Déforestation à la citadelle. Plus que quelques jours pour réagir

Il reste moins d’une semaine – jusqu’au 20 septembre 17h – pour donner son avis lors de l’enquête publique concernant les aménagements projetés dans l’enceinte de la Citadelle Bergé. L’armée refuse un débat public sur la déforestation de 1,43 de forêt urbaine. Le CADE, ATTAC et le Collectif 22-Bergeret (Saint Esprit) donné le 12 septembre une conférence de presse pour appeler les habitants à refuser ce projet, en son état actuel.

Ci-après, voici le texte remis aux journalistes qui fait la synthèse des principales critiques contre ce projet.

Conférence de presse du 12.9.24, CADE, ATTAC et Collectif 22-Bergeret

L’enjeu

Il y a un fort enjeu : disparition d’un morceau de forêt urbaine (1,43 ha, ce n’est pas rien, une perte sèche malgré l’alibi d’un reclassement), et biodiversité (destruction d’habitats d’espèces protégées). Un poumon vert et un élément de modération des températures : nous déplorons cette amputation.

Cet enjeu est à la fois micro-local, dans l’enceinte de la citadelle, local pour la CAPB (il n’y a pas tant de forêt urbaine), et global (lutter contre la crise climatique et la perte de la biodiversité doit s’enraciner dans des situations concrètes, dont l’affaire de la citadelle est un exemple)

Le débat public escamoté

Nous nous attendions, et nous le souhaitons encore, à un débat public à la hauteur de cet enjeu, qui ne se limite pas aux riverains de la citadelle.

Mais : Une enquête publique discrète, pas de réunion publique d’information, pas de consultation des élus, pas de visite du site.

Nous avons fait ces demandes à la commissaire enquêtrice dès sa première permanence. Sans réponse. Plusieurs élus ont écrit de leur côté au Président de la CAPB pour lui demander une visite du site avec les associations

La recherche d’alternatives

La recherche d’alternatives, en matière de localisation des différents aménagements est un point central pour une demande de de déforestation et pour une demande de dérogation à la protection de certaines espèces. Le dossier passe sur ce point en 1/2 page et quelques généralités peu détaillées (la topographie par exemple).

Il nous semble que la réflexion sur une possible utilisation du site de la base navale Adour pour le bâtiment de commandement de la compagnie SAS Nautique aurait, par exemple, mérité plus d’attention.

La non-recherche d’alternatives doit conduire à un rejet du dossier.

Boisements

Le dossier manque des chiffres précis : quelle est la surface totale initiale (classée et non-classée) ? Quelles sont les surfaces non imperméabilisées, etc. Nous nous interrogeons sur la flexibilité de la surface à déboiser : passée de 2,45 ha à 1,43 ha, mais pourquoi ne pas aller plus loin dans la réduction ? – Sur la capacité à trouver 2,76 ha supplémentaires de bois à classer, et pas plus.

Gestion des eaux pluviales

Un projet exemplaire aurait recours à des solutions innovantes, comme de la désartificialisation, de la densification. Et particulièrement une gestion écologique des eaux pluviales, basée sur les zones humides et l’infiltration, comme l’Institution Adour (SAGE) le recommande… pour l’avenir.

Analyses complémentaires

– Nous souhaitons qu’une analyse initiale bactériologique soit effectuée sur la sortie de l’exutoire Adour, à marée basse au lendemain d’un épisode pluvieux.

– Nous souhaitons qu’une véritable étude sur les corridors de bruit soit réalisée

– Nous souhaitons que le suivi des mesures adoptées pour la flore et la faune soit régulièrement effectué par l’Office français de la biodiversité et que des communications soient publiées.

Nous souhaitons que les habitant.e.s prennent la parole pour cette enquête.

– Sur le registre papier du dossier d’enquête à la mairie de Bayonne (Urbanisme)

– Auprès de l’enquêtrice qui tient sa dernière permanence le 20 septembre à la mairie de Bayonne.

– Par courriel prefamenagement@pyrenees-atlantiques.gouv.fr (à l’attention de l’enquêtrice)

– Par courriel auprès du Collectif 22-Bergeret : 22bergeret@riseup.net

Et aussi

Mon billet précédent faisait une lecture critique plus détaillée du dossier d’enquête :

Le dossier d’enquête est accessible sur le site de la ville :

ici https://www.bayonne.fr/ma-mairie/enquetes-publiques-et-concertations

A la suite de la conférence de presse, un officier et le maire de Bayonne ont réagi dans le journal Sud Ouest du 13 septembre.

Le lieutenant-colonel Michel Charette, conseiller infrastructures au sein du régiment d’élite, évoque une procédure qui suit son cours. « Le projet qui est présenté est mûri depuis 2016 et a été amendé à plusieurs reprises. Nous avons tout fait pour que l’impact environnemental soit le plus réduit possible », assure celui qui suit le dossier de près.

Il rappelle que le dessein a fait l’objet d’une concertation préalable du public, début 2024. Certaines des opérations envisagées demandant une mise en compatibilité du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi). « Nous sommes soumis aux mêmes règles d’urbanisme qu’un propriétaire lambda. »

Néanmoins, le centre d’entraînement des forces spéciales étant identifié comme un « point d’importance vitale », celui-ci est dispensé de certaines « démarches ». L’organisation de réunions publiques pour informer le voisinage, en fait partie.

« Le projet envisagé est une opération d’intérêt national, il est donc dérogatoire au droit commun. C’est l’État, et lui seul, qui a la main sur cette opération. La Communauté d’agglomération Pays basque et la Ville de Bayonne ne sont là que pour émettre un avis », expose le maire et président de l’Agglo, Jean-René Etchegaray. Le Conseil municipal devrait rendre le sien, d’avis, au terme de la procédure légale. Toutefois, l’action de la municipalité n’aurait pas été neutre. « Son rôle a été de minimiser l’impact sur les surfaces boisées classées », relève l’édile. De 2,5 hectares, la surface à raser serait ainsi tombée à 1,5 hectare.

Patrick Petitjean 13 septembre 2024

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