
Le 11 février prochain 3 défenseurs de la terre nourricière seront jugés à Bayonne suite à une action collective de protestation lors du Conseil municipal de Cambo le 10 avril 2024, protestation face au refus du maire de Cambo de tout dialogue sur le dossier Marienia, ces terres agricoles qu’il veut urbaniser avec Bouygues. Un rassemblement de soutien est organisé à 13h devant le tribunal.

« Nous sommes tou.tes des défenseur.es de la terre nourricière»
Sur la lutte pour préserver les terres agricoles de Marienia, plusieurs billets ont déjà été publiés sur ce blog. Notamment à la suite d’une grande manifestation le 25 mai dernier.

Le CADE (collectif des associations de défense de l’environnement) et le syndicat agricole ELB notamment ont lancé un appel à se mobiliser pour le procès, reproduit ci dessous :
(…) Brutalement interpellés le 2 octobre 2024, pour deux d’entre eux, Felipe et Benjamin, chez eux à 6 heures à leur domicile, le troisième, Patxi, lors du rassemblement de protestation contre les arrestations du matin, ils ont été emmenés menottés à la gendarmerie et gardés à vue jusqu’au soir après comparution devant le procureur.
On les accuse d’avoir participé à cette action de protestation. On essaie également de leur faire porter le chapeau de prétendues violences à la fin de ladite action ainsi que de la dégradation du parquet de la salle municipale…
Cette action se situait dans le cadre d’une dynamique collective large, entamée depuis 2014, réunissant les agriculteur-trices et des personnes concerné.es par le sujet fondamental de la préservation des terres. Depuis dix ans, des associations, partis, syndicats, paysan-ne-s et habitant-e-s ont organisé de nombreuses initiatives pour protéger les terres de Marienia.
Rappelons ainsi que le 7 décembre dernier un rassemblement était organisé par les signataires de ce communiqué pour soutenir la démarche de dizaines d’élu.es de la Communauté Pays Basque pour l’obtention d’un débat public au sein du Conseil communautaire qui devra déboucher sur des solutions, pour Marienia mais aussi plus largement pour la préservation des terres agricoles.
Dans le contexte actuel de catastrophes écologiques – catastrophes dues au changement climatique, à la disparition de la biodiversité, etc – la lutte de Marienia est emblématique et fondamentale. Il est vital de stopper l’artificialisation des espaces naturels et de préserver les terres nourricières, outil de travail des paysan.nes, aussi bien pour l’alimentation de tou.tes que la préservation du vivant en général.
Le procès du 11 février prochain sera une étape importante dans ce combat. Plutôt que s’attaquer au problème de fond, les autorités choisissent de criminaliser les défenseur.es de la terre. Nous rappellerons que ce combat est collectif et au nom de l’intérêt général.
Le 11 février, c’est une mobilisation importante que nous devons réaliser. Nous faisons appel aux personnes, associations, partis à se mobiliser ce jour-là, pour signifier ensemble : « Nous sommes tou.tes des défenseur.es de la terre nourricière»
Cade, ELB, Lurzaindia, Nahi Dugun Herria, OSTIA

Criminalisation des mouvements écolos
Dans un contexte politique où, en Europe comme ailleurs, la droite et l’extrême-droite ont le vent en poupe, plus les effets du réchauffement climatique se font sentir, plus les mouvements écolos servent de boucs-émissaires. L’offensive est politique et juridique, contre les normes et le plan vert européen. Mais aussi policière, avec les procès à répétition contre les militant-es de « Bassines non merci ». Il n’est pas de région qui ne connaisse son procès contre des « écoterroristes ».
Mais cette répression n’a nulle part en Europe atteint un niveau aussi élevé qu’au Royaume Uni : 5 activistes de « Just Stop Oil » ont été condamnés à 4 ou 5 ans de prison ferme simplement pour avoir participer à une réunion zoom de préparation du blocage d’une autoroute en juillet 2024. Avec une dizaine d’autres activistes emprisonné.es, leurs appels contre ces jugements sont passés devant un tribunal les 29 et 30 janvier derniers. Résultat en attente.
Juste à côté de chez nous, en Navarre, dans la vallée du Baztan, les habitants luttent contre un projet spéculatif touristique avec golf, hôtel de luxe et plus de 200 villas. Une vallée de petits villages, d’un bourg et de terres agricoles, dont 40 ha seraient artificialisées. Lors d’un rférendum, les habitants ont massivement refusé le projet. En 2021, un campement avait bloque durant 13 jours l’ouverture des travaux. 7 activistes sont convoqué.es devant le tribunal de Pampelune en mai prochain.
Au total, 20 ans de prison et 56 000 euros d’amende sont requis pour “délits graves de violence et de coercition” et “d’appartenance à une organisation criminelle”.
Pour protester contre cette convocation une manifestation le 1er février a réuni 18 000 personnes, dont des délégations venant de ce côté du Pays basque.

Patrick Petitjean, 8 février 2025