Etchegaray met la CAPB au service des promoteurs

Le conseil communautaire du 23 mars a adopté une « charte partenariale public/privé en faveur du développement du logement social et de l’accession libre abordable », une déclinaison locale des politiques de l’habitat du gouvernement Attal / Kasbarian. L’habitat est délégué aux promoteurs privés, et la priorité est de loger les classes aisées.

Cette charte – prochainement disponible sur le site de la CAPB – sera signée par les promoteurs, les bailleurs sociaux, la CAPB et les communes qui le souhaitent. Elle prend le relai, au niveau communautaire, de la « charte de mixité sociale » bayonnaise, signée il y a un an par les mêmes protagonistes, et pour laquelle aucun début de bilan n’a été fait. J’avais consacré un billet à cette charte : voir au sur le site du Piment bayonnais, « se loger à Bayonne (3) » du 28 mai 2023

https://lepimentbayonnais.wordpress.com/wp-admin/post.php?post=251&action=edit&calypsoify=1&block-editor=1&frame-nonce=4427d59716&origin=https%3A%2F%2Fwordpress.com&environment-id=production&support_user&_support_token

Le changement de titre est tout sauf insignifiant. La nouvelle charte traduit la nouvelle politique gouvernementale : palier à la mévente sur le marché immobilier des logements construits par les promoteurs en encourageant leur achat par des organismes publics, comme la caisse des dépôts ou les bailleurs sociaux ; et favoriser l’accession à la propriété des couches sociales dites intermédiaires, en réalité aisées selon les critères définis dans cette charte. Pour certains cercles de la majorité gouvernementale, il faudrait même considérer les logements « intermédiaires » comme des logements sociaux, et les faire entrer dans les logements décomptés par la loi SRU : un détricotage cynique de cette loi, marginalisant encore plus le locatif social.

Cette accession est dite « libre abordable » ou « maîtrisée ». Elle n’est pas nouvelle dans les préoccupations de la CAPB, principalement à Bayonne, y compris au niveau du Plan Local de l’Habitat adopté en 2021. Avec la charte présentée au conseil communautaire, cela devient la priorité des priorités.

Les débats du Conseil communautaire

Près d’une heure de débats ont été nécessaires pour son adoption par 131 pour, 5 contre et 82 abstentions. Avec trois positionnements sur la charte. Le débat se situe entre 1h 04’ et 1h 56’ de la vidéo du Conseil, https://www.youtube.com/watch?v=JpCETP365lc

Bil Gaiten

Sans respecter complètement l’ordre chronologique, le premier positionnement est celui du groupe Bil Gaiten qui regroupe les Abertzale de gauche au sein du Conseil. Sa position est exprimée d’emblée par Philippe Aramendi, maire d’Urrugne (https://www.youtube.com/watch?v=JpCETP365lc entre 1h 8’ 52’’ et 1h 21’ 20’’), puis répétée par Eneko Aldana-Douat, maire de Ciboure. Le groupe propose deux amendements, sur des points importants mais qui ne sont pas le coeur de la charte : la limitation à 60 % de la proportion de logements sociaux dans les opérations comportant du « libre abordable », et la possibilité d’y conserver 5 % de résidences secondaires. La suppression de ces deux items ayant été refusée, le groupe Bil Gaiten s’est abstenu.

Mixel Esteban

Le deuxième positionnement a été celui de Mixel Esteban, EELV, mettant en lumière l’alignement dans cette charte sur les intérêts des promoteurs. Son intervention se situe dans le créneau 1h 21’ 25’’ et 1h 29’ 25’’ de la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=JpCETP365lc

La charte est un amalgame entre la crise du locatif social et la relance du marché immobilier. Il s’est demandé quelle est la principale demande de logements, quand il y a 11 593 demandes de location sociale fin 2022 au Pays basque. Quelle est la demande réelle d’achat, surtout dans le privé libre, même baptisé abordable pour partie ?

