations générales du PLU)

Labourg Ouest : Côte basque et proche rétro-littoral. La CAPB est divisée en 4 PLUi.

Des PLU et PLUi

La PLU de Bayonne date du 25 mai 2007, et a subi de nombreuses modifications depuis (voir plus loin). Mais son PADD est toujours convoqué pour justifier les modifications du PLU : « en conformité avec… ».

Le PLUi CBA a été lancé en 2015. Son PADD a été débattu en 2019. Son élaboration a été suspendue en externe, puis relancée cette année. Des concertations publiques ont été organisées dans les 5 villes de CBA enre le 5 et le 18 juin. 11 RV ont été fixés pour les 5 villes… dont 10 consistent en un stand en plein air pour rencontrer les habitants. Le premier, au siège de la CAPB, n’a intéressé qu’une petite dizaine d’habitants. Il consistait en des panneaux d’infos sur 2 thèmes : la participation se faisait par des commentaires sur post-it. On peut saluer l’abnégation des 4 maires et une adjointe, présents et discourant pour une poignée d’habitants.

L’objectif est le vote du PADD par la conseil communautaire cet automne, une enquête publique en 2025, et un vote final dans la foulée.

L’élaboration du PLUi « Labourg ouest » a été lancée en parallèle en décembre 2023. Il se substituera après 2025 au PLUi CBA. La concertation réglementaire est lancée.

https://www.communaute-paysbasque.fr/concertations-reglementaires-1/concertation/elaboration-du-plui-littoral-labourd-ouest

Procédures de transformations du PLU

Il y en a actuellement principalement 3

* Modification. La plus ancienne, la plus lourde (et donc longue) pour le nombre d’avis de personnes publiques à recueillir et d’études d’impact à mener. Elle s’impose quand des équilibres généraux du PLU sont à modifier. Elle peut concerner un projet, ou ramasser de multiples petites modification ?

* Déclaration de projet valant mise en compatibilité du PLU. Les études, notamment environnementales, sont limitées, ainsi que l’enquête publique. Mais la concertation préalable est maintenue

* Et, intermédiaires, les modifications simplifiées. Et même encore plus simplifiées que les déclarations de projet depuis une loi de mars 2023.

Déclarations de projet

Les dernières déclarations de projet finalisées et adoptées par le Conseil communautaire concernent le transfert du centre d’oncologie (2/10/21), la création d’un pôle d’oncologie (17/1/24) et l’urbanisation du Sequé 4 en logements (15/6/24)

Sont en cours :

* La déclaration de projet pour la création d’un Institut du sport et du vieillissement (près Belharra). Le lancement date du 1/7/23, la concertation préalable a eu lieu du 9/10 au 9/11/23. Le rapport de la concertation est attendu, puis le lancement de l’enquête publique

* L’extension de la clinique Amade (derrière la citadelle). Le lancement date du 30/9/23, la concertation préalable a eu lieu du 4/12/23 au 4/1/24. Elle a été validée le 17/2/24 par le conseil communautaire. L’enquête publique est à venir

* Travaux citadelle Général Georges-Bergé (la CAPB pilote le processus, qui sefait sous l’autorité du Préfet pour le compte du Ministère des armées). Le lancement s’est fait par arrêté préfectoral du 15/12/23. La concertation préalable a eu lieu du 8/1/24 au 8/2/24. Le rapport de la concertation, puis l’enquête publique, sont attendus.

Les modifications simplifiées

La dernière (n°9) a été adoptée le 18/12/21 par le Conseil communautaire avec un paquet de diverses mesures.

En cours, la n°10 a été engagée le 19/1/23 par le Président de la CAPB. Elle est supposée faciliter la construction de logements sociaux et adapter les critères à ceux définis dans la « charte de mixité sociale » adoptée par le Conseil municipal en mars 2023. Curieusement, ce lancement n’a pas eu de suite, alors que Etchegaray justifie les nouveau logements au Sequé 4 par l’impossibilité de construire ailleurs. En attendant, la charte repose plus que jamais sur le bon vouloir des promoteurs et non partiellement sur le PLU.

Les modifications ordinaires

La dernière (n°17) concerne la réalisation de la nouvelle école du Prissé. Elle a été votée le 24/9/22 par le Conseil communautaire

La n°18 est en cours. Elle avait été lancée le 14/9/23 pour permettre le projet de HSA à l’emplacement de l’ancienne cité « Citadelle) : démolition, reconstruction des logements locatifs sociaux, avec en plus des accessions à la propriété. C’était en attente. Le 13/6/24, le président de la CAPB a annulé son premier arrêté, et en a édicté un nouveau. La nouvelle modification n°18 concernera encore le projet Citadelle (amélioré avec plus de vert), mais aussi la facilitation de l’installation de panneaux photovoltaïques pour toute la ville, et, étrangement, la suppresion des incohérences pour le Sequé 3. L’arrêté ne donne pas de détails, il faudra attendre le dossier lui-même. Un jour ou l’autre…

Historique des diverses évolutions

Plan Local d’Urbanisme de la commune de Bayonne approuvé le 25 mai 2007, objet de :

* 3 révisions simplifiées sectorielles approuvées le 30 juin 2009,

* 4 mises en compatibilité approuvées le 13 août 2010, 18 décembre 2010, 23 septembre 2015, 2 octobre 2021 (n°4 ci-dessus),