La première partie de la charte définit les conditions d’achat (en VEFA ou SDP) de logements privés pour en faire des logements sociaux : difficile de penser que cela répond à la crise du logement social. La seconde partie définit les plafonds pour avoir droit à de l’accession abordable. Mixel Esteban a mis en lumière les revenus réels correspondant à ces plafonds. La vérité des chiffres est cruelle : les couches modestes sont exclues de cette accession « abordable », je reviendrai sur ces plafonds dans la seconde partie de ce billet.

Pour ces logements, il est demandé une clause anti-spéculative sur 10 ans en cas de revente. Mais Mixel Esteban a fait remarquer que 10 ans, c’est court pour un investissement immobilier. Il y a plusieurs exemples d’explosion des prix après 10 ans, à Biarritz notamment. Cette clause est une faible protection contre la spéculation.

Dans la suite de cette intervention, Bruno Cendrès (Ustaritz) s’est appuyé sur les critères de revenus définis dans le rapport annuel sur les inégalités en France. Selon ces critères, les plafonds correspondent au mieux à des couches sociales définies comme aisées, si ce n’est riches.

La défense de la charte

Le 3e positionnement est celui des défenseurs de la charte. D’abord Roland Hirigoyen, le vice-président en charge du dossier, qui a présenté la délibération d’une manière confuse, puis a apporté une fin de non recevoir à la demande d’amendements la charte été discutée pendant 18 mois, avec nombre de réunions préparatoires. On ne peut remettre en cause ce consensus. Il a plaidé pour le besoin de recourir aux promoteurs pour développer la location sociale… Il a osé affirmer que trop de logements locatifs sociaux favorisait la spéculation immobilière en laissant le champ libre au marché.

Un positionnement partagé par différents intervenants venus à sa rescousse, notamment Claude Olive, maire d’Anglet, Maïder Behoteguy, maire de Bardos, et Emmanuel Alzuri, maire de Bidart.

Claude Olive, qui a aussi la casquette de président de l’Office 64 du logement (le bailleur départemental) s’est plaint d’être assailli de demandes venant de toute la France, ce qui gonflerait artificiellement, selon lui, les chiffres sur la liste d’attente. Il faut trier dans les demandes : qui est ici ? Qui travaille ici ? Qui veut venir ici ?

La charte permet de réguler le marché, à un moment où, comme bailleur, il n’arrive plus sans aide renforcée à produire du logement locatif social. La charte est, pour lui, une aide pour les parcours résidentiels, permettant de quitter la location pour l’accession.

En conclusion, le Président Jean-René Etchegaray fait passer au vote, affirmant que la charte n’est qu’une étape, qu’un travail excellent a été fait, et qu’on demande beaucoup aux promoteurs. Fermer le ban.

La charte, plus en détails

Classiquement pour nos élu.e.s, la charte commence par une référence à l’attractivité du Pays basque (une sorte de loi naturelle) dont une des conséquences est la « tension sur le marché immobilier » qui « pénalise les ménages les plus modestes, mais aussi les actifs aux revenus moyens ». Ce qui est aggravé par l’augmentation des coûts de construction. On peut noter que rien de tout cela diffère d’autres régions.

La référence essentielle est celle du PLH, adopté en octobre 2021, qui prévoyait des objectifs de construction chaque année : 800 logements locatifs (très sociaux et sociaux) et 400 locatifs et en accession (BRS) pour classes moyennes. Sans précision chiffrée, était affirmé de manière général l’objectif de développer des logements « abordables ».

L’article sur les tribulations du PLH à Bayonne : https://lepimentbayonnais.wordpress.com/wp-admin/post.php?post=251&action=edit&calypsoify=1&block-editor=1&frame-nonce=4427d59716&origin=https%3A%2F%2Fwordpress.com&environment-id=production&support_user&_support_token

Problème : nulle référence au bilan du PLH, où est pourtant apparu dès 2022 un déséquilibre entre le locatif et le BRS. Les chiffres de 2023 ne sont pas publiés, mais on peut supposer que ce déséquilibre s’est accentué, avec une marginalisation plus grande du locatif. Selon les secteurs du Pays basque, 20 % de locatifs très sociaux sont programmés à l’intérieur, 30 % sur le littoral et le rétro-littoral (avec l’exception de Bayonne : 25 % seulement).