* 17 modifications les 13 mai 2008, 13 février 2009, 18 décembre 2009, 23 juillet 2010, 25 février 2011, 22 juillet 2011, 30 mars 2012, 19 juillet 2013, 21 janvier 2014, 16 décembre 2015, 15 juin 2016, 10 mars 2018, 9 novembre 2019, 14 décembre 2019, 19 juin 2021, 24 septembre 2022 (n°17 ci-dessus)

* 9 modifications simplifiées adoptées les 27 juillet 2009, 23 avril 2010, 15 février 2013, 27 septembre 2013, 15 juin 2016, 21 décembre 2016, 17 juin 2017, 2 octobre 2021 et 18 décembre 2021 (n°9 ci-dessus)

Patrick Petitjean, 23 juin 2024

RDA à Bayonne (2) : la CAPB dessine ses plans

Le « socle commun » entre les variantes, deuxième partie du document présenté le 20 mai, permet de découvrir le noyau dur des choix d’aménagement du nouveau quartier rive droite de l’Adour. Les cartes, notamment la synthèse, permettent de les visualiser. En voici quelques unes, commentées. Il y 7 sous-parties : les principes directeurs, le projet de paysage, un quartier pour 3 séquences, la résilience, la stratégie des mobilités, formes urbaines et patrimoine, programmation mixte.

Note : toutes les images sont reprises du document distribué lors de l’atelier public du 20.5

Dans le 1er billet, la question de la « résilience », à savoir l’adaptation aux risques d’inondation, avait déjà été traitée, il n’en sera pas question cette fois, mais elle reviendra dans le 3e billet sur les deux variantes proposées.

Synthèse

En commençant par la fin, la diapo de synthèse, permet de voir les différentes pièces du projet et de rendre plus lisible les diapos des sous-parties. Sur cette synthèse, on visualise :

– 1 400 nouveaux logements, au centre du nouveau quartier, avec un épannelage, à savoir des hauteurs de plus en plus grandes quand on s’éloigne de l’Adour. Et au centre « une petite polarité de proximité ».

– L’ouest du quartier protégé des eaux ; dans le front bâti actuel quai de Lesseps, seul le bâtiment de la manutention militaire serait conservé, le reste est reconstruit dans une mixité de fonctions.

– La promenade actuelle le long de l’Adour entre les deux ponts est élargie, prolongée vers la « Pièce noyée », et rebaptisée « jardin ». Un nouveau jardin de la Citadelle est créé, sur toute la profondeur, au pied du bâtiment militaire.

– La circulation est bannie du quai de Lesseps et renvoyée vers une rue traversante, le long de la voie ferrée, dans la continuité de la rue Sainte Ursule.

– Après le pont Grenet, l’avenue est transformée en « boulevard urbain », avec suppression du rond-point, et nouvelles constructions à niveau, avec un socle tertiaire.

– L’Université n’est pas localisée dans cette synthèse : dans une variante, elle est sur pilotis dans la Pièce noyée à l’Ouest, dans l’autre à l’Est à côté du Didam.

Les principes directeurs

C’est presque poétique, c’est très beau, mais pas réellement opérationnel. J’y retiendrai trois choses :

– L’affirmation qu’on sera dans le centre ville : ce qui pose la question de ce qui fait centre ville (la densité des commerces et des lieux de sociabilité?) et, a contrario, ce qui différencie des autres quartiers (dortoirs?).

– La pétale « nouveau quartier » est réduite à ce qui est à l’ouest de la Citadelle, et, inversement, Saint Esprit étendu jusqu’à la jonction de la rue Sainte Ursule et du quai de Lesseps.

– Cette trame urbaine croise une trame paysagère (verte) qui va de la Citadelle aux jardins des Remparts (sur une autre diapo)

– La liaison entre les pétales se fait par la « Promenade des berges », déjà existante.

Cette autre diapo (qui est la seule de la partie « séquences ») précise ces pétales. L’extension de Saint-Esprit est baptisée « pôle mixte et faubourien » ? Pourquoi pas. Cela ne dit rien de l’articulation avec le reste de Saint Esprit et le quartier de la gare.

En contrepoint, la 4e pétale devient un « quartier résidentiel apaisé », avec au centre la « petite polarité » pour les commerces de proximité, marquant bien la priorité logement.

Et surtout, apparaît pour la première fois, une « entrée de ville vitrine », du côté du boulevard Grenet, avec un « pôle culturel de grande envergure ». Et là, il y a de quoi beaucoup, beaucoup s’inquiéter. Une pétale du centre ville, avec une entrée de ville (en plus, on oublie le quartier Saint Bernard, après la pièce noyée) ? Les entrées de ville sont le plus souvent des catastrophes. Quand au pôle culturel de grande envergure, s’agit-il de ressortir un vieux projet de Zénith, sur la friche Duprat ? Avec ce que cela amène comme circulation automobile ? Un Pôle culturel, localisé de plus à l’opposé du Didam et de l’Atalante ?

Cette 3e « ambiance / séquence », « entrée de ville vitrine », paraît une bien mauvaise idée, et dangereuse.

Le Port de Bayonne

Avec cette « entrée de ville » se pose la question du Port de Bayonne, actuellement et de manière prospective. A l’ouest de la Pièce noyée (en vert sombre sur la photo précédente), débute la zone du Port de Bayonne propriété de la Région. La Région a adopté un plan de développement du Port à court et moyen terme sur la zone de Saint Bernard à Bayonne, divisée en 3 sous secteurs, avec au centre la partie habitée « Saint Bernard » (qui comporte aussi tout un ensemble de jardins ouvriers). A proximité de la Pièce noyée, ce sont, et seront, des activités portuaires « légères ». Par ailleurs, quand la Région a vendu la « Pièce noyée » à la CAPB, une clause précise qu’aucun logement ne doit y être construit, en prévisions d’éventuels conflits de voisinage.

Qu’en sera-t-il des projets du Port de Bayonne quand le nouveau quartier sortira de terre dans 10 ou 15 ans ? Comment évolueront-il ? L’articulation entre le nouveau quartier et le Port, et à plus forte raison la situation à 10 ou 15 ans, semblent relever d’une sorte d’impensé.

En particulier, on peut poser la question d’une sorte de « ceinture maraîchère », en liaison avec les potagers de Saint Bernard. L’agriculture urbaine est pour l’instant totalement absente du projet d’aménagement alors que cela relève de la biodiversité et de l’adaptation au réchauffement climatique. Ce ne sont pas 2 ou 3 jardins partagés au milieu des immeubles qui pourront en tenir lieu.

Un quartier résidentiel

Il n’est pas de bon diaporama d’urbanisme sans camembert. Celui-là montre la mixité voulue pour ce quartier, et ses limites.

77 % des surfaces pour le logement, sans que puisse être définie à ce stade la répartition des 1 400 logements entre locatif social, propriété (sociale ou non), habitat spécifique, en dehors de 200 logements étudiants. « Mixte » est un mot valise, et peut recouvrir des projets opposés. La nature de ce « résidentiel » reste à définir.

18 % pour les équipements, dont la moitié pour l’université, 1/4 pour la culture (dont le grand équipement?). Il reste 14 % pour des équipements de proximité (les écoles et crèches y sont comptées) ; 5 % pour un pôle social (comme La Table du Soir et le Point Accueil Jour) ; et 6 % pour commerces et restaurants.

5 % est ce qui reste pour la « ville active », donc les artisans. L’économie sociale et solidaire n’est pas fléchée.

Cette répartition ne peut que susciter force interrogations : d’où sort ce chiffre de 1 400 logements, alors que les documents de planification (PADD, PLUi, PLH) sont en en construction ? Cette densité, avec des immeubles en R+9 près de la vie ferrée est-elle justifiée ?

La partie « activités » est vraiment faible pour éviter un quartier dortoir du type Prissé, Aroussets, Séqué (réalisations récentes)… Le pôle social semble minimaliste, avec seulement le relogement (promis) des deux associations de solidarité actuellement dans le quartier, loin d’un quartier « mixte ». Ce n’est pas vraiment un pôle.

Patrimoine et formes urbaines

Comme bâtiment, seule la Manutention militaire, quai de Lesseps, serait conservée. Tout le reste du front bâti serait détruit, y compris certains immeubles typiques, ou porteurs de l’histoire maritime du quartier. Et ce, contrairement aux souhaits exprimés lors des ateliers de concertation. Priorité à de nouvelles surfaces de constructions, pour y mettre, selon les variantes, l’Université elle-même ou les logements étudiants.

On attend toujours d’ailleurs le résultat du travail de l’association Plateau urbain, bénéficiaire de plusieurs marchés pour y faire de l’urbanisme transitoire.

Güller & Güller sont, d’une part, dans une démarche de « réinterprétation du patrimoine », centrée sur les formes urbaines (voir photo) : la rythmique de la trame urbaine (?), la « silhouette du bâti historique » (?), selon leurs termes.

Les hauteurs du côté de Saint Esprit (R+3 à R+5) sont supposées conserver ces formes… bien que la proposition soit illustrée par une photo des quais du Petit Bayonne.

Pour la partie résidentielle, l’épannelage consiste à avoir des hauteurs R+3 du côté de l’Adour à R+9 du côté de la voie ferrée.

D’autre part, le paysage est ce qui fait davantage patrimoine dans ce quartier, avec l’Adour, la Citadelle avec ses massifs arborés et son lien au fleuve et les perspectives vers la rive gauche : voir la photo suivante.

Le projet paysage

C’est la sous-partie qui comporte le plus de pages dans le document. Chacune des séquences du bor de l’Adour a droit à une description précise, Avec même 2 pages pour le quai festif : « un lieu de rencontre faisant charnière entre Saint Esprit et le nouveau quartier », avec un « jardin linéaire de 25 à 30m de large ». L’idée de quai festif trouve sans aucun doute sa source dans le bar extérieur de l’Atalante.

On trouve de beaux arbres bien dessinés partout. Pour le quai résidentiel, s’y ajoutent divers agrès sportifs, aires de jeux et détente : toutes chose en partie déjà présentes à cet endroit.

Sur une autre diapo, figurent aussi de belles pénétrantes vertes et bleues, de l’Adour vers l’intérieur du coeur du nouveau quartier.

Arbres dessinés et paysage tiennent à distance les véritables enjeux environnementaux que pose ce projet. Certes, il est précisé qu’il y aura, pour un peu plus de 17 ha, 60 % d’espaces bâtis pour 40 % ouverts, dont la plus grande parte (5,7 ha) en espaces verts (une forme de nature artificialisée).