Autre référence, les obligations concernant le nombre de logements sociaux figurant dans les PLU. Avec une grande diversité : un seuil de 4 à 20 logements, un taux de mixité de 25 à 70 %. Bayonne étant une des communes les plus timorées.

Les objectifs de la charte sont détaillés pour chacune des parties prenantes :

– bailleurs sociaux : répondre aux attentes de manière compatible avec « les équilibres économiques », tout en « préservant leur savoir-faire interne en matière de maîtrise d’ouvrage ».

– promoteurs : limiter l’emballement foncier qui pénalise les logements en libre accessible et bloque les parcours résidentiels.

– communes : encourager le dialogue pour avoir un parc de logements correspondant aux besoins et revenus des habitants.

De manière générale, et c’est le maître-mot, on parle de « complémentarité » entre le social et l’offre privée accessible, ce qui correspond aux deux parties de la charte.

1- Les logements sociaux

Pour les équilibres économiques, les opérateurs privés sont encouragés à vendre aux bailleurs pour la réalisation de logements sociaux, équilibre économique oblige, soit en VEFA (vente en l’état futur d’achèvement), soit en SDP (surface de plancher). Avec un engagement des promoteurs : au-delà de 1000m2, la vente en SDP est « favorisée » par rapport à la vente en VEFA, préservation du savoir-faire interne oblige.

Dans les deux tableaux qui suivent, sont présentés les prix plafonds de ces ventes, pour le locatif et pour le BRS.

Dans les deux cas, la question se pose : d’où viennent ces chiffres ? Ils ne sont pas sourcés, et ils n’ont pas été argumentés par le rapporteur. L’opacité règne. Des pièces complémentaires auraient été indispensables pour un vote « éclairé » du conseil.

2- Les cibles du logement abordable

Les tableaux suivants parlent d’eux-mêmes. Chacun peut faire le calcul sur le revenu mensuel auquel cela correspond. Par exemple, 4660 euros pour une personne seule en zone A. Vous avez dit couche intermédiaire ? Et l’accessibilité des prix de vente ?

C’est dans cette partie que figurent les points soulevés par Mixel Esteban (« la vente de ces logements devra être assortie d’une clause anti-spéculative de 10 ans »), et les deux demandes d’amendement faites par Bil Gaiten :

– pour les opérations qui ne sont pas réalisées sur du foncier communautaire, « les promoteurs privés s’engagent à ne pas commercialiser plus de 5 % des logements en vue d’une occupation en résidence secondaire ». Ce qui, comme remarqué lors du Conseil, n’est pas cohérent avec le soutien à la campagne « stop aski » contre les résidences secondaires.

– demande de suppression de la limite de 60 % qui figure dans la phrasealambiquée suivante : « produit complémentaire de l’offre actuelle, il est retenu de développer l’accession libre abordable dans les opérations comportant au maximum 60 % de logements sociaux et sur 50 % maximum de la part du libre ». Si l’on comprend bien, on encourage les promoteurs à ne pas trop mélanger le social et le libre, et à privilégier le libre libre au libre abordable. Que c’est généreux.

3- Et encore

Une très courte dernière partie porte sur la qualité d’usage des logements libres ou sociaux. Elle fixe la surface habitable minimale selon la typologie des logements. Elle encourage encore le recours à des matériaux « innovants » pour réduire les charges d’énergie (ce qui est minimaliste sur la transition énergétique ». Elle encourage enfin les « produits innovants » pour tenir compte des évolutions sociétales : décohabitation, familles recomposées, mobilité professionnelle, télétravail… Courage donc.

Opacités

La charte est sans nulle doute un bel objet de communication pour le Président de la CAPB et ses principaux responsables. Mais, dans l’opacité due à l’absence de données chiffrées sur la situation réelle en matière de logement et d’attentes des habitants, on ne peut que s’interroger sur sa portée véritable : fixation des prix de vente aux bailleurs, bilan du PLH, répartition des demandes de logement, quels segments de la population sont réellement concernés par cette politique ?