Même à ce stade d’un plan guide, un diagnostic de l’artificialisation actuelle, un inventaire de ce qui friches (plus ou moins artificialisées), sols dégradés non imperméabilisés (emprises SNCF en particulier). Sans parler d’une étude environnementale sur la faune et la flore, qui peut révéler des surprises. Cela viendra sans doute dans une phase plus opérationnelle, mais il est toujours surprenant, et de plus en plus, de faire de grands projets comme si les questions environnementales et de biodiversité étaient des variables secondaires d’ajustement final.

Mobilités

Il y a là des choses peu contestables : supprimer la circulation sur le quai et la reporter sur une seule rue à double sens (pour desservir la gare) le long de la voie ferrée ; pas de stationnement pérenne en surface ; des parkings en silos pour les habitants ; des voies de desserte pour résidents et services à l’intérieur du quartier. Proposition est faite que tout serait en zone 30, mais cette limitation a de bonnes chances d’être obligatoire dans toutes les villes à échéance de 10 ans.

Il et même proposé que le Pont Saint Esprit soit mis en sens unique pour une seule file de voitures vers la gare, pour laisser place aux vélos et aux bus sur la chaussée, laissant les trottoirs aux piétons. Ce que demandent a minima les associations de cyclistes et de piétons dès aujourd’hui, demande à laquelle la ville refuse de donner suite.

Un bus est prévu sur la rue qui longera la voie ferrée (il y en en déjà un sur le quai aujourd’hui), pas un mot sur une navette fluviale (pourtant demandée lors des ateliers). Une passerelle (piétons et vélos) entre le futur jardin de la Citadelle et le jardin Cassin n’est pas exclue…

Reste la question la plus délicate : le boulevard Grenet, devenu urbain et avec un carrefour à la place du rond point. Comment traiter les 40 000 voitures qui prennent actuellement ce boulevard et le pont, pour aller vers le boulevard du BAB ? Bonjour l’attractivité des immeubles le long du boulevard.

Dans les ateliers, on a entendu la proposition d’un nouveau pont plus en aval, un serpent de mer. Mais qui entrerait en contradiction avec l’objectif officiel de réduire la circulation automobile dans l’agglomération.

Un parking relai, au niveau de la pièce noyée, sur pilotis, complétée par une navette vers la rive gauche, permettrait-il d’arrêter une parte de la circulation dès le bas de la colline de la citadelle ?

Le plan guide est muet sur cet enjeu.

Au final

Les premières impressions sont très insatisfaites. C’est très inégal, parfois superficiel, pas toujours cohérent, avec beaucoup d’impasses. Les variantes (voir le 3e billet) apportent quelques précisions, mais le socle reste un socle.

Il y a du consensuel : l’aménagement des berges de l’Adour, la rue principale repoussée le long de la voie ferrée, la place donnée à une extension de l’Université, l’adaptation aux risques inondations, des logements (mais avec quelle densité et typologies ?)

Au-delà de la pétale du centre ville, quelle vision de ce nouveau quartier pour le vivre ensemble, et faire ville (ou village) et non cité dortoir ?

Des ratés : le patrimoine peu sauvegardé, comme la mémoire maritime ; le maraîchage oublié ; le pôle social très faible, le non traitement de la circulation boulevard Grenet…

Et beaucoup d’autres interrogations.

La deuxième version du plan guide cet automne permettra-t-elle d’aller plus loin avant de s’engager dans les différentes briques du projet ?

Patrick Petitjean, 30 mai 2024

RDA à Bayonne : la CAPB sort ses cartes

Le mardi 21 mai, la CAPB a organisé un atelier pour le rendu du travail de l’agence Güller & Güller, chargée du plan guide pour le projet d’aménagement de la rive droite de l’Adour, sur plus de 17 ha entre les quartiers Saint Esprit et Saint Bernard. Plus d’un an après le lancement officiel, la CAPB a rendu publiques des premières cartes, permettant de visualiser un peu mieux ses projets.

Le compte rendu de l’atelier « analyse des scenarii d’aménagement » et le document (diapos) distribué lors de la soirée seront prochainement disponibles sur le site de la CAPB. En attendant, en voici les grandes lignes, ainsi que des premiers commentaires, dont certains ont été aussi ceux de participants à cet atelier. Il y avait 70 à 80 personnes présentes.

Après un rappel des « défis » et des étapes des « contributions citoyennes », le document présente les principes directeurs de l’aménagement, communs aux deux variantes évoquées pour la localisation des projets. Pour la partie commune, comme pour chacune des variantes, la CAPB a sorti ses chiffres et ses cartes, qui sont un bon reflet des choix municipaux, malgré une communication léchée.

Les propositions faites sont, bien entendu, présentées comme émanant, pour la plupart, de la reprise par les programmistes et les services de la CAPB des suggestions faites par les habitants à travers enquêtes et ateliers depuis 1 an. Ce fut abondamment rappelé, communication oblige.

En ouverture, l’étude sur les risques d’inondation à l’horizon 2100 a été présentée, avec une hypothèse « catastrophe ». Les délais pour cette étude sont, paraît-il, une des raisons du retard (6 mois) dans le rendu du travail de MM. Güller.

Après cet atelier

Les deux scenarii vont être revus, éventuellement mélangés, les arbitrages rendus, pour aboutir à une proposition finale (mais toujours provisoire) qui sera présentée publiquement à l’automne, puis soumise aux votes du conseil municipal et du conseil communautaire. Ce ne sera pas la fin : le plan guide est supposé être évolutif. Il définit « la philosophie, les ambitions, les grands équilibres » : on y est. Il pose aussi « les premiers principes d’une organisation spatiale et urbaine du futur quartier » : on y est aussi. Mais, il devait proposer aussi « les temporalités des différents secteurs à aménager » : le document présenté n’y est pas encore.

Des modifications du PLU seront indispensables pour mettre en œuvre les différents projets contenus dans ce plan guide. Un premier PLUi (au niveau des 5 villes « Côte Basque Adour »), lancé en 2015, est en cours d’élaboration, à échéance de fin 2025 (en principe). Mais en parallèle, un autre PLUi a été lancé, au niveau du Labourg Ouest, devant être finalisé 3 ou 4 ans plus tard, remplacé le précédent, qui sera mieux en phase avec les échéances annoncées pour les premiers aménagements de la rive droite. Tout cela donnera lieu à des débats sur ces aménagements.

Derrière, les autorisations d’urbanisme prendront aussi beaucoup de temps, administratif, mais aussi réglementairement consultatif. Les premiers chantiers sont annoncés, dans le document fourni, dans 10 ou 15 ans. Mais on sait que dans un domaine, les bâtiments universitaires, la CAPB veut aller vite, compte tenu des engagements pris au niveau de la région et de l’augmentation souhaitée (et souhaitable) du nombre d’étudiants.

Le reste est plus lointain, voire aléatoire, d’autant plus que les négociations foncières avec l’État, l’armée et la SNCF sont loin d’être terminées. Même si les premières acquisitions foncières remontent à plus de 15 ans, à travers l’EPFL, la CAPB est loin d’être propriétaire des quelques 17 ha du projet.

Pour des raisons de longueur, cet article est segmenté en 3 billets : le 1er, celui-là, avec la présentation de l’atelier, des enjeux du plan guide, et de l’étude sur les risques de submersion : sans nul doute la partie la plus intéressante et novatrice du document présenté. Le 2e sera sur le socle commun. Et le 3e sur les deux variantes présentées.

2100 au regard des inondations de 2014

L’emprise du projet ne figure pas dans les secteurs identifiés comme « à risque » dans le PPRI (Plan de Prévention des Risques d’Inondation) en vigueur, validé par la Préfecture en juillet 2012, autant dire une éternité au vu de ce qu’on sait de l’accélération du dérèglement climatique.

Le bureau d’études a appliqué la méthodologie traditionnelle : partir d’une crue « centennale » (supposée n’arriver que tous les 100 ans) et faire de la prospective à 50 ou 100 ans.

Ici, la référence a été la crue du 1er février 2014, considérée comme un évènement « extrême » où le changement climatique était déjà à l’oeuvre. Et reprendre les calculs du GIEC sur l’élévation du niveau de l’océan en 2100, soit 60 cm.

60 cm, cela correspond aux prescriptions d’une circulaire gouvernementale datant déjà du 27/11/2011, appliquée à la médiane du scénario du GIEC à 3,6° de réchauffement.

Résultat, presque tout le secteur d’aménagement serait sous les eaux… : voir le trait rouge de la carte qui entoure les zones inondées. Quai de Lesseps, on aurait de l’eau presque jusqu’à la taille…

Seule la zone du rond point et du boulevard Henri Grenet y échapperait.

On attend avec inquiétude le même scénario appliqué à l’ensemble de la ville…

Adaptation pour prévenir les dégâts et les limiter

3 principes sont mis en avant :

– la transparence hydraulique, ce qui veut dire ne pas faire obstacle aux mouvements des eaux ;

– la mise en place de casiers de débordement contrôlé, avec des paliers (voir carte) ;

– la rehausse de la voirie structurante (en jaune sur la carte)

S’y ajoutent un merlon de protection pour Saint Esprit Ouest (quai de Lesseps) jusqu’à la rue Sainte Ursule, et la mise hors eau du coeur résidentiel de logements.

Tout cela implique force remblais et déblais ; des nombreuses construction sur pilotis ; des zones de stockage (comme le secteur de la pièce noyée), …

Au vu de cette étude, on aurait aimé une telle étude préventive à Saint Esprit, au lieu d’une bétonisation brutale, à l’ancienne, sans égard pour les risques d’inondation. La construction (en cours) d’immeubles pour parachever le front quai Bergeret a vu la chute d’une grue mal installée dans une mare, et la mort du grutier en mars 2022.

Patrick Petitjean, 27 mai 2024

Bayonne, hommage au grutier mort au travail le 9 mars 2022

rassemblement 9 mars 2024

Ce 9 mars, cela fait deux ans que Mohamed Kichouhi a trouvé la mort dans l’effondrement de la grue du chantier de l’îlot Bergeret à Bayonne Saint-Esprit. Même si les travaux ont repris cet hiver et une nouvelle grue installée, le collectif de riverains ne laissera pas sa mémoire s’effacer. Un hommage lui a été rendu à 11h ce samedi 9 mars

Que d’eau

Le chantier avait débuté à l’automne 2021 pour la construction de deux bâtiments, l’un de 30 et l’autre de 15 appartements, en accession (sociale?) à la propriété, des BRS. Pendant l’hiver, les riverains avaient été frappés par les inondations sur le chantier autant que (en rembobinant le fil à partir d’aujourd’hui) par le caractère un peu foutraque du chantier.