On peut se demander aussi quelles sont les contreparties obtenues par les promoteurs ? Une facilité pour placer aux bailleurs sociaux leurs invendus, actuels ou potentiels, compte tenu de la crise de l’immobilier ? On peut admettre que c’est sans doute du gagnant-gagnant.

Mais cette contrepartie leur est-elle suffisante ? On aimerait en savoir plus sur la vente du foncier communautaire (incluant celui qui transite par les bailleurs). Là encore les données manquent, du moins publiquement.

Une charte, ce n’est pas un engagement qui a valeur juridique. C’est tout au plus un engagement moral, un catalogue de (bonnes?) intentions. En matière de communication, c’est une déclaration d’amour de la CAPB pour les classes intermédiaires et les promoteurs. Vous avez dit attractivité ?

Patrick Petitjean, 25 mars 2024

GarbiAir, arbre en métal, gouffre à euros

Planter l’équivalent d’une cinquantaine d’arbres d’un coup, pour capter 30 % des émissions des gaz à effet de serre au pied du pont rouge à Bayonne. C’est ce que la communication de la CAPB voudrait nous faire croire en installant un arbre… en métal capable de réaliser cet « exploit ».

Ou bien est-ce une esbroufe, un gadget tellement ridicule, dont on peut se demander s’il n’est pas contre-productif en matière de communication municipale.

Transition écologique à toute vapeur

Cet arbre, nommé GarbiAir a été installé début janvier près du pont rouge, qui voit défiler près de 50 000 véhicules chaque jour. Avec donc une pollution considérable malgré le côté venteux de l’estuaire. Il a fait l’objet remarques ironiques lors du dernier conseil municipal, soulignant le manque de mesures de la pollution atmosphérique à cet endroit.

photo AVAP

L’association Aller en vélo, aller à pied (AVAP), a retrouvé deux autres projets semblables datant de 2017, à Paris (carrefour Alésia) et à Poissy, sans que des bilans en aient été tirés.

https://avap-pbsl.blogspot.com

Mais ce projet est différent, il est basque : la start-up « Bromalgue » est située à Barakaldo, au Pays basque sud. Un autre arbre à carbone est situé à Bilbao. Côté nord, c’est la société E.T.C International, située à Saint Pée sur Nivelle, qui promeut le projet, avec la CAPB. Un étudiant en licence du lycée professionnel de Saint-Pée procédera aux relevés réguliers. Lors de l’inauguration, nos élu-e-s étaient en admiration devant cette expérimentation, devant cet esprit innovant. Cette expérimentation devrait durer plusieurs mois, jusqu’à l’été. Et ils n’ont pas lésiné sur les moyens. L’arbre métallique est co-financé par le Gouvernement basque (50 000 euros) et la CAPB (49 000).

L’argent de nos impôts ne saurait être mieux utilisé.

inauguration

Comment ça marche

La fonction de cet arbre moderne est de capter la pollution. Une perspective en phase avec le techno-solutionnisme : capter, pour éviter de réduire.

Cet « arbre » dispose d’une cuve d’eau douce, où des microalgues sont cultivées : elles captent leCO2, pour en rejeter de l’oxygène. C’est le processus que fait naturellement un arbre.

« Évidemment, cela ne remplacera jamais de véritables arbres, mais cela peut venir aider à baisser les émissions mondiales de GES dans certains endroits », estime la biologiste à l’origine du projet. Rien que çà : verra-t-on des forêts métalliques dans le monde entier ?

Et le bilan carbone de l’arbre lui-même ?

Pour ce que deviennent les micro-algues après capture du CO2, le sit de l’AVAP nous livre le schéma : la suite du cycle est bien moins vertueuse, avec le méthane, que son début.

capture écran AVAP

Et si on prenait au sérieux la transition écologique ?

Patrick Petitjean, 27 février 2024

Sortie d’hibernation pour le projet RDA

Depuis septembre, le projet « Rive droite de l’Adour » avait progressivement disparu des radars publics. En dehors de quelques posts sur le facebook officiel, de plus en plus rares d’ailleurs, rien. Puis, début février, 3 permanences mensuelles d’information sont programmées en février/mars/avril, puis une conférence sur le thème de l’Adour le 19 février.

Les comptes rendus des ateliers tenus dans la première phase sont sur le site de la CAPB. J’avais fait en septembre un décryptage de la page facebook officielle :

Depuis fin septembre, le rythme s’est ralenti, et les nouvelles informations ont tendu vers zéro.

Sur le facebook du 8 janvier dernier, l’équipe du projet avait présenté ses voeux, et annoncé : « Côté projet, trois scénarii d’aménagement seront étudiés par l’agence d’urbanistes GGAU afin de tendre vers une proposition de Plan guide, fin 2024 ».

« Côté concertation, une nouvelle conférence « Écho du projet » avec les citoyens sera organisée, au printemps, autour de la relation entre fleuve et quartier. Les trois scénarii d’aménagement seront débattus avec le public en vue d’évoluer vers le Plan guide. Ce dernier sera enfin porté à l’attention du public lors d’un nouveau temps de dialogue en 2025« .

Questions et réponses lors des permanences

Les permanences visent à apporter des réponses aux questionnements. La première, le 10 février, a permis de renouer un fil interrompu depuis l’atelier « programmiste » du 13 septembre. Voici un pot-pourri des réponses apportées lors de la première.

Le silence ? Il est admis que le calendrier a été retardé de 4 ou 5 mois, les études ayant pris plus de temps que prévu. Le 30 avril sera présenté le plan guide et ses scenarii, comme annoncé sur le facebook. Une 2e date pour la discussion (une assemblée citoyenne?) est envisagée pour la fin juin. Ou plus tard.

L’étude sur la vulnérabilité face aux risques d’inondation, sur le moyen et long terme (réchauffement climatique, montée des eaux) ? Cette étude avait été annoncée au lancement du projet a aussi pris du retard : les résultats seront présentés aussi le 30 avril.A noter que, lors de la conférence du 19 février, le président-maire a ressorti sa motivation du choix de Güller-Güller pour l’étude du plan-guide en localisant cette agence à Amsterdam, terre inondable s’il en est. Güller-Güller est une agence suisse, de Zürich, qui a qu’une succursale à Amsterdam.

La future existence d’une telle étude ne peut que faire regretter que l’urbanisation du quai Bergeret à Saint-Esprit, le long de l’Adour, ne se soit faite à l’ancienne, sans guère de précautions. L’accident meurtrier de grue de mars 2022 a quelque chose à voir avec cet aveuglement.

Le devenir du linéaire construit quai de Lesseps ? Pas encore défini. Il faudra tenir compte du parcellaire (qui reflète l’ancienne activité agricole et la fonction portuaire ancienne des entrepôts), de l’état des immeubles, de l’avis de l’architecte des bâtiments de France, etc.

Où en est Plateau Urbain ? Un billet avait été consacré à cette coopérative le 25 juin.

Le marché, passé au printemps 2022 était intitulé « définition d’un projet d’occupation transitoire sur le site du projet RDA ». Rappelons que pendant le travail de Plateau urbain, un des immeubles du quai de Lesseps avait été squatté par un collectif de jeunes basques, dont les objectifs cochaient toutes les cases de l’urbanisme transitoire. Mais les conceptions verticales du président-maire ne s’accommodent pas des initiatives « de la base », et le collectif a été expulsé. Depuis, l’immeuble est vide.

Leur intervention devait déboucher sur la définition des intentions stratégiques secteur par secteur, bâtiment par bâtiment, avec la présentation de plusieurs scénarios d’orientations. Elle devait se conclure par un atelier de « définition de l’occupation temporaire avec les parties prenantes ».