Le terrain n’est officiellement pas en zone inondable, mais à chaque épisode de fortes pluies, ou de fortes marées, le trou se remplissait d’eau. Les autorisations données par la Ville et l’architecte, les précautions prises par les opérateurs (Domofrance et le COL), la conduite du chantier par l’entreprise de BTP (Lapix) et ses sous-traitants, continuent à laisser songeurs les membres du collectif 22-Bergeret.

chantier à l’arrêt, février 2023

Surtout si l’on compare avec le type d’études entreprises par la Ville pour le projet voisin « Rive Droite de l’Adour » sur l’inondabilité du secteur à moyen et long terme. Une prise de conscience trop tardive pour Bergeret.

Jugement à venir

L’expertise technique de la chute de la grue en mars 2022 avait conclu provisoirement dès décembre 2022 à un problème de coulage de béton sur un des piliers de support de la grue, béton qui n’eut pas le temps de se solidifier suffisamment avent la montée des eaux.

grue accidentée, vue d’un 8e étage voisin

Le rapport technique définitif remis en décembre à la justice confirme cette expertise, qui pointe du doigt la responsabilité technique de Lapix.

Mais responsabilité technique n’est pas responsabilité judiciaire, et il appartiendra au juge d’établir la chaîne, et les parts, de responsabilité dans l’accident. Cela peut prendre des années, comme c’est le cas dans nombre d’accidents mortels du travail.

Comme légalement obligatoires, des expertises géotechniques avaient été réalisées l’été 2021, avant le début du chantier, puis un an plus tard avant le gros œuvre. Ces deux expertises attiraient l’attention sur la proximité de la nappe phréatique, le marnage (marées), les inondations. Elles appelaient à un renforcement des précautions prises. L’enquête judiciaire devra déterminer lesquelles ont effectivement été prises dans cette première phase du chantier. Ces deux rapports demandant aussi à ce que soit effectuée une expertise géohydraulique complémentaire. Autant le COL avait accepté la demande du collectif de transmettre les deux expertises géotechniques, autant les suites données à la demande hydrogéologique ne sont pas encore connues.

Accidents du travail

Pour le collectif, il était important de relever le cadre général des morts au travail, au-delà du cas local. C’est le sens du travail fait avec les syndicats, CGT construction, LAB, Solidaires et FSU, notamment à l’occasion des hommages.

prise de parole le 9 mars 2024

Ce 9 mars, dans la prise de parole commune, il a été rappelé que chaque jour en France deux personnes meurent au travail. Une hausse de 14% en un an. C’est l’Etat d’Europe qui a le plus mauvais bilan avec 3,53 accidents mortels pour 100 000 travailleur·euses, d’après le service européen de statistiques Eurostat.

Depuis le début de l’année, 17 personnes sont mortes au travail au Pays Basque Sud. Rappelons aussi qu’en 2023 au Pays Basque, 59 personnes ne sont pas rentrées vivantes du travail, dont 5 en Iparralde. Bien plus encore se blessent quotidiennement ou développent des maladies longues voire incurables.

Les accident et morts au travail sont massifs mais invisibilisés. Les plus touché·es sont les ouvriers et ouvrières, les emplois peu qualifiés, de plus en plus les jeunes et les femmes.

Le Collectif 22-Bergeret

Il s’était constitué après l’accident de la grue en mars 2022. Il regroupe des riverains et d’habitants du Carré St Esprit (l’immeuble sur lequel la grue s’est effondrée), en solidarité avec la famille du grutier et toutes les victimes. Depuis 2 ans, la solidarité reste la première raison d’être du collectif, aussi pour que ne s’efface pas la mémoire de l’accident.

Pendant l’arrêt du chantier, le collectif a mené plusieurs actions et débats pour la remise en cause du permis de construire sur cet îlot. Cela aurait permis une refonte du projet avec un espace vert sur ce terrain à la place des constructions, ou pour le moins une inclusion d’un espace de ce type dans le projet, ce qui était pourtant plébiscité par les habitants du quartier.

Malgré tous les problèmes soulevés quand à la nature du chantier, malgré de nombreuses interpellations, la mairie a refusé toute remise en cause. Le dialogue n’a pas été possible.

A l’été 2023, les réparations du Carré Saint-Esprit ont commencé. Si la reconstruction du dernier étage, le plus impacté, est achevée, toutes les réparations nécessaires ne sont pas achevées, 2 ans après l’accident.

A l’automne dernier, sur le terrain dévasté, inondé, les systèmes de pompage, les tractopelles, les engins de terrassement et de forage sont entrés en action ; le 8 janvier 2024 une nouvelle grue a été montée ; aujourd’hui des ouvriers exécutent les travaux, coulent des dalles, érigent des murs, en béton.

montage de la grue le 8 janvier 2024

Le collectif a pris acte de la volonté de la ville, et son action, en plus de la solidarité, se tourne vers la vigilance. Les riverains ont, pour certains, une vue directe sur le chantier, et sont en contact régulier avec le chef de chantier. Ils ont l’impression de plus de sérieux, au regard de la phase avant l’accident.

Néanmoins le collectif a du intervenir à deux reprises : sur le respect des horaires de travail légaux et sur le respect de la sécurité des piétons le long du chantier boulevard Alsace Lorraine.