Un nouveau marché ayant été passé avec Plateau urbain cet été 2023, j’ai demandé au Président de la CAPB communication des résultats de ce marché, payé avec les impôts des habitant-e-s. Refus : « Cette étude, à caractère préparatoire, dont les pistes programmatiques ne sont pas stabilisées, n’est pas communicable en l’état ».

Par contre, comme pour le premier, le marché m’a été communiqué. Il s’agit d’une « étude de faisabilité de l’occupation transitoire pour trois immeubles de logements quai de Lesseps » d’un côté et de l’autre « pour l’ancienne biscuiterie ». L’étude devant se conclure par une feuille de route pour les deux sites. Le tout pour 25 740 euros TTC, le même ordre de grandeur que le premier marché.

On peut dire que cela se stabilise… peut-être. On attend le rendu. Le 30 avril également ?

L’acquisition du foncier ? Le projet s’étend sur 17 ha, mais tout est loin d’être propriété de la CAPB et de l’EPFL. La friche Duprat (avec plusieurs constructions dont un ancien entrepôt) fait toujours l’objet d’un contentieux entre l’État et l’entreprise Duprat. Elle sera rachetée à l’État après son règlement. La SNCF possède 3,2 ha le long des voies ferrées. Un accord de principe est acquis pour les racheter. Condition : la SNCF doit récupérer un site « technique » (une base pour travaux et maintenance) équivalent de celui qui existe actuellement. Cela fait l’objet d’un cahier des charges très précis. Le futur site devra se trouver le long de la voie Nord-Sud, (possiblement après le pont sur la Nive) et facilement accessible. C’est en phase d’études.

L’état des sols, l’existence de plaine terre, pour évaluer l’artificialisation potentielle ? L’étude reste à faire. A première vue, il y aurait du remblai partout, même si la végétation a repris.

Le futur zonage au PLUi en cours d’élaboration et son articulation au projet ? En attente des avancées du PLUi.

Le calendrier ? Il reste à définir, sauf pour deux engagements « urgents » de la CAPB qui devront voir le jour en 2027 :

– un campus universitaire, programmé au contrat de plan Etat/Région, avec une école de management et 200 logements pour étudiants

– un pôle social, notamment pour reloger le Point Accueil Jour et la Table du Soir, déjà « en provisoire » sur l’emprise du projet. Dans un bâtiment pérenne en dur.

Quant à la localisation précise de ces deux constructions, elle reste à définir

La conférence du 19 février

Le public était encore nombreux, avec une salle presque pleine. A l’entrée, le conseil municipal délégué aux relations avec les conseils de quartier, local aussi de l’étape, Joseba Erremundeguy donnait l’impression d’être déjà en campagne électorale et « serrait des louches ».

La conférence était évidemment intéressante, sur l’histoire des relations de Bayonne avec l’Adour (Sophie Lefort) et sur les paysages de Bayonne vus de l’Adour, les usages des berges, les perceptions différentes du fleuve selon l’endroit (Alexandre Daguerre). Avec pour ligne directrice de s’appuyer sur l’histoire de ces perceptions pour renouveler la place du fleuve dans l’aménagement de la ville.

C’est très beau, et il n’est jamais trop tard pour rompre radicalement avec ce qui a été fait avec Marinadour rive gauche et la bétonisation d’une grande partie du quai Bergeret rive droite.

Il faudra encore attendre pour voir si la CAPB, aidée par l’agence Güller-Güller, a vraiment changé son logiciel, en mettant en application ces belles idées, et en s’appuyant sur la « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN) et la décarbonation pour structurer le projet. Ou si elle gardera l’héritage d’une vision dépassée de l’aménagement, modifiée à la marge, et ne mobilisant que des éléments de langage, pas des politiques concrètes.

Des réalisations en ce sens existent déjà dans plusieurs villes, comme en témoignait un dossier dans Libération ce 17 février : « l’architecture explore ses pistes vertes ». Il n’est pas sur que les exemples présentés lors de la soirée du 19 février aillent dans ce sens, au-delà de déclarations d’intention.

Patrick Petitjean, 20 février 2024