L’hommage du 9 mars 2024

Une soixantaine de personnes ont participé à l’hommage ce matin : syndicalistes, membres du collectif, habitants du quartier, famille et amis de Mohamed Kichouhi, membres de l’association Âge et Partage 64 (futurs propriétaires). En distribuant de flyers d’invitation pour le rassemblement, le collectif avait pu constater combien cet accident mortel restait présent dans la mémoire du quartier. Aucun.e représentant.e de la mairie. Le directeur du COL était présent.

rassemblement le 9 mars 2024

Quelques jours après la reprise du chantier en novembre 2023, une rose rouge enveloppée d’un papier transparent a été accrochée par une main anonyme sur une grille de clôture.

Les ouvriers et leur chef ont dit : « nous ne l’enlèverons pas ». Fanée, elle est toujours là. D’autres roses ont été accrochées par la famille, les syndicats, le collectif et des participants.

roses posées par la famille

Demain, sur ce terrain construit, la mémoire de Mohamed Kichouhi ne doit pas s’effacer, un « espace » doit lui être réservé, ou une plaque, ou toute autre installation mémorielle.

Âge et Partage voulait proposer que la salle au RdC de leur futur immeuble Zubi Mayou, qui sera ouverte au quartier, porte le nom de Mohamed Kichouihi. Une proposition qui va dans le sens de ce que souhaite le collectif. Mis en cherchant à imposer une prise de parole non prévue dans l’hommage, sans aucun contact préalable avec le collectif, la présidente de l’association a donné l’impression de vouloir davantage profiter de la présence de journalistes qu’afficher une réelle solidarité, tardive mais bienvenue. C’est dommage, et une maladresse à oublier.

Sans relâche, le collectif demande, et continuera à demander que justice soit rendue aux victimes, à toutes les victimes de l’effondrement de la grue. Et que la mort de Mohamed Kichouhi ne soit pas effacée.

Patrick Petitjean, le 9 mars 2024

Le Séqué au Conseil municipal de Bayonne

Le conseil municipal de Bayonne le 8 février avait à son ordre du jour une délibération pour la clôture de la ZAC du Séqué (les tranches I et II du quartier). La discussion a dérivé sur l’avis défavorable de la commissaire enquêtrice concernant la tranche IV. En réponse, le maire a décrié tant la commissaire, que les habitants intervenus dans l’enquête, et l’intérêt même de ces enquêtes publiques.

Ce n’était qu’un point secondaire de ce conseil (principaux sujets : la langue basque et le budget), qui a duré plus de 6h30, programmé de plus en fin de séance, donc vers minuit. Sur le site de la ville, on peut revoir l’enregistrement vidéo du conseil. La séquence « Séqué » débute par la présentation de la délibération, à 5h 56’ 28’’. Suivent les interventions de Juliette Brocard (gauche socialiste) à 5h 57’ 30’’ et de Mixel Esteban (EELV) à 6h 1’ 20’’. Les réponses du maire sont de 6h 4’ à 6h 6’ 12’’.

La ZAC

Un mot pour commencer sur la clôture de la ZAC. L’aménagement avait été concédé en août 2006 à une SEM (société d’économie mixte) départementale, la SEPA (société d’équipement des pays de l’Adour). La ZAC couvre les secteurs I et II, labellisés par la suite ecoquartier. Pour le secteur III, c’est HSA (Habitat Sud Atlantique), le bailleur social de la CAPB, qui est l’aménageur. HSA est pressenti aussi pour le secteur IV, actuellement en dans l’incertitude.

pub de la SEPA

Selon la SEPA, la ZAC a produit 609 logements, 98 lits en EHPAD, 800 m² de locaux d’activités et commerces. S’y ajoutent les aménagements paysagers, les voiries, les viabilisations et infrastructures, la construction d’une maison de quartier (à partir du bâtiment de la ferme Loustaouanou. La transformation en véritable rue du chemin de Loustaouanou le long du secteur II, en retard, doit se faire avant l’été prochain. Après des rétrocessions diverses d’assiettes foncières, la ZAC est clôturée avec un solde positif de 238 000 euros, répartis entre la ville (60%) et la SEPA (40%).

Le Séqué III fait l’objet d’une enquête publique en 2019 et le foncier a été vendu à HSA en octobre 2021, pour 179 logements, dont 35% de sociaux. Il n’est pas encore sorti de terre. Le Séqué IV, dont l’enquête publique a débouché début janvier sur un avis défavorable, devait comporter 260 logements, dont 30% de locatif et 15 % de BRS. Au total donc, plus de 1000 logements pour le Séqué.

Les interventions de Juliette Brocard et Mixel Esteban

Juliette Brocard a repris les critiques régulières, émises par des habitants, ou par elle-même lors d’autres conseils où le Séqué avait été discuté (notamment lors de la vente du Séqué III à HSA en 2021) : les espaces publics, la desserte en bus, l’absence de commerces, l’absence d’école, l’insuffisance de logements sociaux, la non prise en compte des demandes des habitants, etc. En élargissant au final sur la manière peu démocratique dont la ville répond en général aux habitants.

Lors du même conseil, bien plus tôt, une délibération avait validé les résultats de l’enquête publique pour l’extension du centre d’oncologie au Nord de Bayonne. Elle s’était déroulée aux mêmes dates que celle du Séqué IV, et s’était conclue par l’avis favorable du commissaire enquêteur. L’oncologie était au menu du conseil, mais pas le Séqué IV.

Mixel Esteban au Conseil municipal

Cette différence de traitement était une opportunité, dont Mixel Esteban s’est saisi, pour informer ses collègues de l’avis défavorable de la commissaire (certains comme Mme Brocard ne semblaient pas l’être), et d’interpeller le maire sur les suites qu’il entendait donner à cette situation.

Il a aussi rappelé l’importance de l’artificialisation à Bayonne : 50 ha consommés entre 2011 et 2021, selon le Cerema et le portail de l’artificialisation, ce qui situerait Bayonne en zone rouge des communes artificialisantes. Pour tout le Séqué, ce sont 22 ha au total, avec une partie engagée avant 2011.

Les réponses du maire à Juliette Brocard : faire quartier

Le maire a répondu à Juliette Brocard qu’il avait rencontré des habitants du Séqué à plusieurs reprises l’année dernière, et que la plupart n’avait pas le même ressenti négatif. Il a confirmé que la rue Loustaouanou serait terminée cet été le long de Séqué II. Il considère que la maison de quartier est un équipement public suffisant. Il a entendu la demande des habitants d’une moyenne surface alimentaire, type carrefour market. C’est dans les cartons de HSA, pour le Séqué III, mais il manque des habitants pour que cela soit viable économiquement.

Le maire au Conseil municipal

Son argumentation sur l’insuffisante déserte du quartier par les bus, sur l’absence de commerces, sur le manque d’équipements public comme une école, reflète une stratégie urbaine, une « pensée de l’aménagement», archaïques et que l’on sait vouées à l’échec : il faudrait d’abord des habitants en nombre suffisant pour que les bus viennent que les commerces s’installent et que les équipements publics soient davantage présents. C’est un peu le paradoxe de la poule et des œufs. Vous habitez depuis 5 ou 10 ans dans ce quartier. Les transports publiques sont déficients ? Vous prenez l’habitude de vous déplacer en voiture, et vous en avez deux par famille. Il n’y a pas de commerces ? Vous prenez l’habitude d’aller (en voiture) dans la grande surface voisine ou au centre ville. Il y a des équipements publics très insuffisants ? Vous conduisez vos enfants dans des établissements scolaire tous loin de votre logement, vous recherchez ailleurs des lieux culturels. Et ces habitudes prises pendant des années, vous n’en changerez pas facilement, et si tout ce qui « fait quartier » finit pas arriver, cela vivra mal.

Les réponses du maire à Mixel Esteban sur l’enquête publique : le déni

Le maire a récusé les chiffres d’artificialisation et demandé ses sources à l’élu écologiste, et contrairement à ses services qui les avaient confirmés, ainsi que leur source (le portail national d’artificialisation des sols) dans leur réponse à la commissaire, tout en indiquant que ce n’était pas contradictoire avec la trajectoire demandée par l’État. Cette réponse avait sans doute échappé au maire.

Brandissant dans sa main le rapport d’enquête, le maire a affirmé que l’avis n’était pas fondé, avant de rectifier : fondé mais pas motivé. Il a réduit l’avis défavorable à un seul motif : il n’y aurait pas une telle urgence pour construire de nouveaux logements. Alors que d’autres opérations sont aussi bloquées.

Ce qui est plus que caricatural. Les conclusions de la commissaire insistent sur le « ici et maintenant » : ici, en artificialisant 4,5 ha. Maintenant, alors que le PLUi est en élaboration et le Séqué III pas sorti de terre. Et résumer en une formule lapidaire les échanges d’arguments entre la commissaire et les services de la CAPB, qui occupent plusieurs pages du rapport n’est pas très honnête : il ne suffit pas de le brandir pour convaincre de l’avoir lu…

Après la commissaire, le maire s’est attaqué aux habitants qui avaient donné leur avis sur le registre d’enquête. Pour lui, il y a eu peu de contributions (ce qui est le cas le plus souvent : 3 pour le pôle d’oncologie), de plus la plupart anonymes (ce qui est largement faux : l’adresse mail est indispensable pour publier un commentaire sur le registre, et le nom est anonymisé sur ce qui apparaît publiquement). Beaucoup ont répété ce que d’autres avaient dit (ce qui est à la fois vrai sur la forme, mais cache le fait que les mêmes critiques sont récurrentes depuis des années sur le Séqué).

Selon le maire, les avis sont le fait de personnes qui ne connaissent pas le quartier, et qui n’ont qu’un discours idéologique fait de stéréotypes, qui donnent l’impression de penser à la place des élus qui sont seuls légitimes. Il récuse l’idée qu’il s’agit d’un espace naturel, puisque ce secteur est classé depuis 30 ans au PLU comme devant accueillir des activités. C’est une confusion constante des élus entre la réalité physique d’une parcelle végétalisée et son classement sur le papier des documents administratifs. Contre-vérité volontaire ou auto-intoxication ?

Pour conclure, fataliste, le maire regrette ce que les enquêtes publiques seraient devenues aujourd’hui. Il annonce « on reviendra là-dessus, et on s’expliquera ». Et les services de la CAPB ont réfléchi au moyen de poursuivre l’opération.

Caricaturer le rapport de la commissaire enquêtrice, s’en prendre aux habitants qui ont fait œuvre de citoyenneté en donnant leur avis, regretter même l’existence des enquêtes publiques, le maire semble loin d’accepter le débat démocratique sur ses projets.

Patrick Petitjean, 11 février 2024